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4G : les déploiements peinent en zones blanches, l’État lance ses pistes d’accélération

Licences et pylônes, les nouvelles carottes

4G : les déploiements peinent en zones blanches, l'État lance ses pistes d'accélération

Le 02 août 2017 à 06h30

La couverture mobile est l'épine dans le pied numérique du gouvernement, qui affiche sa volonté d'accélérer fortement ses déploiements. De quoi mener à d'importantes négociations avec les opérateurs, alors que l'État pêche lui-même dans les zones blanches, où le problème est le plus sensible.

L'été est sous le signe des tensions entre les objectifs du gouvernement et ceux des opérateurs. Parmi eux, la couverture mobile des zones rurales est une contrainte forte pour l'État, qui cherche de nouveaux moyens d'encourager les groupes télécoms à déployer massivement la 4G... Quitte à rogner sur le prix des licences des fréquences mobiles et quelques rentrées fiscales en échange d'obligations de déploiement plus fortes.

Depuis plus de deux ans, élus locaux et parlementaires se plaignent ouvertement de la mauvaise couverture des zones peu denses. En mai 2015, le gouvernement signait un accord avec les opérateurs pour résorber les zones blanches et grises, lançait un plan France Mobile avec plateforme de signalement en décembre 2016, après avoir renforcé les pouvoirs de l'Arcep sur la question, alors que le territoire est censé être couvert depuis plus d'une décennie.

Depuis janvier 2016, l'Arcep tient un observatoire précis des déploiements mobiles (2G, 3G et 4G) dans les zones peu denses, montrant les dysfonctionnements de la collaboration entre public et privé. L'État fournit à ses frais des pylônes où installer des antennes 2G et 3G en zones blanches, chaque commune étant attribuée à un opérateur, qui a six mois pour l'installer. Les derniers chiffres, datés de juillet, illustrent encore les problèmes de pose de ces fameux supports publics, au moment où l'Arcep envisage des solutions pour accélérer l'arrivée de la 4G. 

En zones blanches, 16 pylônes installés depuis janvier, 280 en attente

Les objectifs fixés par le gouvernement précédent étaient clairs : l'ensemble des centres-bourgs en zones blanches devaient disposer de la 2G fin 2016 et de la 3G en juin 2017. Las, les deux échéances ont été manquées. Non pas à cause des opérateurs, qui déploient les antennes sur les centres-bourgs dont ils ont la charge, mais des pylônes qui peinent à être construits (voir notre analyse). En novembre, l'Agence du numérique nous détaillait les difficultés concrètes à ces installations, notamment les terrains difficiles à trouver.

Où en est-on en juillet ? Sur 3 582 centres-bourgs à couvrir, 3 290 le sont via des antennes mutualisées entre tous les opérateurs, sur des pylônes publics. C'est huit antennes de mieux qu'en avril, mais toujours 292 manquantes. Bouygues Telecom, Orange et SFR ont donc posé quelques équipements supplémentaires, en attendant 55 points hauts où poser les dernières. En fait, c'est Free Mobile qui attend la majorité des 280 supports manquants : 225 lui sont dévolus. Arrivé plus tard dans le plan, il doit déployer ses neuf premières antennes dans les centres-bourgs avec pylônes lui étant attribués.

Arcep 4G zones peu denses juillet 2017
Crédits : Arcep

Entre janvier et avril, aucun nouveau point haut n'a été installé dans le cadre du plan zones blanches. Entre avril et juillet, seuls 16 ont fait leur apparition. Cet important retard peut encore durer longtemps, l'Etat n'ayant pas de contrainte directe dans ces déploiements, sinon la grogne des habitants de ces zones reculées.

Sur la 3G, les changements sont plus importants. Sur 3 816 zones à couvrir, SFR en a traité 140 nouvelles en trois mois, suivi d'Orange (127) et Bouygues Telecom (116). Avec 3 523 antennes posées, ils atteignent entre 97 % et 99 % des communes disposant d'un pylône, donc tiennent leurs engagements.

« Les opérateurs déclarent avoir respecté cette obligation. Ils indiquent toutefois rencontrer, dans 3 communes, des difficultés pour l'implantation du pylône. Une campagne de vérification sur le terrain sera réalisée au second semestre et ces 3 cas particuliers seront suivis avec attention » note tout de même l'Arcep. Les équipements 3G de Free Mobile sont encore absents dans ces communes.

