NEOMIR : L’Europe aussi veut nous protéger des astéroïdes
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Le 17 avril 2023 à 14h42
4 min
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Alors que la NASA a montré, avec sa mission DART, sa capacité à dévier un astéroïde et que la Chine veut l'imiter, l'Agence spatiale européenne projette de déployer un système capable de détecter ceux cachés par l'éblouissement provoqué par les rayons du soleil.
La NASA a envoyé, fin 2022, l'impacteur DART (Double Asteroid Redirect Test) pour frapper l'astéroïde Dimorphos dont le diamètre est de 160 mètres et se trouve à 11 millions de kilomètres. L'idée était de tester si elle était capable de dévier la trajectoire d'un astéroïde. Et ce fut un succès. L'Agence européenne enverra en 2024 la sonde spatiale HERA pour aller constater plus en détails les conséquences de cet impact. Et la Chine prévoit une mission équivalente pour 2025.
Mais avant de dévier un éventuel astéroïde qui arriverait vers la Terre, il faut d'abord être capable de le détecter. Si les plus gros astéroïdes, qui pourraient être dévastateurs à un niveau mondial, sont « faciles » à détecter et ne lèvent pas de risque actuellement, d'autres sont plus discrets.
Par leur taille, mais aussi du fait qu'ils viennent d'une région du ciel plus difficile à surveiller : les rayons du soleil qui éblouissent nos téléscopes bloquent, de fait, une assez large zone d'observation.
NEOMIR : une détection satellite par infrarouge
L'idée de l'ESA est de déporter l'observation tout en la faisant dans l'infrarouge pour surveiller un anneau proche du soleil impossible de surveiller depuis la Terre.
L'agence spatiale européenne planifie donc une nouvelle mission satellitaire : NEOMIR, pour Near-Earth Object Mission in the Infra-Red. Comme son nom anglais l'indique, ce satellite détectera les astéroïdes proches de la Terre grâce à un rayon infrarouge. Il sera placé sur une orbite autour du premier point de Lagrange (L1) du système Soleil-Terre.
Le satellite aura un champ de vue de 1,7° x 7° et scannera trois cercles concentriques autour du Soleil. Chaque région sera scannée quatre fois de suite pour s'assurer de la captation de la trace d'un éventuel objet.
Il devrait, selon l'ESA, pouvoir détecter des objets de 20 mètres de diamètres minimum et ce, trois à quatre semaines avant un possible impact avec la Terre. De quoi prévenir un peu. Car, si beaucoup de petits et inoffensifs astéroïdes tombent régulièrement sur notre planète, d'autres de cette taille, certes plus rares, peuvent faire de gros dégâts (sans toutefois remettre en cause la vie de notre espèce).
Tcheliabinsk, un précédent récent à éviter
En février 2013, un astéroïde d'une taille de 20 mètres de diamètre a provoqué un choc en Russie. Il s'est fragmenté dans l'atmosphère au-dessus de la ville de Tcheliabinsk, qui abrite tout de même plus d'un million d'habitants. « Les fragments sont à leur tour retombés sur la terre sous la forme de boules de feu suivies de traînées de fumée, accompagnées de violentes explosions et d'éclairs de lumière aveuglante, semant la panique parmi la population, soufflant les fenêtres de nombreux bâtiments et abattant notamment les murs d'une usine », expliquait l'AFP à l'époque. Si, heureusement, l'incident ne fut pas meurtrier, plus d'un millier de personnes ont été blessées, notamment par les éclats de verre engendrés.
« Statistiquement, les astéroïdes de cette taille frappent la Terre environ une fois tous les 50 à 100 ans », explique l'ESA.
Lancement en 2030 avec Ariane 6
La mission NEOMIR de l'ESA commence tout juste. Une phase 0 de l'étude du détecteur infrarouge devrait arriver à la fin de l'année, mais l'ESA prévoit un lancement du satellite pour 2030 à bord d'Ariane 62.
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NEO Surveyor, le NEOMIR de la NASA
De son côté, la NASA ne va pas attendre les européens. Elle a déjà prévu une mission similaire appelée NEO Surveyor, avec un téléscope de 50 centimètres de diamètre, lui aussi en orbite autour du premier point de Lagrange (L1). Il observera les astéroïdes géocroiseurs à l'aide de deux rayons infrarouges.
On ne sait pas encore à bord de quelle fusée, mais NEO Surveyor doit être lancé en septembre 2027.
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Commentaires (1)
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Abonnez-vousLe 18/04/2023 à 09h39
Trois à quatre semaines, est suffisant pour créer une grosse panique ?
Comme NEO Surevyor, le «télescope» utilisera un capteur sensible dans les infrarouges, pas un rayons (4-5; 6-10 ̣µm pour les américains).
Enfin tout ces projets misent seulement sur la surveillance du plan de l’écliptique. Même s’il est plus peuplé, la menace peut venir de n’importe quelle direction. C’est (si ma mémoire est bonne) la raison pour laquelle l’objet de Tcheliabinsk n’a pas été repéré. Pareil pour Oumuama et 115m de long.
Donc préparez vos para-astéroïde. Ils ne serviront qu’une fois