Les Gafam ont totalement chamboulé le modèle économique des câbles sous-marins
Le 03 janvier 2023 à 06h14
3 min
Internet
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« Les Gafam mettent la main sur les câbles sous-marins pour mieux contrôler Internet », titre Le Monde, pour qui « les géants de la tech américains ont totalement chamboulé le modèle économique d’une industrie dont les origines remontent à l’invention du télégraphe », et « réussi en moins de dix ans à mettre la main sur un secteur jusque-là dominé par les grands opérateurs internationaux de télécoms ».
Le groupe français Alcatel Submarine Networks (ASN), premier fabricant européen de câbles sous-marins de fibre optique, estime en effet que « 70 % des projets mondiaux actuels, notamment transpacifiques et transatlantiques, sont supportés par Google, Facebook et Cie ».
« Sur le transatlantique, il est impossible aujourd’hui de faire un câble sans un Gafam », explique au Monde Jean-Luc Vuillemin, directeur de l’entité opérant l’ensemble des réseaux internationaux de l’opérateur Orange, lui-même propriétaire de lignes sous-marines :
« Les Gafam ont totalement chamboulé le modèle économique traditionnel des câbles sous-marins qui reposait sur des consortiums. Ils ont parfois encore besoin de partenaires pour faire baisser le coût unitaire de la ligne de fibre optique, ainsi que pour des questions de réglementations nationales. Mais leurs ressources financières leur donnent un pouvoir immense. Le secteur est passé du modèle de consortium à celui de coconstruction, sous leur direction ».
Alors qu'un câble transatlantique ou transpacifique coûte plus de 300 millions d’euros, « ce type de montant est sans commune mesure face aux dizaines de milliards de dollars qu’Alphabet et Meta amassent chaque année grâce à leurs activités », relève Le Monde.
Ses calculs montrent que plus de 60 % de la bande passante des 486 câbles sous-marins est occupée par les Gafam. « Les opérateurs télécoms européens deviennent des prestataires de services des Gafam », déplore l’historien Pascal Griset, directeur du Centre de recherche en histoire de l’innovation : « dans l’histoire des télécoms, le rapport de force n’a jamais été autant déséquilibré en faveur des Américains ».
Dans un troisième article, Le Monde souligne cependant qu'avec les six navires câbliers d’ASN, et les sept bateaux d’Orange Marine, « le pavillon français est le plus représenté au monde », et qu'il « compte environ pour un quart de la flotte mondiale de ces bateaux capables de déposer des câbles longs de plusieurs milliers de kilomètres sur les fonds marins et de les réparer en pleine mer ».
Le 03 janvier 2023 à 06h14
Commentaires (35)
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Abonnez-vousLe 03/01/2023 à 07h19
Le paradoxe de l’industrie telco… ils passent leur temps à pleurnicher que les vilains gafam ne payent pas pour leur trafic et n’investissent pas dans les infra et, en réponse, font du lobbying pour mettre fin à la neutralité du net, alors que le problème est effectivement que les gafam sont occupés à dangereusement prendre le contrôle des infra et à ringardiser les telco.
C’est à se demander si les opérateurs telco on tapé sur le bon clou pendant toutes ses années et qu’au contraire on a jamais eu tant besoin d’une neutralité du net forte pour empêcher les gafam de faire la loi sur leurs tuyaux.
Le 03/01/2023 à 11h41
Le problème des opérateurs c’est qu’ils ne connaissent plus leur métier. Ceux qui tenaient la boutiques sont partis depuis longtemps (changement de poste, retraite, mort…).
Aujourd’hui, les opérateurs vendent des services en rapport avec le numérique (appelé pour une raison qui m’échappe “digital”). Cela passe par des services de télévision, VOD, stockage “cloud”, domotique, sécurité du domicile… La décadence a commencée avec les “box” internet où l’opérateur ne fournissait plus seulement les 3 premières couches du modèle OSI de façon neutre avec un vrai accès Internet (IP fixe avec possibilité de champ PTR DNS).
Depuis, une accoutumance à l’amusement numérique est venue gangrénée la culture d’entreprise où le Wifi est décrit comme quelque chose de “magique” dans un questionnaire interne d’Orange (vu de mes propres yeux) et où plus grand monde ne sait ce qu’est une adresse IP ni même ne pense possible techniquement l’auto-hébergement (alors son utilité n’en parlons pas…).