La 4G peut-être partout sous deux ans, l'Arcep songe à une ristourne

Du côté de la 4G, les opérateurs mobiles disposant de fréquences dans les 800 MHz (tous sauf Free Mobile) tiennent bien leurs engagements, avec 40 % de la population en zones peu denses en disposant en janvier. La couverture a depuis bien augmenté, SFR étant en tête (à 74 % contre 66 % en avril), suivi d'Orange (à 69 % contre 57 %) et de Bouygues Telecom (67 % contre 63 %). La prochaine échéance, fixée à 90 % de la population rurale couverte en 4G 800 MHz au 17 janvier 2022, est donc bien lointaine. Pour sa part, Free Mobile couvre 47 % des habitants de ces zones.

Il est peu probable qu'une accélération soit nécessaire pour tenir cet objectif. Plus globalement, la couverture du territoire en 4G devrait être effectuée confortablement dans les deux prochaines années, comme le souhaite le gouvernement. Selon le Cerema, qui suit notamment l'aménagement du territoire, « au rythme actuel de 610 sites par mois, cela porterait une échéance de déploiement de 4G sur tous les supports à 19,5 mois, soit février 2019 ». Les principaux problèmes restent, selon le centre, l'acceptabilité et l'intégration de ces points hauts dans le paysage.

Alors qu'Emmanuel Macron réclame la 4G partout sous deux ans, avec l'idée de faire pression sur les groupes télécom, il se pourrait qu'un tour de vis soit peu utile.

Les déploiements n'ont d'ailleurs pas souffert de l'été, comme le montrent les derniers chiffres déclarés par les opérateurs à l'Agence nationale des fréquences (ANFR). Pourtant, l'État et les opérateurs négocient des incitations à l'accélération. Comme le relevait Le Monde le mois dernier, est entre autres envisagé un plafonnement de la taxe IFER sur les antennes mobiles, revenant aux collectivités. Il était réclamé officiellement par la Fédération française des télécoms pendant la campagne présidentielle et poussé, plus officieusement, lors de l'examen de la loi Montagne au parlement l'an dernier.

Un autre serpent de mer plait, lui, au gendarme des télécoms. Dans un entretien à Reuters, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, a suggéré de rogner sur les milliards d'euros des prochains renouvellements de licences mobiles (pour utiliser les fréquences), en échange d'obligations plus contraignantes sur les déploiements. L'idée semble autant séduire les opérateurs que les collectivités, l'Avicca militant pour cette idée depuis des mois.

Commentaires (13)

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ça m’amuse de voir l’ARCEP proposer de faire baisser le prix des licences contre de nouvelles obligations de déploiement, quand je pense aux débats qui avaient lieu dans les années 2000 lors des attributions de licences UMTS (3G) dans toute l’Europe avec des enchères qui s’annonçaient en milliards d’euros alors que la France pratiquaient encore la sélection comparative (“concours de beauté”).



Quelques avis de l’époque du début des années 2000 pour se rendre compte du fantasme dans lequel on vivait à l’époque :

 - Télécoms: l’Etat schizophrène. - liberation.fr - 20/04/2000

 - UMTS : fallait-il choisir un concours de beauté ? - Revue d’économie politique - 2001

 

 Surtout quand on sait aujourd’hui que Orange (ex-FranceTelecom) et T-Mobile ont quitté le marché britannique. En France on continue avec une régulation semi-néolibéralisme/semi-mercantilisme, mi-enchère/mi-obligations avec cahier des charges (dont l’exécution est plus ou moins contrôlée).



Ceci-dit, tout ne va pas si mal pour le consommateur, mais que d’atermoiements et de lenteurs dans l’aménagement du territoire (la fracture numérique, c’est comme la fracture sociale, elle se creuse peu à peu).

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Si tu lis l’article, c’est l’état qui traine les pieds, a cause des communes, des équipes d’installation, du materiel ou que sais-je encore…

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C’est fou, ici en Corrèze on a commencé à avoir la 4G l’an dernier (là où je suis en tout cas), et cet été je viens de voir que toutes les antennes du coin émettent en 4G, et on reçoit super bien partout, même là où avant on avait 0 réception (2/3/4g).

Ça fait une bonne alternative à l’ADSL qui plafonne à 3Mbps là où je suis, quand y’a besoin de chopper un gros fichier je bascule en 4G (qui passe à 55 Mbps) et hop!

 

Je trouvais que ça progressait bien, mais je vois avec ton commentaire que c’est pas le cas partout..



Courage !

