Au Computex 2022, les constructeurs dans la dernière ligne droite avant la grande bataille de 2023
Winter is coming
Le 30 mai 2022 à 12h58
10 min
Hardware
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L'édition 2022 du Computex était pour le moins inhabituelle. Si elle s'est tenue en présentiel à Taipei, rares étaient les visiteurs à avoir fait le déplacement depuis l'extérieur de Taiwan, tant les contraintes sanitaires restaient fortes. Le volume d'annonces était donc réduit, mais chaque grand constructeur avait du nouveau dans sa besace.
Il faut dire que cela fait plusieurs années maintenant que chacun se prépare à la période qui vient. Celle de grands chamboulements sur le marché, tant au sein de l'offre grand public que celle à destination des professionnels. Une tectonique des plaques ralentie par les crises que traverse le monde, mais qui continue de produire ses effets.
Au point que l'on ne retient pas vraiment d'autre grande tendance de ce Computex 2022. Certes, il y a bien eu celle visant à masquer le plus possible les composants et câbles chez Gigabyte et MSI, avec les projets Stealth et Zero, mais c'est tout. Pour le reste, il fallait regarder du côté des « grands » constructeurs.
AMD se prépare à Zen 4 (mais pas que)
Et c'est AMD qui a ouvert le bal du salon, à travers une intervention désormais presque habituelle de Lisa Su. Le focus était ici sur l'offre grand public avec un rappel des annonces du CES de Las Vegas autour des APU mobiles Ryzen 6000.
Il y avait aussi des « nouveautés » comme Mendocino, attendu au quatrième trimestre. Il s'agit d'un processeur avec partie graphique (APU) gravé en 6 nm par TSMC, pensé spécialement pour l'offre de PC portables d'entrée de gamme, entre 400 et 700 dollars. Dommage qu'il loupe la période du « Back to school ». Il sera doté de 4 cœurs de génération Zen 2, mais d'une solution graphique plus moderne, RDNA2.
Une autonomie de plus de 10 heures est annoncée. L'un des premiers modèles sera le Lenovo Ideapad 1. On regrette de ne pas en savoir plus sur les caractéristiques de cette puce, notamment sa solution graphique, des fréquences, le TDP, etc. Il faudra sans doute attendre quelques mois avant d'avoir plus de détails.
Les amateurs de mini PC ont aussi hâte de savoir ce qu'elle a dans le ventre.
Outre un nom donné à l'implémentation de l'API DirectStorage, SmartAccess Storage, on a sauté presque directement à ce qui concentrait toutes les attentes des fans de la marque : Zen 4. La nouvelle architecture n'est pas attendue avant la fin de l'année, et AMD a donné quelques nouveaux détails sur le sujet.
Lisa Su a rappelé que le socket AM5 (LGA, 1718 broches) serait compatible avec les systèmes de refroidissement actuels, apporterait le support de la DDR5 (mais pas de la DDR4) et du PCIe 5.0. Ce dernier point sera l'un des principaux différenciant entre les trois chipsets officialisés : B650, X670 et X670E.
Le premier n'aura du PCIe 5.0 que pour le stockage, le second l'aura aussi pour la carte graphique. Seul le troisième (Extreme) assurera l'utilisateur qu'il dispose d'une carte où cette norme est pleinement exploitée. Il garantira également plus de capacité d'overclocking semble indiquer AMD, sans plus de détails pour le moment. Phison et Micron sont associés à l'annonce de SSD PCIe 5.0 avec une première démonstration à 12 Go/s.
Au total, la plateforme disposera de 24 lignes PCIe 5.0, 14 ports USB Type-C (20 Gb/s), 4 sorties vidéo (HDMI 2.1, DP 2.0) avec une évolution majeure concernant l'I/O die : gravé en 6 nm par TSMC, il intègrera une solution graphique RDNA2 minimale. Une manière d'en finir avec les processeurs qui nécessitent une carte graphique tierce même pour des machines bureautiques, ce qui avait freiné à l'adoptions des Ryzen dans certaines situations.
ASUS ou MSI ont déjà commencé à dévoiler leurs premières cartes mères de cette génération.
