En Chine, la start-up 01.AI lance un nouvel outil de productivité nommé Wanzhi. Similaire au Copilot de Microsoft, il s’agit du dernier d’une série de produits d’intelligence artificielle (IA) créé par l’entreprise, et du premier à destination du grand public.

Construit avant tout pour le marché chinois, Wanzhi fonctionne néanmoins en chinois et en anglais, et permet à ses utilisateurs de créer des tableurs et des présentations plus rapidement. Il permet aussi d’interpréter des rapports financiers et de résumer des textes longs, jusqu’à la taille de livres conséquents.

01.AI dévoile par ailleurs un nouveau modèle de langage, Yi-large, accessible aux professionnels par API.

La quête d’un « moment ChatGPT » en Chine

Auprès du Japan Times, le fondateur de 01.AI Kai-Fu Lee explique que les internautes chinois n’avaient pas encore eu leur « moment ChatGPT ». Selon lui, aucun des outils ou chatbots existants en chinois n'est « suffisamment bon » pour créer le même engouement que les technologies de l’Américain OpenAI.

C’est d’ailleurs pour participer à la tentative des entreprises chinoises de rattraper le retard pris sur la jeune pousse, ainsi que sur les géants Meta et Alphabet, qu’il a créé et pris la direction de 01.AI, en mars 2023. Au bout de huit mois, soutenue par le département cloud du groupe Alibaba, l’entreprise a atteint une valorisation d’un milliard de dollars.

En novembre, son grand modèle de langage (LLM) Yi-34B était rendu accessible en open source, en chinois et en anglais. Une manière de fournir une « alternative convaincante » au Llama 2 de Meta, déclarait alors Kai-Fu Lee. Dans le Wall Street Journal, il décrivait par ailleurs sa société comme une alternative à OpenAI « plus ouverte ».

Il prévoyait aussi le lancement d’un modèle comparable à GPT-4, prévision que Yi-Large pourrait remplir.

Kai-Fu Lee, un spécialiste de l’intelligence artificielle

À 62 ans, Kai-Fu Lee a toujours été intéressé par l’intelligence artificielle. Né à Taiwan, où il s’est avéré brillant en mathématiques dès le lycée, puis a étudié la programmation aux États-Unis, dans les universités de Columbia puis de Carnegie-Mellon. Dès cette époque, rapportent Les Échos, il écrivait dans ses lettres de motivation qu’il souhaitait se consacrer à la recherche en intelligence artificielle, « plus grande avancée pour l’humanité ».

Passé par Apple, Microsoft et Google, pour qui il a été le premier directeur de Google China, il a créé en 2009 le fonds d’investissement Sinovation Ventures. Il est aussi auteur de l’essai remarqué et débattu IA, la plus grande mutation de l’Histoire (Les Arènes, 2019), et d’AI 2041, Ten visions for our future (2021, non traduit).

Mis à part son entreprise, le géant Baidu s’est aussi lancé dans la course à l’intelligence artificielle générative avec son LLM Ernie. Alibaba a de son côté déployé un robot conversationnel et financé plusieurs entreprises similaires à 01.ai. Outre les questions financières, le soutien du géant passe aussi par la fourniture de puces nécessaires à l’entraînement des LLM de 01.ai.

Si la start-up a affirmé assez tôt avoir fait des stocks de GPU Nvidia pour parer aux limitations d’exportations états-uniennes, Alibaba lui a fourni une somme supplémentaire de processeurs H100 pour l’aider dans ses activités. 01.ai a complété son stock avec des processeurs H800, un peu moins puissants, toujours produits par Nvidia.