Reconnaissance faciale : La Quadrature du Net attaque le décret ALICEM
Alicem, l'Intérieur récolte une procédure
Le 22 juillet 2019 à 08h09
4 min
Droit
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L’association de défense des libertés numériques attaque le décret ALICEM sur l’authentification en ligne. Comme la CNIL, elle s’arme du RGPD pour reprocher au gouvernement de ne pas avoir envisagé d’alternative à ce système reposant sur la reconnaissance faciale.
Le 16 mai, le gouvernement publiait un décret instaurant un nouveau moyen d'identification électronique. Avec cette « Authentification en ligne certifiée sur mobile » ou ALICEM, les titulaires d’un passeport biométrique ou d’un titre de séjour étranger électronique vont pouvoir s’identifier électroniquement sur des services publics ou privés en ligne. Demain, ce mécanisme pourrait même être étendu aux futures cartes nationales d’identité.
Dans ses rouages, le système fonctionne avec un dispositif « permettant la lecture sans contact » des puces embarquées sur ces titres. Le texte s’appuie aussi sur la reconnaissance faciale au besoin dynamique, en relation avec le fichier national de contrôle de la validité des titres, pour authentifier le porteur.
Concrètement, lors de la première utilisation, l’utilisateur doit effectuer plusieurs tests (cligner des yeux, bouger sa tête, son visage). Les images sont ensuite transmises à l’Agence nationale des titres sécurisés, qui les compare avec celles enregistrées dans le titre sécurisé. Une identité numérique est ensuite générée, et les données biométriques effacées.
Le système draine avant tout un grand nombre de données personnelles. Des agents des services du ministère de l'Intérieur chargés de la maîtrise d'ouvrage du traitement et de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) ont alors accès à une partie de ces informations comme la taille, la couleur des yeux, l’adresse postale, la photo du titre, la photographie ou la vidéo de l'usager prise avec son smartphone (selfie), le mail, le numéro d'appel de l'équipement terminal de communications électroniques, l'identifiant technique associé au compte de l'usager.
Les destinataires d’une partie de ces données sont la DINSIC (Direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication de l'État), les fournisseurs de téléservices liés par convention à FranceConnect ou à l'Agence nationale des titres sécurisés.
Les critiques de la CNIL
Dans son avis, la CNIL a relevé qu’Alicem ne fonctionne que sur Android, pour l’heure. Elle avait émis surtout plusieurs critiques, notamment en raison de l’absence d’alternative. Or, seule la présence d’une solution « B » aurait pu en pratique garantir le consentement libre, spécifique, éclairé et univoque des personnes concernées.
Il faut dire que par défaut, l’article 9.1 du RGPD proscrit les traitements biométriques, sauf accord de la personne physique lorsque le traitement, comme ici, repose sur le consentement.
C’est dans ce cadre que La Quadrature du Net a décidé d’attaquer le décret ALICEM, en s’appuyant justement sur le droit des données personnelles, mis à jour depuis le 25 mai 2018. L'association a exploité à la porte du Conseil d’État les critiques adressées par la CNIL dans son avis.
L'absence d'alternative attaquée par La Quadrature du Net
« L’ouverture d’un compte ALICEM nécessite l’utilisation d’un dispositif de reconnaissance faciale, fondé sur le consentement de l’utilisateur ou de l’utilisatrice ». Or, « il n’existe aucun autre moyen pour l’utilisateur ou l’utilisatrice de l’application ALICEM d’activer son compte sans passer par un dispositif de reconnaissance faciale ».
Comme l’autorité, l’association estime que l’absence de choix ne permet pas de garantir ce consentement libre de la personne physique. Elle réclame dès lors l’annulation du décret.
« À l’heure où les expérimentations de reconnaissance faciale se multiplient sans qu’aucune analyse ou débat public ne soit réalisé sur les conséquences d’un tel dispositif pour notre société et nos libertés, note l’association, le gouvernement français cherche au contraire à l’imposer à tous les citoyens via des outils d’identification numérique. »
Dans le rapport « État de la menace liée au numérique en 2019 », Christophe Castaner avait relevé que, pour lutter contre les publications illicites, « le défi de l’identité numérique » devait être relevé, et ce « pour que chaque Français, dès 2020, puisse prouver son identité et savoir avec qui il correspond vraiment ».
C’est à partir de cette piste que Cédric O, secrétaire d’État au Numérique, a imaginé une lecture des titres d’identité pour vérifier l’âge des personnes souhaitant accéder à des sites pornographiques.
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Les critiques de la CNIL
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L'absence d'alternative attaquée par La Quadrature du Net
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 22/07/2019 à 08h19
On commence à saisir pourquoi les pouvoirs publics avaient centralisé la gestion des titres avec le décret Halloween 😕
Le 22/07/2019 à 09h12
Bertillon démission. " />
Le 22/07/2019 à 09h39
Combien de temps avant une décision habituellement ?