On pourrait se dire que ce n’est pas grave, mais ce processus est général et de moins en moins d’employés ont un arrière plan technique et donc au bout d’un moment c’est toute l’entreprise qui ne sais plus quel est sa raison d’être. Plus personne ne sais faire de l’opérateur télécom. Résultat : la mise est raflée par les GAFAM qui concentrent à la fois le pognon ET les derniers ingénieurs du niveau suffisant pour comprendre le métier (ainsi que 2,3 réseaux de corruption mais chut).
Le danger est bien évidemment une hégémonie totale…
Le 03/01/2023 à 11h55
En fait, ça fait plus de 15 ans qu’on parle du risque de voir les plateformes devenir des opérateurs télécom… et pendant près de 15 ans, les opérateurs télécom historiques se sont ingéniés à essayer de rentrer sur les marchés des plateformes au lieu de se consolider sur leur cœur de métier…
Là on commence à voir les effets avec les plateformes qui ne s’occupent pas juste des derniers kilomètres, mais qui prennent le contrôle au niveau global.
En dehors d’une réponse stratégique de l’U.E., on se retrouvera effectivement avec une recentralisation du réseau dans les mains de quelques plateformes qui feront la loi sur leurs tuyaux comme les opérateurs historiques prétendaient le faire pour les leurs.
Au final les grands perdants seront sans-doutes les citoyens et les entreprises du numérique plus modestes voulant accéder au marché.
Le 03/01/2023 à 14h39
Il n’y a pas de quoi l’être, je ne comptais pas former des équipes en vu d’un affrontement
Pour moi c’est très clair.
Faudrait définir “plateforme”.
Parce qu’Orange pour ne citer que le principal, était une “plateforme” avant que Facebook n’en soit une.
Le 03/01/2023 à 07h48
Où est le problème ? Free voulait faire payer Google pour son transit. Résultat : ils font encore mieux, il paient directement le câble.
Le 03/01/2023 à 08h14
Je pense qu’une analyse approfondie sur le long terme des conséquences liées à ces investissements serait la bienvenue.
Le 03/01/2023 à 08h47
J’ai du mal à comprendre le message de cette brève.
Est-ce juste une information sur ce ui est un changement ?
Est-ce une alerte sur un problème ?
Si oui, quel est le problème ?
Il y a un mélange entre GAFAM et Américains : le problème, c’est quoi précisément : les grosses boîtes privées ou nos concurrents les Américains ou les 2 à la fois ?
Comme ils consomment près des 2⁄3 de la bande passante, ce n’est pas forcément illogique qu’ils investissent en proportion pour augmenter cette bande passante de mon point de vue tant qu’il n’y a pas abus de position dominante et atteinte à la neutralité du net.
Mais, vraiment, j’ai rarement eu une brève qui me donne aussi peu de réponse. Le fait que les 3 articles en lien soient payants n’aide peut-être pas.
Le 03/01/2023 à 08h56
Clairement pour moi il s’agit d’un mouvement logique des GAFAM ils sont besoin de bande passante donc ils font construire les infra necessaire. Pour le reste effectivement cette brève est un peu du caca mou.
Le 03/01/2023 à 09h49
Faudrait quand même que Nxi pense à te faire valider le sujet
Au final c’est Google qui fera payer Free un jour
C’est aussi une façon de se rendre indispensable.
Le 03/01/2023 à 08h56
Au moins on peut déjà se réjouir de cela. Encore une fois : on a le savoir-faire, les moyens techniques. Ce qui manque comme à chaque fois c’est une réelle volonté politique (ici de se défaire de la dépendance américaine autant se peut - même si je sais que c’est plus compliqué que du souverainisme primaire hein).
Le 03/01/2023 à 09h22
Le modèle OSI de xkcd se développe
Le 03/01/2023 à 09h55
Si tu as mieux compris que moi la brève, vas-y réponds à mes questions. (Si tu sais, partage)
Le 03/01/2023 à 10h29
Un brief qui découle d’un article dans Le Monde. C’est juste relayer une info d’un autre média, comme presque tout ce que l’on trouve dans LeBrief…
Je ne vois pas pourquoi chercher midi à 14h, chaque “brief” n’implique pas un problème ou un changement avec des questions et réponses.
