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Santé mentale des adolescents : TikTok visé par une plainte de 14 États américains

Santé mentale des adolescents : TikTok visé par une plainte de 14 États américains

CC BY 2.0 Markus Winkler / Markus119

La semaine dernière, 14 procureurs généraux américains ont déposé plainte contre TikTok. Ils accusent le réseau de nuire à la santé mentale des jeunes utilisateurs, en plus de collecter leurs données sans leur consentement. Des documents émanant de TikTok reconnaitraient les craintes pour la santé mentale. TikTok fustige cette fuite et évoque des « document obsolètes ».

Le 14 octobre à 17h00

C’est une coalition bipartisane de procureurs généraux qui s’est attaquée à TikTok la semaine dernière, comme l'a rapporté NBC News. Ils représentent 14 États américains : Californie, New York, New Jersey, Oregon, Mississippi, Kentucky, Illinois, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Vermont, Massachusetts, Louisiane, l'État de Washington et Washington (district de Columbia). La plainte a été déposée auprès de la Cour supérieure de ce dernier.

« La plateforme TikTok, conçue pour créer une dépendance dangereuse, inflige d'immenses dommages à toute une génération de jeunes gens. En plus de privilégier ses profits au détriment de la santé des enfants, l'économie virtuelle non réglementée et illégale de TikTok permet aux plus sombres et aux plus dépravés de la société de s'en prendre à des victimes vulnérables », a déclaré Brian Schwalb, procureur général du district de Columbia.

La situation de TikTok aux États-Unis reste particulièrement floue. En l’état actuel, la société de droit américain, mais appartenant à la société chinoise ByteDance, doit fermer ses portes en janvier prochain, pour des questions de sécurité nationale. La plainte n’y fait pas référence, mais vient s’ajouter à une situation déjà très tendue pour le réseau social.

Tout de rose et de sucre

L’impact des réseaux sociaux sur la santé est documenté depuis longtemps, et pas uniquement sur les jeunes personnes. Le mois dernier, nous relations par exemple comment TikTok influence négativement l’image que les femmes ont d’elles-mêmes.

Selon la plainte, les jeunes sont pourtant plus exposés. Moins formés aux dangers des écrans et de l’enchainement des contenus, ils n’ont normalement pas le droit de diffuser en live (fonction interdite aux moins de 16 ans). Cependant, comme Forbes le remarquait déjà dans une enquête en 2022, il est complexe pour TikTok de vérifier l’âge de ses utilisateurs de manière fiable. Un problème que l’on a pu voir récemment avec les annonces de Meta sur le renforcement introduit dans Instagram, qui affirme que de multiples méthodes seront mises en œuvre pour s’assurer de l’âge.

Dans l’enquête, on pouvait lire qu’une jeune fille de 14 ans en bralette (soutien-gorge préformé sans armature) avait ainsi diffusé en live à plusieurs reprises. Elle avait reçu de nombreuses demandes d’inconnus durant l’un de ses streams, qui avait culminé à 2 000 spectateurs. Certains d’entre eux lui avaient proposé de l’argent pour obtenir des photos de ses pieds. Une autre, devant un public de 3 000 personnes, coupait lentement sa chemise. L’un des spectateurs lui avait proposé 400 dollars pour couper le soutien-gorge (elle ne l’a pas fait).

Les cas recensés par Forbes à l’époque mettaient en avant de jeunes utilisateurs et utilisatrices rapidement confrontés à l’incitation sexuelle. De jeunes filles se sont ainsi vu offrir de l’argent si elles s’embrassaient ou écartaient les jambes face à la caméra. C’est l’un des problèmes soulignés par la plainte : non seulement l’incitation sexuelle et la confrontation à de potentiels prédateurs, mais la manière dont l’économie virtuelle de TikTok est mise en place. Car les cadeaux payants que l’on peut faire à une personne qui diffuse sont affichés sous forme d’émojis conçus pour être « mignons », ours en peluche et autres friandises. Pour les plaignants, difficile de se rendre ainsi compte de ce qui se passe vraiment, tant pour les jeunes utilisateurs que pour leurs parents.

Dégâts sur la santé mentale

La jeunesse de la base utilisateurs de TikTok est constamment pointée du doigt par la plainte, qui met en opposition cet aspect et le manque de considération de la plateforme pour cet aspect particulièrement. Elle reproche notamment à l’entreprise de ne pas recueillir un vrai consentement face aux données qui seront partagées avec le réseau social.

