Refus de coopérer : la CNIL inflige plusieurs amendes de 10 000 euros
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Le 08 janvier 2014 à 07h30
8 min
Droit
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La Commission nationale pour l’informatique et les libertés n’aime pas se faire marcher sur les pieds. Voilà en substance le message que tente actuellement de faire passer l’institution, cette dernière ayant annoncé hier qu’elle venait d'adresser plusieurs amendes de 10 000 euros à des entreprises qui avaient (entre autre) manifestement refusé de coopérer, par exemple en ne répondant pas à ses demandes de mise en conformité.
Au total, ce sont quatre sociétés qui ont été épinglées fin 2013 par la CNIL. Trois ont écopé d’une amende de 10 000 euros, tandis qu’une quatrième fut condamnée à payer 3 000 euros. « Dans les quatre cas, explique la gardienne des données personnelles, ces sanctions font suite à des plaintes de salariés de ces sociétés. À la suite de ces plaintes, la CNIL a rappelé aux organismes par divers courriers leurs obligations au titre de la loi "Informatique et Libertés" et n'a obtenu aucune réponse. Des mises en demeure ont alors été adressées aux organismes qui n'ont, soit apporté aucune réponse, soit répondu en dehors du délai imparti ».
La caméra filmait les toilettes en continu
La société AOCT est la première a avoir fait l’objet, le 24 octobre dernier, d’une sévère remontrance de la part de l’autorité administrative (voir la décision). Et pour cause : elle n’a pas réceptionné quatre lettres recommandées expédiées par la CNIL entre fin 2011 et début 2012. Alors que l’entreprise faisait l’autruche, l’institution a cependant fini par se rendre sur place, afin d’effectuer un contrôle. Sauf que le responsable des lieux s’est opposé à toute investigation. La gardienne des données personnelles fut alors contrainte de saisir la justice. Un magistrat a finalement ordonné ce contrôle, en dépit de l’opposition du responsable.
Assistée par les forces de l’ordre, la CNIL a donc pu inspecter en novembre 2012 le dispositif de vidéosurveillance de l’entreprise. Les équipes de la Commission constatent alors que « la caméra litigieuse filmait en continu les toilettes, les vestiaires, un bureau et la réserve du magasin ». Et ce sans avoir effectué les formalités de rigueur (déclaration du système de vidéosurveillance) ni informé correctement les personnes concernées par ce dispositif... Un mois après avoir mis en demeure AOCT de régulariser sa situation, la CNIL n’avait encore eu aucun retour de la société. Même convoquée par l’autorité administrative, la société n’a pas montré le bout de son nez... Ce « refus manifeste de coopération » a donc largement influencé la décision de l’institution, qui lui a infligé une amende de 10 000 euros, tout en choisissant de rendre publique sa délibération.
La CNIL sanctionne le « refus manifeste de coopération »
La seconde sanction concerne la société NCT, dirigée par le même gérant qu’AOCT selon la CNIL. Le circuit est ici le même : plusieurs lettres recommandées non réceptionnées, refus du responsable de laisser l’autorité administrative contrôler ses locaux, inspection finalement décidée par le juge des libertés et de la détention, refus d’effectuer la régularisation dans le délai d’un mois imparti par la Commission suite aux différents manquements constatés... Le litige portait ici sur un dispositif de vidéosurveillance ainsi que sur un appareil de gestion des accès aux locaux, qui fonctionnait d’après des données biométriques.
Encore une fois, aucune déclaration n’avait été faite auprès de la CNIL s’agissant de ces deux dispositifs. Les personnes filmées n’étaient pas non plus informées correctement. De plus, il s’est avéré que le logiciel permettant de visualiser les images capturées était « accessible sans identifiant ni mot de passe au jour du contrôle ». Pour ces trois manquements, de même que pour son « refus manifeste » de coopérer avec l’autorité administrative, NCT a écopé d’une amende de 10 000 euros, assortie de la publication de la décision correspondante (disponible ici).
Trois amendes de 10 000 euros
La troisième affaire concerne la société ASC Groupe, qui avait bien répondu à un courrier de la CNIL après une relance, mais de manière trop partielle selon la gardienne des données personnelles. Le litige portait encore une fois sur un dispositif de vidéosurveillance qui n’était pas déclaré et à propos duquel les informations des personnes concernées se révélaient insuffisantes. En outre, la Commission n’a pas apprécié que l’entreprise refuse de donner suite à sa mise en demeure dans les délais impartis. À nouveau, même sanction : 10 000 euros d’amende et publication de la décision (disponible ici).
Une amende de 3 000 pour la société s'étant partiellement mis en conformité
Dans le quatrième et dernier cas, l’entreprise visée s’était montrée (un peu) moins récalcitrante que les précédentes. Le litige portait sur un dispositif de géolocalisation installé par l’employeur sur des véhicules de fonction. La CNIL avait tout d’abord écrit trois courriers à la société ABERS Protection Incendie, tous restés lettre morte. Après avoir reçu une nouvelle plainte d’un salarié qui affirmait que l’employeur s’était servi de ce système non désactivable (y compris en dehors du temps de travail) pour le sanctionner pour non-respect de ses horaires, la Commission a de nouveau contacté le responsable, qui a cette fois répondu, en indiquant que tout était en règle et qu’il ne s’agissait pas de surveiller les salariés.
Suite à des échanges aux réponses jugées « insuffisantes » par la CNIL, une mise en demeure a été adressée à l’entreprise. Mais cette dernière n’y a répondu que tardivement (plus d’un mois après le délai imparti, lui aussi d’un mois), et de manière incomplète aux yeux de l’autorité administrative. La Commission a alors demandé par courrier et à plusieurs reprises des éléments de réponse supplémentaires, en vain. Après la transmission du rapport d’investigation de la CNIL, l’entreprise s’est néanmoins manifestée. Elle a par ailleurs répondu à une convocation de l’institution, mais cela n’a pas empêché la sanction de tomber.
