Contrôle fiscal et surveillance des réseaux sociaux : les précisions de Bercy
e-contrôle fiscal
Le 12 novembre 2018 à 16h53
4 min
Droit
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Gerarld Darmanin a indiqué dans l’émission Capital que les services fiscaux allaient scruter les réseaux sociaux pour détecter des incohérences entre le train de vie affiché par certains comptes et les déclarations fiscales des contribuables. Questionnée, la DGFIP nous a donné plusieurs éclairages sur l’expérimentation
La petite phrase du ministre de l’Action et des comptes publics a sans surprise généré de nombreux articles et commentaires sur Internet. Comme expliqué dans notre actualité détaillée, une base de données exploitée par le fisc sera nourrie des contenus disponibles publiquement sur les réseaux sociaux. Celui qui se fait par exemple prendre en photo avec une voiture de luxe pourra alors susciter l’attention des services en amont d’un contrôle.
Questionnée, la DGFIP nous a expliqué que cette expérimentation lancée en 2019 visera « essentiellement à détecter les revenus occultes (via une discordance entre le train de vie et les revenus déclarés) et la fraude aux résidences (les contribuables qui se déclarent faussement non résidents) ».
Les maisons, résidences, appartements, etc. pris en photo sur Facebook, Twitter ou Instagram seront donc également scrutés par Bercy. Pas seulement ceux qui se pavannent avec une voiture un peu trop luxueuse...
Cette base permettra « d’enrichir les données fiscales déjà détenues par l’administration de données publiques, mises volontairement en ligne par les contribuables, pour détecter des cas de fraude potentielle ».
Ni preuves, ni surveillance généralisée des Français
Une précision de taille : « Les données ouvertes qui seront utilisées ne serviront que d’indices qui, croisés avec d’autres données, peuvent conduire l’administration à ouvrir un contrôle ».
« En aucun cas des redressements n’interviendront sur la seule base de telles données, insiste la direction, et il n’y aura aucune inversion de la charge de la preuve : il incombera toujours à l’administration de démontrer la fraude, sur la base d’éléments objectifs. Il ne s’agit donc absolument pas d’une surveillance généralisée de tous les Français ».
Quelle est la base légale d’une telle exploitation de cette base de données ? « L'expérimentation est prévue en 2019, répète la DGFIP, il est encore trop tôt pour répondre aux questions pratiques, le dossier est en cours de préparation par l'administration fiscale ». Une certitude : « toutes les actions de contrôle menées (...) font l'objet d'un dépôt à la CNIL et de l'obtention d'un accord avant toute mise en place. Il en sera de même pour cette expérimentation. Le cadre technique et juridique sera précisé ultérieurement. »
Les documents de politique transversale
Confirmant nos informations, ce test s’inscrit bien dans la lignée des éléments diffusés dans le Document de Politique Transversale pour 2018, celui intéressant la lutte contre la fraude fiscale.
On y découvre que la Direction générale des finances publiques a en effet constitué « une équipe spécialisée qui réunit progressivement dans un entrepôt unique des données issues des applications professionnelles, personnelles et patrimoniales de la DGFiP ». Et c’est cet entrepôt qui sera nourri progressivement par les données de sources ouvertes, comme le précise cette fois le DPT 2019.
« La mission requêtes et valorisation (MRV) avait déjà élargi ses activités de datamining aux particuliers à partir de données déjà détenues par la DGFiP. La CNIL a bien rendu un avis favorable pour l'élargissement aux particuliers et pour 2 ans en juillet 2017 » nous détaille encore la DGFIP. Par contre l'arrêté du 28 août 2017 qui a orchestré l’introduction du datamining à Bercy est « sans lien avec l'expérimentation à venir ». Dernière précision : « aucun appel d’offres n’a été lancé sur la nouvelle expérimentation évoquée par le Ministre. Aucune entreprise n’a donc eu l’occasion de se positionner sur ce sujet ».
Contrôle fiscal et surveillance des réseaux sociaux : les précisions de Bercy
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Ni preuves, ni surveillance généralisée des Français
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Les documents de politique transversale
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 12/11/2018 à 19h17
C’est vachement bien les réseaux sociaux …
C’est big brother, mais en plus t’y va de ton plein gré… même Orwell ne l’aurait pas imaginé.
Enfin perso je suis plutôt pour, si ça sert a choper les abus chez le prolétariat, pas de raison que la bourgeoisie ait un traitement de faveur.
