L’Espagne met le cap vers une taxe sur les géants du numérique, la France dans ses pas
Le 21 janvier 2019 à 09h07
3 min
Droit
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Le conseil des ministres espagnol a donné son feu vert à la réforme fiscale d’ampleur visant les services numériques.
Les textes n’en sont qu’à leur première étape puisqu’ils vont désormais être transmis au Cortes Generales, le Parlement espagnol. « Avec l’approbation de ces deux dispositions, l’Espagne relève les défis de la fiscalité du XXIe siècle pour évoluer vers un système fiscal plus moderne et redistributif » clame l’exécutif.
La taxe sur certains services numériques a pour ambition de frapper les entreprises là où de la valeur est générée. « Ce projet de loi est conforme à la directive communautaire proposée en mars 2018 visant à taxer ces services numériques » affirme le gouvernement, pas peu fier d’être le premier pays de l’UE à adapter sa législation à la réforme plaidée par la Commission européenne.
À l’instar de la proposition européenne, cette taxe indirecte aura un taux d'imposition de 3%. Le supplément de recette espéré est de 1,2 milliard d’euros par an. Trois évènements pourront justifier cette ponction, en l’état du texte en gestation : la fourniture de services de publicité en ligne, des services d'intermédiation en ligne et enfin la vente de données générées à partir d'informations fournies par les utilisateurs.
« Les sociétés redevables seront celles réalisant un chiffre d’affaires net de plus de 750 millions d’euros dans le monde et dont les revenus provenant des services numériques concernés par la taxe dépassent les trois millions d’euros en Espagne ». Autant dire qu’avec de tels seuils, les géants du Net (mal résumés par l’expression « GAFA ») seront aux premières lignes. « Ces seuils garantissent que seules les grandes entreprises seraient taxées et que ni les PME ni les startups n'augmenteraient leur imposition ».
En France, Bruno Lemaire a dévoilé dans les colonnes du Journal du Dimanche les grandes lignes de sa réforme. Elle se concrétisera par un projet de loi dédié prévu pour fin février. Avantage par rapport à une proposition de loi ? Il sera accompagné d’un avis du Conseil d’État et d’une étude d’impact.
Cette fois, seront redevables « toutes les entreprises qui proposent des services numériques représentant un chiffre d'affaires supérieur à 750 millions d'euros au niveau mondial et 25 millions d'euros en France ». Deux critères cumulatifs. Elle sera rétroactive au 1er janvier 2019. « Son taux sera modulé en fonction du chiffre d'affaires avec un maximum de 5% ». Selon les calculs, elle devrait rapporter autour de 500 millions d'euros.
Le 21 janvier 2019 à 09h07
Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 21/01/2019 à 09h22
Le site du gouvernement espagnol n’est pas super clair, c’est bien sur le chiffres d’affaires que ça s’appliquera, pas sur les bénéfices ?
edit : selon certains analystes, ça a l’air assez mal bricolé :https://www.elmundo.es/economia/2019/01/21/5c44caf821efa0f1718b45bf.html
Le 21/01/2019 à 10h37
Bref une taxe sur les GAF.
Apple étant exclu
Le 21/01/2019 à 10h41
Avec de telles conditions, je comprends pas pourquoi il a fallu attendre que le phénomène “explose” avant de s’en soucier ? :o
Le 21/01/2019 à 13h50
L’initiative est louable mais j’ai dans l’idée que si ça ne se règle pas au niveau européen, cela ne sera que des gesticulations inutiles vouées à s’échouer sur les rivages de la justice européenne.
Sinon, une entreprise qui se fait taxer dans 21 pays de 5% de son chiffre d’affaire global, elle paye combien à la fin?
Le 21/01/2019 à 14h26
Ce qui est taxé, c’est juste le CA dans le pays, pas global.
Le 21/01/2019 à 14h48
C’est marrant l’Espagne avec 3% espère 1,2 M€ et la France ?% - 5% seulement 500 m€ ? Soit c’est une mesurette pour sauver la face, soit on est très mauvais fiscalement " />
Le 21/01/2019 à 15h14
C’est juste qu’on va rajouter dans la boucle une entité dédiée pour gérer çà.
Et comme on va y recaser les copains, on aura juste une boite noire servant à obscurcir les flux monétaires et se servant à tous les étages. Donc réduisant la rentabilité à peau de chagrin.
Que celui qui a dit sacem dans la salle se lève " />