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Est ce que les opérateurs ne font pas exprès de trainer la patte et laisser pourrir la situation pour obliger l’état à financer tout cela (comme indiqué dans l’article via des baisses sur la licence ou des pylones gratuits) …



Pourquoi investir dans quelque chose de peu rentable qui finira par être subventionné ?

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Les déploiements sont négociés entre l’État et les 4 opérateurs mobile. Qui dit négociation, dit forcément “effets d’annonce” (par exemples, E.Macron qui prévoit le haut-débit partout en France en 2020 - SFR qui prétend déployer la fibre partout en France en dépit des Réseaux d’Initiative Publique), exigences excessives, etc.




 En d'autre terme, si ce n'est pas inscrit dans leur licence d'exploitation, les opérateurs privés n'ont aucune obligation d'y aller (l'aménagement du territoire n'est pas leur rôle). Si c'est subventionné, c'est parce que l’État et les Collectivités locales ont besoin de déployer les réseaux telecom dans des zones de population peu denses.
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Le FFTH ne peut pas plafonner à 1 Mo. On vend la fibre avec au moins du 50Mo.

Tu dois confondre cette technologie avec l’ADSL.

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même sans parler de 4G, déja un réseau qui fonctionne partout, tout le temps…



Ce week-end traversée de la Belgique et voyage en Hollande, 4G full bar en continu, mon stream audio n’a jamais sauté (sauf aux frontière le temps que le roaming se mette, normal quoi), de retour en France, tu tient pas 10km sans que le stream saute…



Et c’est pas une histoire de plat pays, la Flandre Française entre Dunkerque et Calais est touchée :O



Que les opérateurs et l’état regardent à coté

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Graphico a écrit :



C’est là que l’on voit les méfaits du libéralisme… 





Enfin faut voir aussi les méfaits de la nationalisation à outrance : je rappelle que durant des années durant la période des PTT, le réseau téléphonique publique souffrait d’un manque énorme d’investissements, des temps d’attente pour créer une ligne qui se comptaient en années, des appels qui se coupaient… Il a fallu que le pouvoir politique s’en mêle pour que ça puisse avancer.

 

 La solution choisie pour les licences 4g est pas si mal avec les obligations en zone de déploiement prioritaire et en zone blanche, il y a juste des délais bien généreux qui sont embêtants (et encore, les opérateurs sont en avance dessus)


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si ça peut aider : &nbsphttps://www.monreseaumobile.fr

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l’arcep à le même ressenti que moi <img data-src=" />

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En plus le fait d’être en 3G ou 4G n’est pas vraiment le problème. Au fin fond de la Haute-Loire, j’ai une maison dans un petit village ou je capte tres bien la 3G (3 ou 4 barres sans problème en permanence) mais le débit en data ne dépasse jamais quelques dizaines de ko/s, quel que soit l’opérateur (j’ai testé Free, Orange, SFR et Bouygues), quelle que soit l’heure dans la journée, et la période dans l’année. De plus, même les appels voix sont difficiles à établir avec un son de mauvaise qualité, et les SMS passent une fois sur deux…&nbsp;

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Peut-être un dysfonctionnement à signaler à l’opérateur ? Chez moi je suis passé d’un jour à l’autre d’un fonctionnement 3G normal à celui que vous décrivez. J’attendais la réparation en imaginant que l’opérateur connaissait la panne, puis ne voyant rien venir je me suis décidé à appeler après quelques jours. En fait ils n’était pas au courant, ça a été réparé dès le lendemain par une intervention sur place.

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Il y a un mépris particulier pour ces zones non rentables par les opérateurs en général. Dans le village de ma mère, un trou de 50 habitants en plein centre de la corse, elle paye le tarif fort pour un debit ffth de 1Mo au mieux, le petit matin. le réseau orange passe mal et il faut aller à l’extrémité du village pour recueillir ses messages 2G et voir qui vous a appelé via le réseau SFR. Quant aux deux autres, même pas la peine d’y penser.

Ma copine, elle est dans le Larzac, zone aussi largement abandonnée: là, il faut faire 2km en voiture pour entr’aperçevoir une barre sur son mobile et vérifier ses messages.

On est pas près de régler le problème des zones blanches.

Et je repense à il y a maintenant 40 ans, où tout le monde avait le minitel dans toutes les communes de France.

C’est là que l’on voit les méfaits du libéralisme…

4G : les déploiements peinent en zones blanches, l’État lance ses pistes d’accélération

  • En zones blanches, 16 pylônes installés depuis janvier, 280 en attente

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