Le cœur de la plainte vise cependant la santé mentale et les dégâts que TikTok peut provoquer, tout particulièrement chez les mineurs. La plainte cite divers documents et publications pour étayer son propos, dont l’enquête de Forbes en 2022.

On y trouve également un rapport de mai 2023 publié par l'administrateur de la santé publique des États-Unis, Vivek Murthy. Ce dernier tirait la sonnette d’alarme sur l’utilisation intensive des réseaux sociaux, vecteur selon lui d’anxiété, de dépression et de divers problèmes de santé mentale chez les adolescents américains. Le même Vivek Murthy avait écrit un édito dans le New York Times en juin dernier, dans lequel il suggérait qu’il fallait imposer un marquage de type « dangers du tabac » sur les réseaux sociaux.

Des allégations que TikTok réfute en bloc : « Nous ne sommes pas du tout d'accord avec ces affirmations, dont nous pensons que beaucoup sont inexactes et trompeuses. Nous sommes fiers du travail que nous avons accompli pour protéger les adolescents, nous y sommes profondément attachés et nous continuerons à mettre à jour et à améliorer notre produit », a ainsi affirmé un porte-parole.

La société a listé divers travaux entrepris, comme les « limites de temps de visionnage par défaut, le couplage familial et la confidentialité par défaut pour les mineurs de moins de 16 ans ». « Nous nous efforçons de travailler avec les procureurs généraux depuis plus de deux ans, et il est incroyablement décevant qu'ils aient pris cette mesure plutôt que de travailler avec nous sur des solutions constructives pour relever les défis de l'industrie », a ajouté le porte-parole.

TikTok savait

Quelques jours après le dépôt de la plainte, deux sites – NPR et Kentucky Public Radio – ont publié des extraits de certains documents joints à la plainte. Ces documents seraient internes à TikTok et démontreraient que l’entreprise savait l’effet que son réseau pouvait avoir sur son jeune public.

Les propres recherches de TikTok auraient montré que « l'utilisation compulsive est corrélée à une série d'effets négatifs sur la santé mentale, tels que la perte de compétences analytiques, la formation de la mémoire, la réflexion contextuelle, la profondeur de la conversation, l'empathie et l'augmentation de l'anxiété ».

Les documents montrent également que TikTok a testé des messages d’incitation à limiter le temps d’écran. Selon ses calculs, le temps moyen d’utilisation chez le public visé serait passé de 108,5 min à 107 min par jour. Pourtant, devant l’échec de l’outil, TikTok n’aurait pas revu sa copie.

« TikTok a été spécifiquement conçu pour être une machine à addiction, ciblant les enfants qui sont encore en train de développer un contrôle de soi approprié. Il suffit de peu de choses pour que nos enfants tombent la tête la première dans un monde numérique où règnent des normes de beauté irréalistes, l'intimidation et une faible estime de soi. Si nous ne demandons pas à TikTok de rendre des comptes, nos enfants en subiront les conséquences. Ce n'est rien de moins que leur santé mentale, physique et émotionnelle qui est en jeu », a déclaré Russell Coleman, procureur général du Kentucky.

Du côté de TikTok, on fulmine : « Il est extrêmement irresponsable de la part de NPR de publier des informations sous scellés. Malheureusement, cette plainte sélectionne des citations trompeuses et sort des documents obsolètes de leur contexte pour donner une fausse image de notre engagement en faveur de la sécurité de la communauté ».

Commentaires (5)

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manque un N
- - -˃ []
:bouletdujour:
votre avatar
PLUS DE "Q"
MOINS DE "N"
:mdr:
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"Du côté de TikTok, on fulmine :"

:mdr2:
votre avatar
« On diffuse à tour de bras des dessins animés japonais violents, qui n’ont même plus de scénarios… »
Il faut interdire le club Dorothée.

Nous sommes les jeunes d'hier, nous sommes les nouveaux vieux. Attention de ne pas nous offusquer trop vite de ce que nos parents (et avant cela nos grands-parents) considéraient à tord comme un poison.

Je ne dis pas que Tik Tok est une bonne chose. C'est tout l'inverse.
Mais dans les discours lus/entendus, j'entends des échos très "boomers".
(Et TikTok n'est que le dernier/le pire des réseaux, et pourtant c'est le seul qui subit les foudres... Tous les réseaux sont addictifs et néfastes si on suit la théorie jusqu'au bout.)

Je suis sur que la plupart seront en désaccord avec moi, tout ce qui m'intéresse c'est que l'on prenne tous un peu de recul dans nos jugements "pour sauver nos enfants des écrans".

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