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Intel doit maintenir le contrôle de ses usines pour garder ses subventions américaines

Perfusion sous conditions

Intel doit maintenir le contrôle de ses usines pour garder ses subventions américaines

Crédits : Unsplash

Intel recevra moins d’argent que prévu dans les subventions accordées par le gouvernement Biden via la loi CHIPS.  Le montant final, de 7,86 milliards de dollars, est adossé à plusieurs conditions, notamment de garder le contrôle des usines. Parallèlement, on apprend que Qualcomm abandonnerait son idée de rachat.

Le 29 novembre à 16h09

Le CHIPS (Creating Helpful Incentives to Produce Semiconductors) and Science Act est une loi américaine signée par le président Joe Biden en aout 2022. Objectifs, stimuler la recherche nationale et la fabrication de semi-conducteurs aux États-Unis, grâce une enveloppe faramineuse de 280 milliards de dollars. Pour la seule fabrication des puces au sein de ses frontières, le pays a prévu d’allouer 39 milliards de dollars.

Avec cette loi ambitieuse, les États-Unis veulent ramener la production des puces informatiques sur leur sol. Intel, en tant que géant dans ce domaine, était donc bien placé pour recevoir une importante subvention. Il avait été décidé initialement de lui allouer 8,5 milliards de dollars. Une somme préliminaire annoncée par Joe Biden lors d’une visite du président dans l’usine d’Intel en Arizona.

La somme allouée sera cependant moins importante que prévu.

600 millions de dollars en moins

La somme finale est donc moins élevée, mais de 7,865 milliards de dollars tout de même, soit une baisse de 600 millions. La somme se décompose ainsi : 3,94 milliards de dollars pour ses projets en Arizona, 500 millions de dollars pour le Nouveau-Mexique, 1,5 milliard de dollars pour la nouvelle usine en construction dans l’Ohio et 1,86 milliard de dollars pour l’Oregon.

« Ce financement soutiendra directement l'investissement américain d'Intel, qui devrait s'élever à près de 90 milliards de dollars d'ici la fin de la décennie, dans le cadre du plan d'expansion global de l'entreprise, qui s'élève à plus de 100 milliards de dollars. Le ministère déboursera les fonds en fonction de l'achèvement des étapes du projet par Intel », indiquait un communiqué du ministère du Commerce le 26 novembre.

« Un fort soutien bipartisan pour restaurer le leadership américain en matière de technologie et de fabrication est à l'origine d'investissements historiques qui sont essentiels à la croissance économique à long terme et à la sécurité nationale du pays. Intel s'engage fermement à faire progresser ces priorités communes en développant davantage ses activités aux États-Unis au cours des prochaines années », s’est félicité le patron d’Intel, Pat Gelsinger.

Sous le vernis

L’allocation de cette subvention était adossée à plusieurs critères. L’objectif du CHIPS Act étant d’aller aussi vite que possible, aucun des plans dressés par les entreprises subventionnées ne pouvait s’étaler au-delà de 2030. Or, ceux d’Intel ont été modifiés, la société ne pouvant être aussi rapide dans ses développements que prévu.

Intel prévoyait ainsi de créer deux nouvelles usines, devant aboutir à la création de 10 000 emplois. Le chantier de l’une des deux a commencé dans l’Ohio, à New Albany. La seconde ne sera pas achevée dans les temps, le chantier n’ayant d’ailleurs pas commencé. Les prévisions sont aujourd’hui de 3 500 emplois créés pour l’usine en Ohio, même si l’objectif de 10 000 emplois reste d’actualité pour les deux usines confondues. En outre, l’usine en Ohio devait commencer à produire des puces dès l’année prochaine, mais cette production a glissé vers la fin de la décennie.

En outre, la décision tient compte d’un contrat signé entre Intel et le Pentagone le 16 septembre, pour un montant de 3 milliards de dollars. La nouvelle avait été précédée de fortes rumeurs, la confirmation provoquant un sursaut du titre Intel, largement érodé ces dernières années.

