Microsoft diffuse depuis peu une mise à jour fonctionnelle pour Windows 11. Baptisée en interne « Moment 4 », elle apporte des nouveautés au système, même si elle est pour l’instant optionnelle. En Europe, tout n’est cependant pas accessible, notamment le Copilot.

Microsoft aime changer de rythme de parution pour ses mises à jour majeures. On se souvient pour Windows 10 que l’éditeur proposait une version semestrielle. C’était le bazar : chacune de ces moutures avait un nom propre, un numéro de version ainsi qu’un numéro de build. Par exemple, la version November 2019 de Windows 10 portait le numéro de version 1909.

Avec Windows 11, le rythme s’est adouci. Nous sommes actuellement sur une évolution majeure par an, la dernière mouture importante étant la 22H2, pour « deuxième semestre 2022 ». Et alors que l’on attendait une 23H2 particulièrement riche en nouveautés, Microsoft déploie ces apports en deux temps, avec une mise à jour Moment 4 (KB5030310) disponible depuis la semaine dernière.

Comme nous allons le voir, les apports sont pour la plupart centrés sur l’IA.

Un Copilot, mais pas pour l’Europe

La nouveauté la plus visible de cette mise à jour est aussi celle que les résidents européens ne peuvent pas voir : le Copilot. Il s’agit, dans les grandes lignes, du même assistant que celui disponible dans Bing, avec des adaptations spécifiques à Windows. Il dispose d’ailleurs de son propre raccourci clavier : Windows + C.

Globalement, on peut lui poser les mêmes questions, comme générer un texte à partir de certaines instructions, demander à résumer une page web, des renseignements de type culture générale et tout ce que l’on peut demander à un moteur de recherche

Mais quitte à intégrer la fonction dans Windows et à lui faire prendre le relai de Cortana – qui prendra définitivement sa retraite à la fin de l’année – Copilot intègre des fonctions dédiées au système. On peut par exemple lui demander d’accéder à n’importe quel réglage ou déclencher des changements comme le passage en thème sombre.

On imagine bien le potentiel de la fonction, puisque le Copilot devrait faire gagner du temps aux personnes ayant besoin rapidement de quelque chose, sans avoir à plonger dans les entrailles du système.

Problème, Copilot n’est pas disponible en Europe. La « faute » au DMA, avec lequel Microsoft n’est pas encore en phase. Dans une déclaration faite à DrWindows, la firme a cependant indiqué que la fonction devrait être proposée sur le Vieux continent d’ici mars 2024 au plus tard.

En attendant, il existe un moyen de contourner cette carence, si on tient absolument à tester le Copilot : ouvrez le panneau Exécuter avec Windows + R, puis entrez la commande « microsoft-edge://?ux=copilot&tcp=1&source=taskbar ».

On sent toutefois que Copilot n’est pas encore censé fonctionner chez nous : les réponses sont lentes et toutes les fonctions ne sont pas disponibles. Sur une requête simple comme « Active le thème sombre », il commence par écrire une réponse, puis l’efface subitement pour indiquer que l’action n’est pas possible. Sur une autre machine, Copilot nous a même répondu comme s’il était Bing : « Je suis désolé, mais je ne peux pas passer en thème sombre. Le thème sombre est une option que vous pouvez choisir pour votre PC, pas pour moi ».

Il vaudra mieux revenir dans quelques mois quand le Copilot sera finalisé pour l’Europe pour se faire une idée plus précise de son utilité réelle. Pour les personnes ayant déjà de bonnes connaissances générales en informatique, il est peu probable que le Copilot soit très utile au quotidien.

De l’IA dans Capture d’écran, Photos et… Paint !

Voilà du neuf que l’on n’attendait pas forcément : Paint sait maintenant supprimer les arrière-plans, via un nouveau bouton disponible en bas à gauche de la barre d’outils. La fonction donne d’assez bons résultats, mais ils peuvent largement varier selon l’image utilisée, comme on peut le voir avec le fond d’écran par défaut de Windows 11.

Le nouveau Paint devrait normalement avoir d’autres fonctions. Mais comme pour Copilot, il semble que l’Europe doive s’en passer. Non seulement Paint récupère en effet un Cocreator capable de générer des images en fonction des instructions données, mais il gère également les calques, via un bouton situé tout à droite de la barre d’outils, après les couleurs. Paint prend aussi en charge la transparence et peut sauvegarder dans des PNG idoines.

Dans Photos, la visionneuse d’images intégrée et capable de gérer des collections, on trouve plusieurs nouveaux effets de flous d’arrière-plan. Là encore, les résultats sont plutôt bons, même si dans nos essais, le bras d’un avatar dans No Man’s Sky s’est retrouvé amputé.

Quant à l’outil de Capture, il se dote de fonctions OCR. En clair, si vous réalisez une capture – en passant par exemple Windows + Maj + S – la fenêtre de modification disposera d’un nouveau bouton tout à droite pour repérer le texte. On pourra alors sélectionner manuellement certains passages, copier l’ensemble ou faire une extraction rapide d’informations comme les adresses email et les numéros de téléphone. La fonction se révèle performante et utile.

Des ajouts intéressants un peu partout

Outre les fonctions liées à l’IA, certains éléments de Windows 11 se retrouvent enrichis par des ajouts plus classiques. L’Explorateur, par exemple, bénéficie d’une légère modernisation graphique et ajoute une vue Galerie, disponible depuis les favoris en haut à gauche. Rien de bien fou cependant, le raccourci n’est là que pour afficher les dernières images stockées dans OneDrive.