Le 03/01/2023 à 10h59
Que le producteur de contenus devienne diffuseur de contenus correspond à la même entorse à la “neutralité du net” que le cas d’un diffuseur de contenus devenant producteur.
Pas de paradoxe : un telco ou une plateforme de contenus ne pense pas à la “neutralité du net” (notion d’intérêt public), chacun se voit comme un fournisseur de services numériques.
On trouve le même engagement marketing chez la grande distribution : une marque veut profiter du réseau de distribution, la marque paie un droit d’entrée, une force de distribution. D’ailleurs, le réseau de boutiques d’un opérateur télécom qui vent des smartphones ou des iPhone subit le même rapport de force.
Le 03/01/2023 à 11h02
Free voulait faire payer l’accès aux “freenautes” à Google, un droit de diffusion des contenus. Google a toujours payé sa bande passante, voire l’investissement dans les infrastructures qui permettent ses services.
Le 03/01/2023 à 11h12
On peut ne pas voir le problème à ce qu’une plateforme de contenus investisse dans le réseau de transit. Il existait déjà le projet Loon (Google), il existe le projet internet.org (ou Meta Connectivity).
Le 03/01/2023 à 11h14
idem
Désolé mais je suis avec fred42 : quand j’ai vu passer l’article du Monde et son vocabulaire anxiogène (“mettre la main”, “contrôler”) je me suis demandé ce que le Monde allait trouver à reprocher aux GAFAM. Comme c’est paywallé, je n’en ai rien su et ça ne s’est pas plus éclairci à la lecture de la news de NI.
Le 03/01/2023 à 11h45
Si, mais juste un manque de volonté de ta part de considérer le point.
Le 03/01/2023 à 11h49
A mon avis c’est parce que la plupart des interactions se font avec les doigts. Enfin se faisaient.
Ou alors un manque de culture doublé d’un “l’anglais c’est cool”.
Après je me demande ce que ça veut dire quand on essaye de réduire l’empreinte [carbone] du digitale.
Le 03/01/2023 à 12h12
Il n’a jamais été question de facturer le contenu. Le bras de fer entre Free et Google concernait exclusivement le peering.
Le 03/01/2023 à 12h18
Bah Microsoft ayant reçu le feu vert de l’arcep pour devenir opérateur télécom, il commence déja à offrir des services qui rentrent en concurrence avec Orange pro & Co.
On verra bien ce que nos opérateurs vont faire.
Le 03/01/2023 à 12h47
Pour les grincheux qui ne trouvent rien à redire
Moi qui croyait qu’Internet était un outil apolitique
Sinon clair que laisser la mainmise des tuyaux aux GAFAM est une très bonne nouvelle pour la neutralité du Net.
Le 03/01/2023 à 13h06
Moi, je ne suis pas grincheux, juste trop con pour comprendre le message de cette brève. Pourtant, je suis ingénieur télécom.
Là, je vois bien où était le problème : Trump et pas les GAFAM qui ont pâti de cette décision politique.
Sinon, ta citation vient d’où ?
Il est apolitique, mais pas Trump.
Tu es peut-être abonné au Monde et tu as peut-être lu quels problèmes cela posait, moi, je vois bien les risques potentiels, mais pas beaucoup plus qu’avec les opérateurs de transit. En plus, bien qu’ayant moi-même cité la neutralité du net, je ne suis pas sûr que les câbles sous-marins font partie d’Internet.
Le 03/01/2023 à 16h09
Autrement dit, les grands opérateurs internationaux de télécoms n’ont pas réussi à garder la main sur le coeur de métier. J’ai envie de dire: tant pis pour eux.
Le 03/01/2023 à 16h09
Pas du tout, Free voulait faire participer Google aux frais d’augmentation de capacité de son réseau national de desserte du fait de l’augmentation de trafic, augmentation que Free jugeait provoquée par Google.
Google fournit depuis bien longtemps le peering gratuit aux opérateurs nationaux, d’où les investissements dans les câbles sous-marins.
Le 03/01/2023 à 16h40
Qu’aurais-tu voulu qu’ils fassent ?
