Avec Ubuntu, Fedora est l’une de ces distributions dont on suit l’évolution avec attention. Le système de Canonical a tendance à donner le « la », tant elle est reprise par d’autres distributions qui l’utilisent comme socle. L’approche de l’entreprise est le plus souvent médiane : sans être aussi conservatrice que Debian (sur laquelle elle est basée), elle ne se précipite pas sur les nouveautés.

Il en va tout autrement de Fedora, qui est le laboratoire à ciel ouvert de Red Hat. C’était la première distribution à passer par défaut à Wayland, dès la version 25 et bien des années avant Ubuntu. C’était aussi la première distribution grand public à passer à Btrfs en tant que système de fichier par défaut. Fedora se retrouve régulièrement en tête de l’adoption des nouvelles technologies, permettant d’observer leur comportement à travers une utilisation de masse.

Pour autant, chaque version de Fedora n’est pas une révolution. La nouvelle mouture, même si elle apporte des évolutions importantes, reste assez tranquille.

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GNOME 46

La nouvelle version majeure de GNOME est certainement l’apport le plus « visible ». Les nouveautés y sont nombreuses, mais essentiellement situées sous le capot ou constituant de petites améliorations de l’existant.

Le gestionnaire de fichiers est par exemple plus rapide maintenant, surtout lors des changements de vues. Il présente également un affichage en bas à gauche de la fenêtre quand une opération de copie prend du temps. En passant le curseur dessus, on peut voir le temps restant ainsi que les opérations qui auront lieu après. Outre une option pour afficher la date et l’heure d’un fichier dans un format plus complet et la possibilité d’afficher les favoris en grille, le gestionnaire découvre également un plus grand nombre d’appareils sur le réseau.

GNOME 46 introduit en outre une recherche globale, à laquelle on accède en cliquant sur la loupe en haut à gauche du gestionnaire ou via le raccourci Ctrl + Maj + F. Les recherches lancées par ce mécanisme vont fouiller dans l’ensemble des emplacements définis. Ces derniers se configurent dans les paramètres de l'application et sont fouillés simultanément.

La connexion aux comptes est améliorée, avec l’arrivée du support de OneDrive. La configuration du compte fait apparaître automatiquement un accès à OneDrive dans la colonne latérale du gestionnaire de fichiers. De plus, c’est maintenant le navigateur par défaut qui est utilisé, débloquant des possibilités lors de l’authentification. En contrepartie, leur configuration n’est plus présente dans l’assistant de bienvenue. La prise en charge d’une version générique de WebDav a été ajoutée et les paramètres ont été entièrement remaniés.

Signalons également l'arrivée d’une fonction de connexion à distance RDP vers des systèmes GNOME non utilisés, une réorganisation des Paramètres (dont un meilleur regroupement pour réduire les éléments dans la colonne latérale), de nouveaux réglages pour le pavé tactile, de multiples améliorations pour le lecteur d’écran Orca (notamment un gros effort de modernisation qui se poursuivra sur plusieurs versions), la génération automatique d’un avatar pour le compte si aucun n’a été sélectionné, ou encore un affichage plus clair des notifications, qui affichent désormais le nom de l’application correspondante. Notez que le regroupement des notifications par applications devait être présent dans GNOME 46, mais a été repoussé.

La liste complète des améliorations de GNOME 46 est disponible sur le site officiel.

Diverses améliorations sous le capot

Fedora 40 se sert du noyau Linux 6.8. Comme d’habitude, ce dernier introduit bon nombre de nouveautés sur le support matériel, en particulier pour les dernières générations de processeurs (surtout AMD). On note aussi un support initial des SoC Snapdragon 8 Gen 3 et X Elite de Qualcomm.

On trouve également plusieurs changements techniques importants. En matière de sécurité tout d’abord, les paramètres de « durcissement » pour systemd ont été activés, conduisant à l’isolation et à la mise en bac à sable des services système.

Côté réseau, signalons deux grosses évolutions. D’abord, dans le NetworkManager, l’activation par défaut d’un mécanisme permettant la gestion des conflits en cas d’adresses IPv4 dupliquées. Ensuite, Fedora 40 rend aléatoire la génération d’adresses Mac pour chaque connexion Wi-Fi, en vue de réduire l’impact de la surveillance par le fournisseur d’accès.

On remarque aussi le remplacement de Wget (outil en ligne de commande pour télécharger des fichiers) par Wget2. Largement modernisé, l’outil est basé sur la bibliothèque libwget2. Outre un code plus propre, son développement devrait faciliter le support de nouveaux protocoles à l’avenir.

Fedora 40 introduit bien sûr des versions à jour de la plupart de ses paquets, dont Firefox 123 (même si la 124 est sortie entre-temps), Golang 1.22, LLVM 18.0, java-21-openjdk, Ruby 3.3, gcc 14.0, binutils 2.41, glibc 2.39, gdb 14.1, PostgreSQL 16, PHP 8.3 ou encore Python 3.12 (la version 3.7 a été supprimée).

À noter enfin le remplacement du terme « immutable » (immuable) pour les variantes (spins) concernées, qui porteront maintenant l’appellation Atomic. Le spin KDE est quant à lui fourni avec Plasma 6, dont nous avions examiné les nouveautés.

Une mouture pépère

Les personnes habituées à Fedora estimeront peut-être que cette version 40 ne réserve rien de bien croustillant. Ce n’est pas faux, sans que ce soit un problème : il n’y a pas besoin que chaque version soit une révolution pour que le système avance. Des moutures plus classiques permettant de se « reposer » et de stabiliser l’existant. Un nouveau noyau, des versions majeures de deux environnements, des améliorations sous le capot et une mise à jour générale des composants n’ont rien d’anodin non plus.

Fedora 41 devrait cependant réserver plus de surprises, plusieurs changements importants devant y converger. Par exemple, l’introduction d’Anaconda Web UI, une réécriture complète de l’installeur de Fedora. Citons également DNF 5, nouvelle version du gestionnaire de paquets. Il était prévu pour Fedora 39, mais a quand même été utilisé pour la construction de la version 40.

Enfin, petit aparté sur les tests que vous pourriez faire chez vous, surtout en machine virtuelle. Il existe actuellement un problème avec libmesa entrainant un plantage de la machine. Le problème s'est manifesté chez nous, aussi bien dans VirtualBox que VMware Workstation. Au point que ce dernier ne pouvait même plus être fermé, nécessitant de tuer le processus VMware Workstation VMX sous Windows. En attendant une version corrigée, la solution est simple dans les deux cas : désactiver l'accélération graphique dans les paramètres de la machine virtuelle.