Le 12/11/2018 à 21h19
Faut se prendre en photo à la pompe une fois le plein fait, cela devient un signe extérieur de richesse.
Trêve de plaisanterie, cela revient quand même, peut importe les mots utilisés, à un fichage global du contribuable ou chaque élément peut être utiliser à charge durant toute sa vie de contribuable.
Le 12/11/2018 à 22h41
ça me donne envie de revoir “Le Dîner de Cons” avec le personnage du contrôleur fiscal qui scrute chaque “indice” (comme ils disent).
INpressionnant Daniel Prévost.
Le 12/11/2018 à 23h10
Rigolez pas trop les gars , si on nous prends en photo avec une bagnole pourrit il y aura quand même un mec pour nous suspecter de foutre notre fric ailleurs…" />
Le 13/11/2018 à 00h43
Et même contre son gré : il suffit de connaître des gens qui ne pourront pas s’empêcher de poster une photo de toi dans ton meilleur jour ou toute information te concernant, et tu n’en auras aucun contrôle.
Les réseaux sociaux ont l’extrème avantage de transformer les autres même amis IRL en potentiels ennemis, car ces autres n’ont aucune idée de la valeur des conneries qu’ils disent… Et donc on peut répertorier même les gens qui évitent ces outils.
Rien que l’histoire des comptes fantômes Facebook en disaient long. D’ici que le fisc français demande l’accès…
Le 13/11/2018 à 06h25
Ça fait suspect si je ne suis pas sur les réseaux sociaux usuels ? " />
J’suis que sur Mastodon et Peertube " />
Le 13/11/2018 à 06h26
Pour info, c’est loin d’être une nouveauté. Le fisc scrute d’ores et déjà les machins sociaux pour débusquer les fraudeurs.
Et cette mesure, c’est de la poudre aux yeux qui ne changera rien. Ils n’attraperont pas de gros fraudeurs avec car plus discrets, et potentiellement 3 petits fraudeurs à tout casser.
Le 13/11/2018 à 06h58
Bon faudra que je fasse gaffe avec mes screenshot de GT Sport. Sans déconner comment si la surveillance est confiée à un algorythme à la base, ils vont pouvoir détecter les photomontages et autres avatar de ce qui est vraiment réel ? Pas pour rien que je restrains ma visibilité à mon cercle d’amis
Le 13/11/2018 à 07h05
Jusqu’à ce qu’un(e) de tes ami(e)s n’ait pas limité l’accès :)
Le 13/11/2018 à 08h15
plus ancien et toujours avec Lhermite, tu as “Signes extérieurs de richesse” (83 ou 84… je me fais vieux " />) qui est pile poil dans le sujet (les rézosocio en moins)
Le 13/11/2018 à 08h18
Ce type de traitement existe depuis toujours, ils croisent le maximum d’infos et appliquent une formule pour voir s’il y a lieu de creuser plus loin.
Voici la formule utilisée, il y a plus de 20 ans:
Ils faisaient l’opération suivante:
Addition de 5 x la valeur locative de ton logement
plus 75% du prix de la voiture neuve
plus prix bateau de plus de 23 250 F
Si total > 308 000 F et > de 33% des revenus déclarés, il y a suspicion de sous déclaration, donc contrôle.
Maintenant ils élargissent et simplifient leur approvisionnement de données… " />
Il n’y a plus qu’à se lancer dans la génération de fake profils, avec des copier/coller de photos pour les occuper. " />
Le 13/11/2018 à 08h29
Au pire, s’ils ne détectent pas que c’est un photomontage, tu auras gagné un contrôle fiscal, comme 2% de la population chaque année. Pas de quoi en faire un drame.
Le 13/11/2018 à 08h32
Certes leurs méthodes sont dégoutantes, mais je crois qu’ils galèrent déjà à contrôler les plus gros fraudeurs alors bon… ça semble plus être du vent communicatif de vacuité qu’autre chose…
… ou bien c’est une énième “raison” de plus de nous ficher.
Le 13/11/2018 à 08h41
Les mecs n’arrivent déjà pas à détecter les fraudeurs au sein du gouvernement, sous leurs yeux, qu’est ce qu’ils vont aller chercher 3 petits truands via Facebook ?