Les loueurs de tuyaux sont “invisibilisés” ; une fois que tu as dit nos tuyaux sont plus gros, plus rapides et moins chers il est difficile de se démarquer de la concurrence.
Pour fidéliser (=rendre captif) le client et éviter qu’il puisse zapper à sa guise d’un fournisseur de tuyaux à un autre, il fallait se différencier grâce à
une exclusivité sur le contenu du tuyau (offre TV, Musique ou contenu propriétaire (portail…)) ou
son “arrivée” (Boxs avec plus ou moins de fonctionnalités)
voire sa périphérie (enceintes, domotique, télésurveillance)
La direction prise ne me convient pas en tant que client : je préférerai que le tuyau soit plus (gros,rapide,réactif) et moins (cher) et autant que possible transparent. Je n’ai rien à faire des exclusivités et autant que possible je voudrais remplacer ma box par un matériel neutre qui me laisse le libre choix de ce que je veux y connecter. Mais je comprends quel était le pari des loueurs de tuyaux.
Le 03/01/2023 à 17h39
Citons un site de référence :
Un an plus tard, début 2012, Xavier Niel, le patron d’Iliad (Free) confirmait le problème entre sa société et Google. Interrogé par Le Nouvel Obs, le patron résumait la situation à notre confrère : « Les tuyaux entre Google et nous sont pleins à certaines heures, et chacun se repousse la responsabilité de rajouter des tuyaux. C’est un problème classique qui arrive partout, mais plus souvent avec Google. En comparaison, le trafic avec Dailymotion - avec qui tout se passe bien - ne pose pas de problème. Donc j’invite les gens qui ont des problèmes avec YouTube de s’apercevoir que sur Dailymotion souvent il y a les mêmes vidéos. J’espère que la solution arrivera sous peu. »
Next INpact Next INpact Next INpact
Ça parle quand même vachement de peering. Ou alors faudra m’expliquer pourquoi X. Niel pense que reporter du trafic youtube vers Dailymotion cause moins de problème sur son réseau national, s’il ne s’agit que de réseau national et pas de peering.
Le 03/01/2023 à 18h08
Alphabet as a service Meta(vers).
Le 03/01/2023 à 18h19
Twitter
Je pause ça là, je ne sais pas si ça passe ?
Le 03/01/2023 à 18h28
Pour faire passer les contenus Youtube jusqu’aux “freenautes”, Free demandait à Google de payer pour dimensionner le réseau de Free en France.
C’est beau.
Je te rassure : Orange fait pareil (en plus Orange possède un réseau de transit dans le monde), à la différence que Orange ne bloque pas le trafic de ses clients.
Le 03/01/2023 à 18h32
Marc Endeweld, du lourd comme référence.
Le 03/01/2023 à 18h43
Source ?
Moi je cite les miennes :
Next INpact
Le 03/01/2023 à 19h39
Je ne cherche à convaincre personne. Tu me demandes une réponse à ton commentaire, la voici :
Ta source est une déclaration au Nouvel Obs de X Niel, actionnaire du groupe Le Monde (dont L’Obs), qui demande aux “freenautes” de boycotter avec lui Youtube qui surcharge la bande passante de Free.
Techniquement Dailymotion, à l’époque propriété d’Orange avec qui Free est en interconnexion de réseaux, un service de streaming beaucoup moins gourmand en bande passante que Youtube et ses youtubeurs, est plus facile à gérer… si cet enjeu technique en était vraiment un, car tout le monde sait que Dailymotion n’a jamais été un service populaire comme Youtube même si la start-up a été une fierté française en s’internationalisant.
Le 03/01/2023 à 19h19
Vendre un accès internet + services audiovisuels “30€ tout compris” mais pas au point d’assurer la bande passante en France de services de streaming vidéo. Aujourd’hui, même combat avec le mobile 5G à 20€ (je ne parle pas de “fausse 5G” comme Orange, je parle de l’itinérance 2G/3G).
Free n’est qu’un exemple visible. Tous les opérateurs agissent de la sorte : un opérateur distribue internet, un opérateur se prend pour le réseau des réseaux.
Le 04/01/2023 à 08h54
Tu as oublié tous les liens qui disent : peering, peering, peering. J’arrête là.