Heureusement que la QdN est là. Ces sujets ne sont pas médiatisés, ils permettent au moins de les faire connaître et d’ouvrir le débat. J’en ai profité pour renouveler mon don (que j’avais oublié de renouveler lors du changement de banque).
Le 22/07/2019 à 10h06
Mouais… La CNIL rendait son avis le 18 octobre 2018. Elle a bien fait son boulot.
Désolé mais la QDN est juste loin derrière. Pas étonnant vu la déliquescence du schmilblick.
Le 22/07/2019 à 11h56
Heureusement que certaine association sont la.
Le 22/07/2019 à 12h18
“…pour que chaque Français, dès 2020, puisse prouver son identité et savoir avec qui il correspond vraiment…”
Et les Français le veulent ça? Ou bien seulement ceux qui veulent fliquer les Français, leur vie privée, leurs correspondants et leurs correspondances? " />
Le 22/07/2019 à 13h03
Le décret date du 13 mai 2019. Tu voulais qu’ils attaquent un texte qui n’existait pas officiellement ?
Le 22/07/2019 à 14h49
Pourquoi dans ce cadre précis ?
Le 22/07/2019 à 16h06
Le 22/07/2019 à 16h56
Et tu ne penses pas que lorsque l’on en est au décret c’est pas un peu trop tard ? Ou inutile (au choix) ? Dixit le nombre incalculable d’histoires dans le genre.
Le 22/07/2019 à 18h02
Non, on attaque quelque chose de concret, qui va s’appliquer… Sinon on va attaquer leurs discours à l’assemblée, mais je doute que ce soit gagnable…
Le 23/07/2019 à 07h10
Le 23/07/2019 à 09h54
Le 23/07/2019 à 13h15
Le 23/07/2019 à 14h06
Encore faut-il annuler les bons décrets => une perle. Et ce n’est strictement pas le seul. Loin de la.
Effectivement, rétrospectivement la QDN et consort ne servent pas. Si ce n’est à bercer d’illusion tout au plus. Le résultat, le voila. Le RGPD se substitue à ce qui est en place localement. La suite est le fichage généralisé. Et ça on le sait depuis le début. En fait depuis le passeport biométrique (et encore).
La plupart des gens ne se sentent pas concernés par ce sujet. C’est pour cela que cela passe comme une lettre à la poste. Ton ironie est douce. Tant par le fait que les YakaFaucons comptent parmi leurs membres la QDN en personne. Ils en ont sifflé des solutions complètement bancales. Suffit de lire leur statuts… Ironique non ?
Le 23/07/2019 à 16h32
Le 26/07/2019 à 11h04
Parce que si la Quadrature ne c’était pas lancer, je suis pas sur qu’on aurait cette discussion actuellement. Le gouvernement a en plus tendance a faire passer c’est loi sans prendre les avis divers en considération.
Le 26/07/2019 à 12h38
Je demandais en quoi l’intervention de la QDN était importante sur ce sujet précis. Ta réponse est d’une banalité affligeante qui laisse supposer que tu n’en sais rien mais que comme tu les aimes bien, tu dis du bien d’eux sans savoir si c’est pertinent ici.
Le 26/07/2019 à 13h53
Tu n’est pas obliger d’être agressive envers moi. Chaqu’un a son avis. Et oui je connais pas le sujet entièrement, donc cela veut dire que je peut pas donner malgré tout mon avis? Oui je suis content que d’autre personne, association etc… s’occupe de cela. Et bien que j’aime bien la quadrature du net et leur combat, je suis pas pour autant toujours d’accord avec eux.
Cordialement.
Le 26/07/2019 à 14h41
Je ne suis pas agressif. Merci de reconnaître enfin que ton premier message était dénué d’avis sur la question.
Personnellement, je vois mal en quoi c’est bien d’essayer de couler un service qui permettrait d’authentifier quelqu’un de manière forte en ligne (mieux que France Connect) suite à une procédure automatisée sans que cette personne n’ait à se déplacer physiquement.
C’est pour cela que je suis déçu de ne pas avoir ton avis sur la question alors que tu semblais en avoir un.
Le 26/07/2019 à 16h29
Au temps pour moi désolé. Le danger pour moi n’est pas forcément le système lui-même. Mais comme le dit La quadrature, ne pas proposer une alternative. Tout le monde na pas forcément envie pour diverses raisons d’utiliser ce système. Personnellement, devoir utiliser la reconnaissance faciale ne me plait vraiment pas. Car on commence par le facial, et demain cela sera quoi, la biométrique? Une autre parti de son corps? Voir tout?
Faut pas oublier non plus que tout c’est outil ne sont pas sans faille. Un mot de passe (bien que plus vulnérable), on peut le changer autant qu’on veut. Mais si demain le système de sécurité facial ce fait hacker, cela devient beaucoup plus difficile de changer sa tête ou autre parti de son corp ^^
Le 28/07/2019 à 13h10