Karoutchi redépose sa proposition de loi couplant vidéosurveillance et reconnaissance faciale
Taupe ou encore
Le 27 novembre 2018 à 10h48
5 min
Droit
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Le sénateur Roger Karoutchi (LR) a déposé une proposition de loi visant à autoriser la reconnaissance faciale dans les enquêtes terroristes. « Et si la reconnaissance faciale était un moyen supplémentaire d'éviter les attentats ? » s’interroge-t-il faussement.
Pour aiguiser la lutte contre le terrorisme et assurer sa prévention, l’élu veut permettre le couplage du fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) et du fichier des personnes recherchées (FPR). Tel est l'objet de sa proposition de loi. Les données glanées serviraient à constituer « une base de données fiable, qui sera ensuite reliée à un système de vidéoprotection » (nom donné à la vidéosurveillance dans le domaine public).
En clair, l’idée est d’associer les données nominatives des « fichés S » aux clichés anthropométriques du FAED prévus à l’alinéa 6 de l’article 4 du décret du 8 avril 1987 (vues de face, de profil, etc.). Dernière étape : le système procèderait à une comparaison en temps réel de ces informations avec les images captées par les caméras de surveillance placées dans la rue.
Par cet écrémage, les services du renseignement sauraient théoriquement tout de ces personnes soupçonnées d’être à l’origine de menaces graves pour la sécurité publique ou la sûreté de l'État, du moins lorsqu'elles se déplacent sous l'oeil d'une caméra installée dans la rue.
Seuls les fichiers S seraient identifiés ou localisés
« Aucune autre personne (que les fichiers S) ne pourra être identifiée ou localisée au moyen de ce dispositif » s’enchante Roger Karoutchi. « Comme l'a fort justement fait remarquer la Commission nationale de l'informatique et des libertés, la reconnaissance faciale ne doit pas faire peser des risques sur les libertés individuelles. Il y a donc lieu de prévoir un cadre juridique adapté » explique-t-il avant de dérouler son texte.
L’article 1 vise à introduire dans le Code de la sécurité intérieure un traitement automatisé destiné à comparer « les images ainsi obtenues aux données anthropométriques ». En pratique, il reviendrait au Premier ministre de prendre la décision d’autoriser ce couplage, et plus spécialement de définir le « champ technique de la mise en œuvre de ce traitement ».
Un avis préalable de la CNCTR
Cette autorisation serait accordée après avis de la Commission nationale de contrôle des techniques du renseignement (CNCTR). Le sénateur ne dit pas que cet avis devrait être impérativement suivi, le cas échéant il ne serait donc que simple, avec la possibilité pour le Premier ministre d’ignorer les éventuelles réprimandes du « gendarme » du renseignement. Les détails techniques de cette partie procédurale sont renvoyées à décret en Conseil d’État, pris après avis de la CNIL.
Enfin, la dernière disposition prévoit que les images captées soient détruites au bout de trente jours. Le texte oublie curieusement de traiter du sort des données consécutives au rapprochement fichiers-caméras de surveillance.
« Pourquoi se priver d'une telle méthode ? »
« Scientifiques et professionnels de la sécurité ne cessent de développer des systèmes de plus en plus performants. Dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, pourquoi se priver d'une telle méthode ? » se demande l’élu Les Républicains, qui compte ainsi miser sur les progrès en la matière.
« Capables d'identifier des individus en fonction de l'écartement des yeux, des caractéristiques des oreilles ou encore du menton, des arêtes du nez ou des commissures des lèvres, ces systèmes automatisés sont en constante amélioration ». Et celui-ci de remarquer, à titre d’exemple, « le développement de capteurs 3D, la reconnaissance de visages en mouvement, le traitement de visages vus de profil et la capacité à vieillir un modèle ».
Une réplique, de nombreuses tentatives
Ce n’est pas la première fois que des députés LR plaident pour un tel régime. Christian Estrosi a démultiplié les appels du pied le 23 mai 2017, le 12 mai 2017, le 21 mars 2017, le 20 décembre 2016, le 11 décembre 2016, le 25 mai 2016, ou encore le 20 avril 2016.
En mars 2017, à l'appui d'une autre proposition de loi, Éric Ciotti et une brochette de députés LR avaient proposé le même texte que Karoutchi, très exactement à son article 39. En juin 2016, Karoutchi avait déjà introduit sa « PPL » au Sénat, sans que le texte n’ait été depuis examiné.
En mai 2016, Éric Ciotti avait lui aussi tenté cette incursion dans le cadre du projet de loi sur la justice du XXIe siècle, là aussi afin de rapprocher le FAED avec les « images de vidéosurveillance centralisées dans les centres de supervision urbaine ». En hémicycle, le ministre de la Justice d’alors, Jean-Jacques Urvoas (PS) lui avait opposé que « cette proposition comporte des risques d’atteinte aux libertés publiques ». Le texte fut rejeté sans ménagement.
La prudence de la CNIL
La CNIL rappelle de longue date que « les enjeux de protection des données et les risques d’atteintes aux libertés individuelles que de tels dispositifs sont susceptibles d’induire sont considérables, dont notamment la liberté d’aller et venir anonymement ». Et pour cause, comme l’a omis de le préciser Karoutchi, l’identification potentielle d’un fichier S parmi un flux de population supposera la captation de l’ensemble des visages circulant sous ces yeux électroniques.
