Reconnaissance faciale : Clearview librement utilisée par de nombreux individus
Le 09 mars 2020 à 09h06
3 min
Logiciel
Logiciel
Depuis la révélation de son existence en janvier, l’application Clearview a beaucoup fait parler d’elle. Créée par l’Australien Hoan Ton-That, elle repose sur une immense base de données contenant plus de trois milliards de visages, en se basant sur des photos tirées des réseaux sociaux et autres plateformes.
Normalement réservée aux forces de l’ordre – d’après l’entreprise – plusieurs médias ont mis le doigt sur des entreprises, gouvernements et autres structures, dont une cinquantaine d’écoles et universités américaines (Clearview ciblerait en priorité les États-Unis).
Le New York Times revient sur l’application et évoque le cas du milliardaire John Catsimatidis, propriétaire et PDG de la chaine de marchés Gristedes, basée à new York.
Le Times a pu s’entretenir avec sa fille, qui était accompagnée en rejoignant son père dans un restaurant. Voulant en savoir plus sur le mystérieux cavalier, John Catsimatidis avait demandé à un serveur de s’éloigner, de prendre l’homme en photo puis de lui envoyer. De là, la photo fut insérée dans Clearview, qui offrit toutes les informations en sa possession : profils sur les réseaux sociaux, autres photos, sources, etc.
Depuis que Google, Facebook, Twitter et d’autres entreprises ont envoyé des lettres de mise en demeure, Clearview a publié un code de conduite, rappelant que seules les forces de l’ordre et les « professionnels entrainés » pouvaient se servir de l’application. En outre, des garde-fous étaient intégrés pour repérer des comportements « anormaux » d’utilisation.
La réalité semble toutefois bien loin de ce qu’annonce l’entreprise, et l’article du NYT en remet une couche. John Catsimatidis a en effet fait partie des premiers clients « grand public » de Clearview, dès l’été dernier, pour en équiper ses restaurants et repérer les voleurs à l’étalage connus.
Une utilisation qui sort du cadre décrit par Clearview. En outre, le milliardaire garde l’application en permanence sur son téléphone et peut donc cibler toute personne à l’envie. Il a répondu au NYT qu’il demandait toujours l’autorisation, mais l’anecdote du restaurant contredit cette notion de respect.
Le Times ajoute avoir identifié de « multiples individus » ayant encore cette application, et ce depuis plus d’un an. Clearview indique que des versions de démonstration sont offertes aux « investisseurs potentiels et actuels, ainsi qu’à d’autres partenaires stratégies », mais la situation semble nettement plus décomplexée.
Pour l’entreprise, rien de ce qu’elle fait ne pose problème : elle ne ferait qu’accélérer ce que l’on peut déjà accomplir avec un moteur de recherche. À la différence qu’elle utilise des photos au lieu de mots pour faire son travail.
Le 09 mars 2020 à 09h06
Commentaires