Open Data sur les données de transport : le gouvernement refuse de revoir sa copie
Datastrophe
Le 10 juillet 2015 à 14h06
5 min
Droit
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Après des mois de débats, l’Assemblée nationale a définitivement adopté cet après-midi le projet de loi Macron, pour la troisième fois grâce au « 49 - 3 ». Le gouvernement n’a cependant pas jugé bon de retenir les quelques amendements qui avaient été déposés en matière d’ouverture des données de transports. C’est donc une version pas toujours très favorable à l’Open Data qui a été retenue par le législateur...
L'exécutif refuse tous les changements, même rédactionnels
Lecture définitive oblige, la marge de manœuvre des députés était d'entrée bien faible. Ceux-ci devaient se prononcer sur le texte adopté non pas par le Sénat la semaine dernière, mais par leurs soins en nouvelle lecture, le 18 juin. Autre particularité de la procédure législative : ils ne pouvaient déposer que des amendements précédemment votés par les sénateurs.
À l’approche des débats d’hier, les rapporteurs avaient de ce fait repris une poignée d’amendements adoptés par le Sénat sur l’article 1er quater de la loi Macron, celui introduit en janvier par les députés afin de contraindre les opérateurs de transports publics à ouvrir leurs données (relatives notamment aux horaires et aux arrêts). Au programme : essentiellement des modifications d’ordre rédactionnel, pour préciser par exemple que les « services de mobilité » visés par ces nouvelles obligations sont ceux d’autopartage, de covoiturage et de vélos en libre service tels que définis dans le Code des transports.
Sauf qu’hier, Manuel Valls a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement sur la base d’un texte écartant tous ces amendements, dès lors considérés comme « tombés ». Autrement dit, la version définitivement adoptée par le Parlement est très exactement celle votée il y a un peu moins d’un mois par l’Assemblée nationale (voir notre article).
Rappelons-en le dispositif. Il est tout d’abord prévu que les personnes assurant des services réguliers de transport public de personnes (SNCF, RATP, compagnies aériennes...) et des services de mobilité soient tenus de diffuser « librement, immédiatement et gratuitement » différentes données « dans un format ouvert » :
- arrêts,
- tarifs publics,
- horaires planifiés,
- horaires en temps réel,
- accessibilité aux personnes handicapées,
- disponibilité des services,
- incidents constatés.
Ces dispositions pour le moins ambitieuses s’appliqueront dès qu’un décret en Conseil d’État en aura fixé les modalités précises de mise en oeuvre. Il est d’ores et déjà prévu que celui-ci soit publié « au plus tard trois mois » après la promulgation de la loi Macron.
Le gouvernement offre une belle porte de sortie aux transporteurs
Mais où est donc le problème ? Le même article offre une belle échappatoire aux transporteurs... Il est en effet précisé que toutes ces sociétés seront « réputées remplir leurs obligations » si elles choisissent d'adhérer à des « codes de conduite, des protocoles ou des lignes directrices ». Des documents établis par leurs soins et « rendus publics », même s’ils devront être homologués par les ministres des transports et du numérique.
En optant pour ces sortes de chartes, les signataires seront théoriquement en mesure de contourner les grands principes posés initialement par la loi Macron, puisqu’ils pourront définir un « délai raisonnable » pour la diffusion de leurs données de transport, ou bien encore prévoir des « dérogations au principe de gratuité à l’égard des utilisateurs de masse » – ce qui signifie que des redevances continueront potentiellement à être réclamées par les diffuseurs... On serait ainsi bien loin de la « réutilisation libre, immédiate et gratuite » pourtant imposée à ceux qui n’adhéreront à aucun code de conduite.
Les rapporteurs avaient bien repris l’amendement sénatorial nuançant légèrement ce dispositif à deux vitesses (en prévoyant que toute personne soumise à ces nouvelles obligations pouvait, « pour les remplir, adopter ou adhérer à un protocole rendu public »), mais le gouvernement a décidé de le faire tomber, comme nous l’avons expliqué précédemment.
Le plus curieux dans cette histoire est que lors de la nouvelle lecture devant l’Assemblée nationale, le gouvernement avait proposé un amendement introduisant cette notion de chartes, mais il n’était alors aucunement question de redevances ni de « délai raisonnable » pour la diffusion des données (voir son amendement). Suite à l'engagement du 49 - 3, il avait ensuite sélectionné un amendement du rapporteur ajoutant tous ces petits détails, sans jamais s’en expliquer à ce jour... Interrogés à ce sujet par nos soins, les services d’Emmanuel Macron n’ont pas souhaité répondre à nos questions.
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L'exécutif refuse tous les changements, même rédactionnels
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Le gouvernement offre une belle porte de sortie aux transporteurs
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 10/07/2015 à 15h31
Il me semble avoir lu que la droite comptait envoyer cette loi au Conseil Constitutionnel. Elle n’est pas prête d’être appliquée.
Le 10/07/2015 à 17h31
Belle occasion ratée…
Le 10/07/2015 à 19h28
Chartes, pactes, codes de conduite, juré craché, la main sur le cœur tant qu’on y est… .
Quel gouvernement de pantins mollassons.
Le 11/07/2015 à 00h53
A quoi bon des données de transport quand aucun de ces transports n’est capable de respecter les horaires. Quand je vivais en France je n’ai jamais eu un seul bus a l’heure et depuis que je vie a l’étranger je suis sur le cul, c’est a l’heure pile, comme indiqué sur le tableau.
Le 11/07/2015 à 06h53
Exact, reste à voir quels points seront abordés dans la saisine en question…
Le 11/07/2015 à 07h30
Tu ne dois pas être en Belgique alors (SNCB, TEC, …) ;)
Le 11/07/2015 à 11h54
Le 11/07/2015 à 14h30
Le TEC de Liège, que de “bons” souvenirs :‘-)
Le 12/07/2015 à 05h50
Je ne peux dire si c’est pire vu que je n’ai jamais utilisé les transports en commun français mais pour ne pas se fâcher on va dire que c’est la même chose ? ^^
Le 12/07/2015 à 05h51
Monsieur est connaisseur ? ceusses de ma bonne ville de Charleroi ne sont “pas mal” non plus ;)
Le 15/07/2015 à 07h58
J’ai vécu à Liège un peu plus d’un an, j’ai eu la joie de pratiquer le TEC quotidiennement (quand celui-ci ne faisait pas grève " />). Et j’ai aussi eu le bonheur de connaître les grèves sauvages de la SNCB, pendant la période de Noël… J’admets que là, ils ont fait plus fort que la SNCF " />