Au cours de notre enquête sur la reprise de Blade, nous avions appris que l'entreprise avait organisé un minage massif de cryptomonnaie sur ses serveurs à partir de la fin de l'année dernière, un projet connu en interne, mais pas de tous les employés.
Ainsi, lorsque nous avions révélé l'information le 19 mai, ou lors d'échanges antérieurs, certains s'en étaient étonnés. Nous évoquions dans notre article un gain potentiel de « plusieurs millions d'euros », puisque notre estimation était d'environ 2 millions, ce qui nous avait été confirmé comme un chiffre proche de la réalité.
Avant la publication de notre article, nous avions posé deux questions à Octave Klaba sur le sujet. D'abord, savoir si les gains obtenus avant la reprise avaient été versés dans le cadre de la procédure ou s'ils venaient alimenter les comptes du nouvel HubiC. Ensuite, si le minage était une partie intégrante de son nouveau modèle et allait continuer. Nous n'avions alors pas obtenu de réponse.
La première question était importante, car ces « actifs » n'apparaissaient pas dans les dossiers de reprise que nous avions pu obtenir. Certains s'interrogeaient d'ailleurs sur cette activité : aurait-elle pu permettre à Blade d'éviter ou de retarder son redressement ? Ce qui aurait tout changé pour certains des actionnaires ayant perdu gros dans cette affaire.
C'est sans doute l'un des facteurs qui a motivé Hubic, nouveau propriétaire de Shadow, à commander un audit sur le sujet pour lever les doutes. Sa conclusion a été publiée par Klaba via son compte Twitter hier soir « dans le souci de transparence ».
Il a été réalisé sur la base des documents fournis par la direction le 26 mai correspondant à la période du 13 décembre 2020 (début officiel de l'activité de minage) au 19 mai 2021 (date de la publication de notre article) et de vérifications opérées par le cabinet Eight advisory.
Ce dernier indique que 22 300 serveurs ont été utilisés à cette fin, via Nanopool, pour miner de l'Ethereum qui était ensuite reversé sur un compte Kraken. Au 30 avril, 769 ETH ont été générés, mais seuls 761 ont été pris en compte dans le calcul, sans que la raison ne soit détaillée, le cabinet évoquant des « approximations temporelles ». Au 19 mai, 941 ETH ont été générés.
1,6 million d'euros ont finalement été reversés aux procédures américaine et française de redressement de Blade, légèrement au-dessus des gains calculés (soit 1 793 euros par ETH en moyenne). Un montant important, mais dont les revenus mensuels étaient inférieurs au « burn rate » de Blade à l'époque. Dans le meilleur des cas, cela n'aurait sans doute fait que retarder l'inévitable.
Pour rappel, le cours de l'ETH était aux alentours de 450 euros mi-décembre, avant une apogée dans les 3 400 euros mi-mai. Après une chute, il s'est depuis stabilisé aux alentours de 2 000 euros. De quoi générer tout de même 400 à 600 000 euros de revenus mensuels si le rythme de ces derniers mois perdure, selon nos calculs.
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