Karoutchi redépose sa proposition de loi couplant vidéosurveillance et reconnaissance faciale
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Seuls les fichiers S seraient identifiés ou localisés
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Un avis préalable de la CNCTR
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« Pourquoi se priver d'une telle méthode ? »
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Une réplique, de nombreuses tentatives
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La prudence de la CNIL
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 27/11/2018 à 19h59
Seuls les fichers S seraient identifiés ou localisés
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Le 27/11/2018 à 21h30
Faudrait intégrer dans sa petite tête à un moment que “fiché S” != “coupable”. Une personne “fichée S” signifie simplement que le renseignement la suit pour des raisons diverses…
Il suffit d’être dans l’entourage d’une personne étant sous le coup d’une enquête des renseignements pour s’y retrouver… Que ce soit des terroristes jusqu’aux fraudeurs du fisc.
Le 27/11/2018 à 22h47
Le 28/11/2018 à 07h46
Le 28/11/2018 à 07h53
Le 28/11/2018 à 13h44
Par contre ça met gravement en péril notre vie privée.
C’est à se demander si ce n’était pas l’objectif initial #Complot " />
Quand on voit que la grande majorité des gens fichés au FAED sont des innocents et que le fichier S contient un paquet de manifestants “altermondialiste” et autre “anarchistes” (et autre “déviances” politique), ça laisse quand même songeur…
Next INpact
Le 28/11/2018 à 14h04
c’est même plus une question de vie privée à ce stade. c’est carrément les libertés publiques.
Le 28/11/2018 à 15h10
Tu as tout à fait raison !
Le 28/11/2018 à 17h28
Le 28/11/2018 à 18h26
Le 29/11/2018 à 09h13
« Aucune autre personne (que les fichiers S) ne pourra être identifiée ou localisée au moyen de ce dispositif » s’enchante Roger Karoutchi
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Le 29/11/2018 à 16h11
Le 29/11/2018 à 16h36
Tu ne comprends manifestement pas ce que tu lis.
Il est fiché S comme susceptible de se livrer à des actions violentes, pas pour un vol de quoi que ce soit. Pour t’aider à comprendre : il était fiché S avant qu’il vole ce Talkie-walkie.
Le 27/11/2018 à 11h22
Le 27/11/2018 à 11h22
Le 27/11/2018 à 11h29
Et contre le terrorisme des paradis fiscaux, comme Monaco ou Luxembourg, qui font 1000x plus de dégâts aux français, il a prévu d’envoyer l’armée? " />
Le 27/11/2018 à 11h43
Le 27/11/2018 à 12h04
Qu’on bombarde nucléairement le pays qui le prive de sa liberté sans respect des droits de l’homme.
Le 27/11/2018 à 12h31
Je n’ai pas compris, il veut tracer les fichés S ou les fichiers S ?
Le 27/11/2018 à 12h42
Il veut tracer tout le monde. " />
Le 27/11/2018 à 12h44
Le 27/11/2018 à 13h28
Le 27/11/2018 à 13h31
Et après on l’appliquera aux pédophiles, puis au délinquant sexuel et enfin à tout ceux qui privent les ayants droits de leurs revenus " />
Le 27/11/2018 à 13h45
Le 27/11/2018 à 13h51
Etonnant qu’Estrosi ne soit pas dans le sillage avec sa smart city de m ! " />
Edit: ce message est un peu expéditif, mais ça fait du bien !
Le 27/11/2018 à 13h53
mais sinon, y a mieux que leur caméra en 144p ? Les images que j’avais vues (possiblement dégradée avant d’être diffusées aux JT) étaient passablement moches et j’imagine mal un algo faire des rapprochements sans une quantité intolérable de faux positifs
Le 27/11/2018 à 13h56
Le 27/11/2018 à 14h48
Karoutchi, Estrosi, Ciotti…
Simple coïncidence? je ne crois pas.
n’empêche que c’est une super techno, ça permettra de verbaliser les piétons qui traversent en dehors des clous, ces délinquants.
Les mêmes qui gueulent contre le Grand Remplacement et le communisme soviétique veulent importer chez nous les technos qui font le bonheur du Politburo de tonton Xi.
Je sais bien qu’on n’a pas de pétrole, mais les importations de technos de surveillance d’un pays communiste totalitaire, c’est assez bizarre comme idée chez LR. à moins que ça soit leur seule façon d’exister?
Le 27/11/2018 à 14h54
Estrosi, qui aimait à se la raconter avec ses centaines de cams à Nice, on l’entend plus beaucoup depuis l’attentat du 14 juillet… après que les enquêteurs se soient rendus compte que le gus avait fait son petit repérage peinard sur la promenade des Anglais (interdite aux poids lourds) avec son camtar sans que personne n’y trouve à redire.
c’est juste la preuve par 2 qu’une caméra ne protège personne, et que ça surveille mal.
mais bon que veux-tu, faut bien que ces mecs-là existent, donc ils font des propositions.
Le 27/11/2018 à 11h00
Il y avait des recrutements de stagiaires en informatique à la DGGN (si mes souvenirs sont bons) déjà l’année dernière pour la reconnaissance faciale, en plus de l’exploitation des données “ouvertes” sur internet et du cartographiage des onions dans le secteur privé du renseignement " />
(je sens que je vais rester longtemps au chomage)
Le 27/11/2018 à 11h03
« Aucune autre personne (que les fichiers S) ne pourra être identifiée ou localisée au moyen de ce dispositif » s’enchante Roger Karoutchi.
Nan mais le mec y croit vraiment ??
C’est comme lorsque Cazeneuve essaye de nous entuber avec son DPI qui n’en est pas parce qu’il ne stocke que les activités des “méchants”…
Le 27/11/2018 à 11h08
" />Ta gueule c’est l’IA c’est magique.
Le 27/11/2018 à 11h20
Ce type est manifestement fou, il ne devrait plus être autorisé à siéger.