Lors de la dernière conférence Apple, Tim Cook a relevé que l’application française Molotov.tv serait d'abord sur Apple TV « en exclusivité ». Une excellente occasion pour interroger la start-up sur son plan de bataille.

Molotov.tv, « la télé réinventée » dixit le slogan maison, est une plateforme de distribution créée par Jean-David Blanc (fondateur d’AlloCiné), Pierre Lescure (fondateur de Canal+), Jean-Marc Denoual (ex-TF1) et Kevin Kuipers (AlloCiné, SensCritique). Elle veut fournir sur une page unique une centaine de chaînes de télévision, dopée par plusieurs fonctions avancées comme la recherche de thèmes, de personnes, etc. et surtout l’enregistrement dans le cloud des programmes en cours ou à venir. Un service adossé sur la redevance copie privée, qui s’ouvre donc à Internet grâce à la loi relative à la liberté de la création, laquelle termine son parcours parlementaire.

Molotov d’abord concentré sur la France

L’annonce de l’arrivée de l’application Molotov sur Apple TV, faite par Tim Cook en début de semaine, était un précieux indice sur ses aspirations internationales. Contactée, la direction nous indique cependant qu’ « à ce stade, nous nous concentrons sur le lancement de Molotov en France. L’application Molotov sera disponible dans les stores d'applications français en raison des contraintes de droits des chaînes TV que nous distribuons ». Du coup, « notre service sera équipé d’un système de geoblocking, conformément aux contraintes imposées par les chaînes, et leurs ayants droit. L’Apple TV ne fera pas exception à ce dispositif. »

Toutefois, tout n’est pas figé. « Nous travaillons à l’internationalisation de Molotov, en priorité en Europe, à travers des partenariats avec les chaînes locales des pays cibles. Concrètement, nos applications seront uniquement disponibles dans les pays éligibles avec à chaque fois les chaînes accessibles au sein du pays ». Le bouquet de Molotov.tv en France ne sera donc pas celui disponible en Allemagne, Italie ou Espagne, si tant est que ces pays soient concernés.

Autre interrogation voisine : la portabilité, c’est-à-dire la possibilité pour un abonné d’un pays A de profiter de Molotov depuis un pays B où il séjourne temporairement. Le sujet n’est pas vraiment de la compétence de la plateforme, mais de celle de la Commission européenne, qui pourrait à terme ouvrir les vannes.

La jungle de la copie privée

Au regard des fonctionnalités d’enregistrement, qui se veulent l’un des points forts de ce service en ligne, c’est un peu la jungle. Si, aux États-Unis, le règne du fair use permet d’ouvrir la brèche, toutes les législations européennes ne prévoient pas la copie privée ni même l’extension au cloud telle que programmée par le projet de loi Création.

« Nous nous adapterons aux contraintes locales. Molotov propose une nouvelle expérience de télévision personnelle, l’enregistrement est une fonctionnalité parmi beaucoup d’autres, existantes et à venir ». En clair, la brique du magnétoscope en ligne ne sera pas nécessairement activée dans tous les pays, du moins lors des premiers jours. En France, on sait qu’en l’état de la législation en gestation, cette option sensible sera avant tout liée à un accord avec chaque chaîne portant sur les fonctionnalités (DRM, capacité de stockage, etc.), le tout sous le haut arbitrage du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Nous reviendrons plus en détail sur ce point.

Un enregistrement qui se fera sur les serveurs Molotov, non sur iCloud

Si la mise en avant de Molotov sur la plateforme américaine sera évidemment une sacrée rampe de lancement, l’enregistrement des flux sera vissé aux serveurs de l’entreprise française. « L’enregistrement des programmes reste strictement localisé sur nos serveurs et nos infrastructures, sans lien avec des services de cloud personnel tiers, type iCloud ».

Molotov a prévu d’être lancé le 11 juillet. Une date qui reste d’actualité, « plus que jamais ».