La fraude fiscale en France est estimée à environ 100 milliards d’euros par ans, ils pensent réellement que ce sont quelques petits fraudeurs adeptes des réseaux sociaux qui creusent ce trou ?
Les gros fraudeurs sont déjà riches à millions et je ne pense pas qu’on puisse évaluer leur revenus via facebook.
On devrait chasser la baleine mais on préfère encore et toujours s’attaquer aux gardons.
Le 13/11/2018 à 08h52
Le 13/11/2018 à 08h54
les gros fraudeurs font de “l’optimisation fiscale” avec la bénédiction du président banquier…
Le 13/11/2018 à 08h59
Pour ça, le fisc n’a qu’à consulter tes comptes en banque ou inspecter ton smartphone.
Ce qui m’inquiète c’est cette donation régulière de nouveaux pouvoirs aux administrations.
Le FISC ce sont des comptables, pas des enquêteurs qui vont juger mon tinder ou mes propos politiques. La Justive a déjà du mal à trouver des professionnels « aveugles ».
Le 13/11/2018 à 09h15
Le 13/11/2018 à 09h19
C’est marrat, quand le fisc annonce qu’il va utiliser les réseaux sociaux pour dénicher des fraudeurs, y’en a qui passent en privé d’un coup … XD
https://www.instagram.com/patbalka/?hl=fr
Le 13/11/2018 à 09h20
Optimisation fiscale mise à part 100 milliards de fraude par ans ça ne se fait pas avec quelques maçons qui bossent au black. Les grands optimiseurs sont aussi de grands fraudeurs, sauf que leurs avocats et leurs comptables sont bien meilleurs que les inspecteurs du fisc.
Le 13/11/2018 à 09h22
Un petit principe qu’il est bon de garder en tête : Une mauvaise action n’en excuse pas une autre : une grosse fraude n’excuse pas les plus petites.
Ce n’est pas parce que le fisc n’a pas les moyens (humains et/ou matériels et /ou juridiques, etc…) d’épingler les plus gros fraudeurs qu’il doit se priver d’épingler les autres.
Le 13/11/2018 à 09h40
Admettons. Mais il faut alors adapter le discours parce que, tel qu’il qu’il est branlé actuellement, (Darmanin n’a pas le monopole du truc, hein, ça a été comme ça aussi loin que je me souvienne) ça donne l’impression que c’est surtout les “petites” fraudes qui coutent.
Les grosses, on en parle vite fait quand il y a un truc comme les Panama Papers ou pendant les élections et après, c’est silence radio…
Le 13/11/2018 à 11h22
le petites fraudes coutent énormément à la société et c’est pareil pour ces parasites de chômeurs qui fraudent tous évidement. Les autres sont de pauvres premiers de cordés qu’on n’empêche de vivre convenablement avec ce trucs de gagne petit, de sans dents qu’on appelle impôt.
Le 13/11/2018 à 14h53
Le 15/11/2018 à 19h49
Faut arrêter de côtoyer des gens pas éduqués…
Mais ce que tu dis est fichtrement vrai, j’ai passé des années a ne mettre que des photos ou je ne suis pas reconnaissable sur fb pour qu’une copine a ma femme y mette une photo de moi en me taguant :(
Le 12/11/2018 à 17h23
Ca va être drole tous ceux qui se font topher entre Ferrari et bimbo au salon de l’auto!
Le 12/11/2018 à 17h44
La Bimbo est-elle un signe de richesse ? " />
Sinon, plus sérieusement, j’avais raison de dire dans les commentaires du premier article sur ce sujet, que ces nouveaux traitements n’étaient pas couverts par la délibération de la CNIL de l’an dernier et qu’ils étaient donc soumis au RGPD (puisque postérieurs).
Le 12/11/2018 à 17h45
“mais non, monsieur le juge l’administrateur, ce compte en ligne ne m’appartient pas, vous n’avez aucune preuve que ces photos viennent de moi !”
Le 12/11/2018 à 17h48
Après le deep fake, le deep fisc ?
https://www.france24.com/fr/20180914-deep-fake-trucages-video-election-influence…
edit : ou fisc fake, je n’ai pas de préférence.
Le 12/11/2018 à 18h00
Fisc fucking " />
Le 12/11/2018 à 18h11
Le 12/11/2018 à 18h22
C’est trop tard, pour géolocaliser Johnny ? Quid des autres évadés fiscaux et la géolocalisation de leurs comptes Instagram ?