Au sein d'un socket AM5, on aura toujours un maximum de deux dies de calcul, soit 16 cœurs (32 threads), gravés en 5 nm désormais. Si AMD n'a pas amélioré leur densité, leur efficacité est plus élevée selon le constructeur, qui annonce une performance 1T en hausse d'au moins 15 %, renforcée par des fréquences jusqu'à 5,5 GHz. Le cache L2 est doublé (1 Mo par cœur) et des instructions IA feront leur apparition (tout comme le support d'AVX-512).
Ainsi, un processeur Zen 4 – dont les caractéristiques n'ont pas été dévoilées – a démontré sa capacité à effectuer un calcul sous Blender 31% plus rapidement qu'un Core i9-12900K (8C+8C, 24T). Le TDP maximal de cette plateforme sera de 170 watts, AMD ayant précisé que la limite électrique du socket (PPT) sera de 230 watts.
Là aussi, il faudra sans doute attendre quelques mois pour disposer de plus de détails, d'autant que le constructeur doit également dévoiler ses gammes pour datacenters : Genoa (jusqu'à 96C) et Bergamo (jusqu'à 128C).
NVIDIA cajole ses partenaires (les joueurs pour plus tard)
NVIDIA a fait un choix opposé en termes de communication pour ce Computex 2022. Outre quelques rappels en fin de conférence de ses solutions Studio ou pour les joueurs, avec l'annonce d'un écran ASUS à 500 Hz, ces sujets ont été peu abordés et ne devraient être au centre de l'attention qu'à la fin de l'été et/ou la rentrée.
L'entreprise s'est focalisée sur son offre à destination des professionnels, une manière de mettre en avant le travail mené avec ses partenaires taiwanais autour des serveurs clé en main.
Ainsi, après un rappel de sa volonté de « réinventer le datacenter » grâce à ses GPU et solutions réseau dont les DPU et ses prochains CPU, NVIDIA a évoqué les marchés visés en priorité, chacun ayant un potentiel de revenus de 100 ou 150 milliards de dollars : le gaming, les jumeaux numériques et l'IA dans son ensemble.
Pour celui des serveurs CGX, OVX ou HGX seront proposés par différents intégrateurs, chacun avec ses spécificités. Les DPU et les CPU Grace (Hopper), dévoilés à la GTC il y a quelques mois, seront bien entendu au centre de cette stratégie avec de multiplies combinaisons possibles, tant avec du GPU intégré que d'autres en complément.
La couche logicielle reste très mise en avant par NVIDIA, d'AI Enterprise à Fleet Command en passant par les différents SDK. Elle doit permettre aux clients de profiter de tous ces composants de la manière la plus simple possible. La feuille de route reste, elle, inchangée avec une nouvelle génération tous les deux ans.
Cette année sera ainsi celle de l'architecture Hopper dans le domaine des GPU, dont la puce H100 annoncée il y a peu, mais aussi du DPU BlueField-3. Grace n'est attendu que l'année prochaine, mais les partenaires se préparent à faire tester cette solution aux clients afin qu'ils puissent s'y préparer et imaginer leurs serveurs de demain autrement qu'avec des CPU x86 classiques, avec des DPU/GPU pour tout accélérer (ou presque).
AmpereOne : Siryn toujours en attente
Il y en a un qui a également cela en tête : Ampere Computing, qui tenait il y a quelques jours sa conférence (en ligne) annuelle dans laquelle la feuille de route était évoquée. Malheureusement, il y a principalement été question de l'adoption croissante de ses solutions actuelles, Altra (Max), qui intègrent jusqu'à 128 cœurs ARMv8.2 par socket.
Ceux qui attendaient des détails sur la prochaine architecture (Siryn), qui sera pour la première fois composée de cœurs ARM répondant à un design maison, ont été déçus. On a simplement eu droit de voir l'arrière du processeur et de connaître son nom officiel : AmpereOne. Rien d'autre n'a été annoncé.
Pour rappel, cette puce sera gravée en 5 nm, gèrera la DDR5 et le PCIe 5.0 et aura pour vocation, comme pour les précédentes générations, de proposer une puce très dense prévue pour des usages « Cloud ». De quoi compléter l'offre de NVIDIA, dont Ampere Computing est partenaire. Ou sera-t-elle en concurrence avec Grace ? Nous verrons.
Et Broadcom se paya VMWare
Il est intéressant de noter que cette période est celle choisie (hasard du calendrier ?) par Broadcom pour annoncer sa volonté de racheter VMWare pour 61 milliards de dollars. Une décision stratégique à plus d'un titre, tant l'hyperviseur est présent chez certaines entreprises, mais aussi au cœur de certaines transformations.
