Droit voisin des éditeurs de presse : l’Asic suggère un seuil d’activation de 250 caractères
L'AFP en PLS
Le 30 novembre 2018 à 10h43
4 min
Droit
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L’association des services communautaires, qui regroupe Dailymotion, eBay, Facebook, Google, LoopSider, Rakuten ou encore Twitter, vient de faire connaitre ses propositions autour de la future directive sur le droit d’auteur, spécialement son l’article 11 relatif au droit voisin.
Le texte, finalement adopté au Parlement européen dans une version beaucoup plus dure que celle de la Commission européenne ou du Conseil de l’Union, est actuellement en phase de trilogue. Les trois institutions sont regroupées pour trouver une position commune afin de régenter le droit d’auteur à l’ère du numérique.
Sans détour, l’ASIC plaide pour la copie du Conseil de l’Union européenne. Ses articles 11 et 13 « demeurent une solution d’équilibre entre l’ensemble des parties prenantes », soutient-elle avant de dérouler quelques commentaires relatifs au droit voisin. Des remarques qui peuvent paraître cosmiques, tant les propositions sur la réforme engagée vont loin dans la régulation des contenus.
« À propos de l’article 11 de la proposition de directive, l’ASIC est en faveur d’un régime préservant la liberté de lier, de communiquer et d’informer » assure-t-elle. Cette disposition veut créer un droit voisin au profit des éditeurs de presse dès lors que des contenus sont échangés ou diffusés sur les plateformes (Facebook, Google Actualités, Twitter, etc.)
Droit à rémunération et liens vers les articles de presse
Les débats cherchent à déterminer à partir de quand un article de presse pourra générer un droit à rémunération pour ces bénéficiaires. L’idée n’est pas de prévoir un système de paiement pour chaque lien, mais une approche forfaitaire au sein d’une commission administrative.
Elle serait chargée de jauger les montants à payer par chaque acteur, suite à des discussions entre plateformes et représentants des éditeurs. Les sommes seraient ensuite collectées par une société de gestion collective puis réparties entre les heureux élus. Guère étonnant que les gros du secteur, dont l’AFP, soient ouvertement favorables.
La question est épineuse puisqu’elle contraint à se demander si un simple lien vers un article de presse est susceptible de générer un tel droit à indemnisation. Les eurodéputés ont prévu sur ce point que les droits voisins « ne s’appliquent pas aux simples hyperliens accompagnés de mots isolés ».
A contrario, dès lors qu’on dépasse le seuil des mots isolés dans une adresse, alors les éditeurs peuvent prétendre à rémunération. C’est la #linktax, selon le hashtag qui a prospéré ces derniers mois sur Twitter.
En comparaison, le Conseil de l’Union propose, lui, d’exclure du droit voisin les partages « d’éléments non substantiels » (titres, etc.). Sans surprise, l’ASIC préfère amplement cette dernière version.
Dans celle du Parlement, « le texte n’exclurait en réalité (…) que les liens qui incluent UN mot. Or, de nombreux liens – du fait de leur génération automatique – incluent d’ores et déjà plusieurs mots ». Et l’association de citer cette adresse, puisée au hasard sur le site du ministère de la Culture : « http://www.culture.gouv.fr/Actualites/Quels-sont-les-territoires-de-la-mode-de-demain ».
Des courtes citations de 250 caractères
« La solution du Parlement ne permettrait ainsi plus de partager de simples liens dès lors que ceux-ci seraient composés de plus d’un mot individuel ou seraient, comme indiqué ci-dessus, constitués d’une phrase courte ». Au contraire, « le recours au concept de “éléments non substantiels” permet de refléter l’application en droit français de l’exception dite “de courte citation” et de la jurisprudence établie par la Cour de cassation en la matière. Cette notion permet de conserver un équilibre entre la protection nécessaire par le droit d’auteur et la nécessité de permettre la circulation d’extraits non significatifs d’une oeuvre protégée ».
Pour mieux sécuriser le sujet – puisque la notion d’éléments non substantiels n’est pas définie – l’association propose de prévoir un seuil de 250 caractères. En dessous, l’internaute pourrait continuer à citer de courts extraits sans générer une obligation des éditeurs du côté de la plateforme. Inversement, au-delà. Cette limite est à comparer aux tweets (280 caractères) ou aux posts sur Facebook (235 caractères pour un lien) etc.
Droit voisin des éditeurs de presse : l’Asic suggère un seuil d’activation de 250 caractères
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Droit à rémunération et liens vers les articles de presse
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Des courtes citations de 250 caractères
Commentaires (10)
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Abonnez-vousLe 30/11/2018 à 13h41
Le 30/11/2018 à 14h08
Oups, [excellent]
Le 30/11/2018 à 14h14
Ok.
Merci pour la précision.
Le 30/11/2018 à 16h37
Même les articles de journaux qui reprennent plus de 250 caractères d’un communiqué de presse ou d’une news AFP, sans aucune investigation ni valeur ajouté seront concernés? " />
Le 30/11/2018 à 20h18
c’est pas faux (dixit Kaamelot) mais faut pas envisager que certains comprennent ce qu’ils relaient
Le 30/11/2018 à 11h07
Le problème, c’est que bien souvent, pour une actualité, l’information “suffisante” tient justement dans le titre. Généralement, le “qui”, “quoi”, “où” et “quand” suffise. Le reste de l’article est un enrobage pour donner plus de précision qui n’intéresse que peu de gens, la majorité étant déjà contenté de ce qui tiens dans le titre. C’est pour ça que les titre putaclic sont apparu, car le titre donnant déjà toute l’information, il n’y avait que peu d’intérêt à voir le reste.
Le 30/11/2018 à 11h18
Et donc il n’y aurait plus d’intérêt à cliquer sur un lien putaclic ?
Moi qui pensait que cela générait des vues et donc des revenus publicitaires.
Le 30/11/2018 à 12h36
C’est justement ce qu’il dit: les putaclic sont apparus pour enlever assez d’élément du qui/quoi/ou pour forcer la vue de la page complète.
Pour en revenir à l’article… du coup Google news est en dessous du seuil de 250 caractères vu qu’il n’y a que le titre, non ?
Le 30/11/2018 à 13h21
“l’ASIC est en faveur d’un régime préservant la liberté de lier, de communiquer et d’informer”
L’ASIC a fait en 2009 son petit lobbying pour que les articles des journalistes puissent être bricolés dans les agrégateurs et moteurs de recherche sans avoir à demander l’accord préalable de l’auteur journaliste (et contre une indemnisation forfaitaire de quelques centaines d’euros par an sans considération de l’écho réel de l’article qui a été peut-être le moteur des ventes ou de visites du canard, et encore quelques centaines d’euros s’il ne s’agit pas d’un pigiste).
Maintenant, l’ASIC fixe comment l’oeuvre qui lui a été cédée à titre exclusif par la Loi, devra être référencée par les moteurs de recherche et agrégateurs.
Naturellement, le journaliste est laissé de coté, là où le groupe de presse à le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière.
Ils vont finir par devenir un modèle pour les Sociétés de gestion des droits des nayantdroits classiques, qui pourtant excelles dans le domaine.
Le 30/11/2018 à 13h37