L’Explorateur peut également ouvrir un plus grand nombre de formats d’archives : les .7z, .rar, .gz, .tar, .bz2 et .tgz sont ainsi pris en charge. On note cependant un délai plus long à l’ouverture de la fenêtre, ce qui n’est jamais bon à prendre.

Le Bloc-notes réagit de son côté comme un navigateur désormais. Si vous avez plusieurs onglets ouverts avec du texte non sauvegardé, l’application peut quand même se fermer et se rouvre en l’état. Le comportement à l’ouverture peut être modifié dans les options.

Windows 11 prend également en charge les passkeys, ou clés d’accès dans la langue de Racine. Leur gestion peut se faire depuis Paramètres > Comptes > Clés d’accès. Pour rappel, ces clés doivent à terme remplacer les mots de passe, en simplifiant la procédure et en la rendant plus robuste. Nous avons déjà détaillé le concept, et y reviendrons bientôt avec un angle plus pratique.

• Que sont les passkeys, comment on s'en sert ?

Enfin une application dédiée à la sauvegarde, mais…

La mise à jour inaugure un outil que nous appelions de nos vœux depuis bien longtemps : Sauvegarde Windows. Une application dédiée à la préservation des données importantes et de certains réglages.

Tout est rassemblé dans une fenêtre unique, découpée en plusieurs catégories. Dans chacune, on peut vérifier les éléments de chacune.

Seulement voilà, l’outil est très limité dans son état actuel. La raison principale : il ne sait sauvegarder ces informations que dans le cloud. Et par cloud, nous entendons bien sûr OneDrive. Pas question donc de créer un fichier d’archive sur un support externe. Une manière de ne pas quitter la machine et d’engranger les données sur OneDrive, qui nécessitera peut-être un abonnement pour agrandir l’espace de stockage, ce dernier étant de 5 Go seulement sur les comptes gratuits.

Autre problème, il n’est pas possible de modifier la liste des éléments sauvegardés. Certes, de nombreuses informations importantes sont sauvegardées, comme les réseaux Wi-Fi et mots de passe, mais la liste est figée. C’est d’autant plus étrange que si l’on se rend sur l’aide de l’outil, les captures montrent des interrupteurs sur chaque réglage, et la possibilité de sauvegarder d’autres dossiers. Dans tous les cas, on ne peut pas pointer d’autres dossiers que ceux proposés, la sauvegarde étant directement liée à OneDrive.

À noter que tout ce qui concerne Edge n’est pas pris en charge par Sauvegarde. Ces données sont gérées à part par la synchronisation interne du navigateur.

Les sauvegardes sont horodatées et pourront servir en cas de configuration d’un nouveau PC ou de réinstallation de Windows. L’assistant de démarrage proposera automatiquement de restaurer la dernière sauvegarde disponible, mais on pourra en choisir une autre, provenant par exemple d’une autre machine.

On regrette cependant que l’outil n’en fasse pas davantage. Microsoft tient à ce que les données soient toutes dans OneDrive, et c’est bien dommage. La sauvegarde aurait pu par exemple se faire par défaut dans OneDrive, tout en proposant d’autres fonctions locales. On avait espéré un équivalent pour Windows de Time Machine sur les Mac, il n’en est rien.

Un nouvel Outlook pour remplacer Courrier et Calendrier

Enfin, cette mise à jour de Windows signale le début du déploiement du nouvel Outlook. Il faut bien l’appeler ainsi, puisqu’il s’appelle toujours Outlook, mais ne doit pas être confondu avec l’application existante de la suite Office, ni avec le service Outlook.com servant de webmail pour les comptes Microsoft gratuits.

Nous avions déjà abordé ce nouvel Outlook, conçu à partir de la version web et agrémenté de fonctions supplémentaires, comme les Étapes rapides. En l’état, pour remplacer Courrier et Calendrier, ce nouvel Outlook ne s’en sort pas trop mal, mais il lui manque encore d’évidentes fonctions. Il ne propose par exemple pas de boite universelle pour concentrer les boites de réception de tous les comptes inscrits et ne sait toujours pas configurer de compte IMAP standard, seuls les comptes Microsoft, Gmail, Yahoo et iCloud étant pris en charge.

Microsoft ayant l’ambition de remplacer également l’Outlook existant par celui-ci, la grogne des utilisateurs risque d’être palpable. La nouvelle application ne gère en effet pas les fichiers PST et ne possède pas les Actions rapides classiques. Il y a bien les Étapes rapides, mais certaines absences sont étranges. Par exemple, dans la liste des actions possibles, la catégorie Répondre ne possède pas d’action Répondre.

On ne comprend pas bien ce que cherche à faire Microsoft avec cette application qui, en l’état actuel, ne semble pas terminée. La bascule depuis Courrier et Calendrier démarre pourtant et elle est obligatoire.

Installer la mise à jour

Comme indiqué précédemment, cette mise à jour est optionnelle. Tant que Microsoft ne décide pas de l’imposer, elle n’apparaitra pas par défaut dans Windows Update. Pour la voir, il faut cocher la case « Recevez les dernières mises à jour dès qu’elles sont disponibles » puis cliquer sur le bouton « Rechercher les mises à jour ».

Même si cette Moment 4 contient bon nombre d’ajouts, l’installation n’est pas plus longue que d’autres mises à jour plus classiques.

On attend également de savoir avec plus de précisions ce qui va constituer la grosse version annuelle 23H2, puisque les rumeurs tablaient jusqu’à présent sur une inclusion des nouveautés qui ont donné la Moment 4.