Des conditions financières strictes

Dans un document publié le 27 novembre par Intel à destination de la Securities and Exchange Commission (SEC), on apprend en outre plusieurs éléments intéressants, dont des « restrictions de changement de contrôle ».

Dans le cadre de la généreuse subvention allouée à Intel, l’entreprise s’engage ainsi à garder un minimum de 50,1 % des droits de propriété et/ou de vote sur son activité de fonderie, autrement dit ses usines. Ce chiffre est donc valable quelle que soit la situation, qu’Intel garde ses activités de fonderie ou qu’elle scinde sa structure pour en faire une activité dédiée. On sait depuis que c’est le deuxième cas qui s’applique : Intel Foundry est devenu une filiale en septembre, pour faciliter l’ouverture à de nouveaux clients.

Puisque l’activité fonderie est devenue entité indépendante, une autre condition s’applique. Dans le cas où la filiale entrerait en bourse, aucun actionnaire unique ne pourra dépasser les 35 % de parts. Seule exception : qu’Intel soit l’actionnaire majoritaire.

Marasme

Ces conditions ne sont pas étonnantes. Le CHIPS Act doit atténuer la forte dépendance des États-Unis à l’Asie pour la production des composants informatiques. Le texte perdrait une partie de sa dimension stratégique si la propriété des entreprises américaines pouvait être diluée dans les capitaux étrangers.

Pour autant, ces conditions empêchent Intel de se séparer de ses usines américaines. Et la période est particulièrement trouble, le fondeur étant plongé dans un marasme économique tenace. Le mois dernier, comme pointé alors par le New York Times, Intel a enregistré les plus grosses pertes trimestrielles de ses 56 ans d’histoire, avec 16,6 milliards de dollars. Une semaine avant, le journal américain se demandait si les aides massives accordées à Intel n’allaient provoquer un retour de flamme.

Qualcomm ne serait plus intéressée par Intel

Selon Bloomberg, Qualcomm abandonnerait l’idée de racheter Intel, une rumeur explosive apparue il y a deux mois dans les colonnes du Wall Street Journal. Quelques semaines plus tôt, Reuters avait déjà indiqué que Qualcomm était intéressée par certaines activités d’Intel, dont la conception de puces.

Qualcomm reculerait sous l’accumulation de difficultés. Financières d’abord, car la dette d’Intel s’élève aujourd’hui à 50 milliards de dollars. Réglementaires ensuite, car une telle acquisition, qui prétendrait à la couronne du plus gros rachat de l’histoire, serait intensément scrutée par toutes les autorités compétentes. En des temps marqués par une reprise des enquêtes pour abus de position dominante, la perspective a de quoi refroidir.

En outre, Pat Gelsinger a affirmé plusieurs fois qu’il n’était pas question de scinder Intel, même si certaines divisions pourraient être vendues, notamment Altera, pour laquelle Lattice Semiconductor s’est déjà positionnée. Qualcomm pourrait faire de même.

Enfin, les annonces des derniers jours ont probablement joué dans ce retrait. La subvention accordée à Intel, adossée à des conditions strictes sur le contrôle des usines, est en effet la clé de voûte d'une perfusion d'argent public indispensable au développement des activités de l'ex numéro un mondial des semiconducteurs.

Commentaires (1)

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Queuuuwaaa ??... Il y aurait donc un pays, ultralibéral de surcroît, où les subventions de l'État ont des contreparties contractuelles?? I'm shocked ! J'ose pas imaginer ce qu'on pourrait faire en France avec cette notion.

Intel doit maintenir le contrôle de ses usines pour garder ses subventions américaines

  • 600 millions de dollars en moins

  • Sous le vernis

  • Des conditions financières strictes

  • Marasme

  • Qualcomm ne serait plus intéressée par Intel

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