C'est notamment par lui et le projet Monterey que de nombreux constructeurs comptaient passer pour mettre leurs solutions réseau au centre du datacenter de demain, que ce soit pour la virtualisation ou le stockage via NVMe-oF : Intel et ses IPU, NVIDIA et ses DPU, en passant par AMD qui vient de se payer Pensando.
Si ce rachat arrive à son terme, la donne sera-t-elle changée, Broadcom disposant de ses propres solutions Stingray ? Dans tous les cas, cela devrait les inciter à revoir leurs priorités, et peut être à miser de manière croissante sur des solutions open source. NVIDIA a d'ailleurs initié depuis quelques temps un partenariat avec Red Hat autour d'OpenShift pour l'accélération de certaines couches réseau ou de gestion des conteneurs.
Intel présente sa « vision »
Finissons par Intel, qui a peu fait parler de lui à l'occasion de ce Computex. En effet, à part l'annonce de l'intégration de ses Core de 12e génération aux PC portables modulaires de Framework ou des optimisations de TensorFlow, on a peu entendu le constructeur ces derniers jours. Et pour cause, il a tenu son Intel Vision début mai.
L'évènement était l'occasion pour le constructeur de lancer ses processeurs mobiles Alder Lake (12e génération) de la gamme HX, visant les stations de travail portables avec leurs 16 cœurs et leur Base Power de 55 watts. La seconde génération d'accélérateurs pour l'IA d'Habana Labs, Gaudi2 et Greco, a également été lancée.
Intel a également évoqué sa vision du datacenter de demain, et la manière dont il veut accompagner les acteurs de ce marché, tant avec ses processeurs Sapphire Rapids et les générations suivantes, ses IPU, GPU ou les couches logicielles qu'il accumule, à coup de développement interne que de rachats.
Il a ainsi été question du projet Apollo, pour des solutions d'IA clé en main et open source en partenariat avec Accenture, de la feuille de route des IPU à base de FPGA (Hot Springs Canyon) ou d'ASIC (Mount Morgan) avec un cap sur le réseau à 800 Gb/s. Le constructeur espère beaucoup également d'Arctic Sound-M, une carte équipée d'un ou deux GPU capables de traiter des flux vidéo AV1 avec une (dé)compression matérielle.
Enfin, Raja Koduri a fait une nouvelle présentation de son projet Endgame, pour une accélération des jeux vidéo à travers des solutions graphiques distantes mais sans trop en dire. Il doit être lancé en beta cette année.
Au Computex 2022, les constructeurs dans la dernière ligne droite avant la grande bataille de 2023
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AMD se prépare à Zen 4 (mais pas que)
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NVIDIA cajole ses partenaires (les joueurs pour plus tard)
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AmpereOne : Siryn toujours en attente
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Et Broadcom se paya VMWare
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Intel présente sa « vision »
Commentaires (5)
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Abonnez-vousLe 30/05/2022 à 13h16
Broadcom qui achète vmware. J’en suis pas vraiment ravie quand je vois ce qui se passe aujourd’hui ghost solution suite, j’ai de très mauvaise expérience avec eux (que se soit l’acquisition (renouvellement) ou le support car j’en ai eu besoin).
Pour moi cela n’est pas du tout une bonne nouvelle.
Le 30/05/2022 à 19h50
Niveau VMWare j’en ai pas entendu que du bien…. ça semble surtout être une machine à traire les vaches à lait via un licencing…. “créatif”.
Broadcom je les connais surtout pour leurs puces et là encore c’est pas la joie.
Le mariage des deux, c’est sur, ça fait pas rêver qui que ce soit sauf les financiers .
Le 30/05/2022 à 20h15
Le 31/05/2022 à 09h42
Couvrez ce transistor que je ne saurais voir… ils ont inventé les MoBo en burqa
edit: et c’est après avoir posté que le franc tombe avec le contraintes sanitaires/masquer, presque midi mais je devrais aller me recoucher
Le 05/06/2022 à 10h02
Content de te relire David
Il est certain que le rapprochement Broadcom/VmWare n’est pas une bonne nouvelle tant elle risque de paraître trop partisane pour rester le standard des plateformes de virtualisation.
Aux concurrents de faire les efforts d’industrialisation nécessaire pour prendre la place.