« La formation restreinte [de la CNIL] considère que la société a persévéré dans son refus de coopération en persistant à ne lui présenter que des réponses incomplètes, ne répondant pas à l’ensemble des éléments demandés, pendant plus de deux ans » peut-on lire ainsi dans la décision. Ayant pris en compte le fait qu’ABERS Protection Incendie s’était mise en conformité sur plusieurs manquements lui ayant été reprochés, la Commission a limité l’amende à 3 000 euros. C’est finalement pour non-respect des obligations relatives à l’information des salariés concernés par le dispositif de géolocalisation que l’entreprise s’est vue sanctionner, de même que pour le « refus manifeste » de coopérer avec l’autorité administrative - ce qui lui vaut la publication de la décision.
L'avertissement de la CNIL aux organismes récalcitrants
En mettant en avant ces quatre sanctions, la CNIL envoie un message clair aux organismes avec lesquels elle discute actuellement, ainsi qu’à ceux avec qui elle pourrait avoir à traiter dans le futur : l’institution ne se laisse pas faire face à un interlocuteur refusant de coopérer ou traînant manifestement des pieds. Elle rappelle au passage que c’est le droit qui exige cette soumission, puisque l’article 21 de la loi « Informatique et Libertés » prévoit que :
« Les ministres, autorités publiques, dirigeants d'entreprises publiques ou privées, responsables de groupements divers et plus généralement les détenteurs ou utilisateurs de traitements ou de fichiers de données à caractère personnel ne peuvent s'opposer à l'action de la commission ou de ses membres et doivent au contraire prendre toutes mesures utiles afin de faciliter sa tâche. »
Néanmoins, pour aucun de ces cas la CNIL n’a sanctionné uniquement le refus de répondre à ses demandes. Il y avait effectivement toujours d’autres manquements pour pousser la gardienne des données personnelles à sortir le bâton. Il ne serait quoi qu’il en soit pas surprenant de voir ce reproche ressortir à l’occasion de la future décision contre Google, la Commission ayant déjà manifesté son agacement à l’égard de l’imprécision des réponses de la firme de Mountain View.
Refus de coopérer : la CNIL inflige plusieurs amendes de 10 000 euros
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La caméra filmait les toilettes en continu
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La CNIL sanctionne le « refus manifeste de coopération »
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Trois amendes de 10 000 euros
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Une amende de 3 000 pour la société s'étant partiellement mis en conformité
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L'avertissement de la CNIL aux organismes récalcitrants
Commentaires (84)
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Abonnez-vousLe 08/01/2014 à 07h51
Il y quand même un serieux blem tous les locdus qui font du sport ou la moindre activité arborent fièrement sur leur équipements des caméras et le quidam moyen refuse qu’elles soient utilisées sur leur lieu de travail ou autre " />
Le 08/01/2014 à 07h57
Moué, enfin faire l’autruche pendant 2 ans pendant que la société filme impunément les toilettes et les vestiaires… 10 000€ avec “foutage de tronche volontaire, avéré et répété” en circonstance aggravante ça fait pas franchement cher payé.
Le responsable derrière n’est pas inquiété ?
Le 08/01/2014 à 08h09
Le 08/01/2014 à 08h10
Le 08/01/2014 à 08h28
Le 08/01/2014 à 08h31
Dans les toilettes => pour vérifier que les employé ne font pas trop de pause pipi ? => mentalité de merde.
Si les mec cache des truc dans les toilettes, autant mettre une camera à l’entrée des toilettes quand l’objet n’est pas encore caché… (pas besoin de la mettre dedans)
10 000 euros c’est pas cher, ça doit même pas rembourser les démarches administratives et le temps passé par les jurées.
Le 08/01/2014 à 08h32
Le 08/01/2014 à 09h26
Le 08/01/2014 à 09h29
Le 08/01/2014 à 09h30
Je suis le seul à trouver ces amendes ridicules ?
Les procédures de la CNIL durent 2 ans et l’amende maximale est 10 000 € ?
" />
Le 08/01/2014 à 09h30
Le 08/01/2014 à 09h31
Le 08/01/2014 à 09h32
Le 08/01/2014 à 09h33
Le 08/01/2014 à 09h35
Le 08/01/2014 à 09h35
Le 08/01/2014 à 09h36
Le 08/01/2014 à 09h37
Le 08/01/2014 à 09h37
Le 08/01/2014 à 09h37
Le 08/01/2014 à 09h37
Le 08/01/2014 à 09h39
Le 08/01/2014 à 09h40
Le 08/01/2014 à 08h42
[Message de service]
Halima, tu peux dire au Conseil Général que le refus de coopérer, c’est 10K€ de prune s’il te plaît ? Si t’as pas les dossiers qu’ils ne veulent pas nous lâcher, on verra ça avec le juge.
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[/Message de service]
Dura Lex, Sed Lex. Il y a des lois et elles doivent être appliquées. Si ça se trouve, l’entreprise plantée pour sa caméra dans les chiottes pouvait sans doute parfaitement avoir ce genre d’installation de façon légale sans que la CNIL n’y trouve à redire à la simple condition de l’installer et la faire fonctionner dans les règles…
Franchement, le nombre d’andouilles qui se prennent bêtement des sanctions en tout genre pour des actes qui, s’ils s’étaient donné la peine de suivre les règles ou de s’informer a minima avant, étaient parfaitement légaux mais réglementés, c’est impressionnant de voir ça en France…
Franchement, quand je reçois une lettre, RAR ou pas, d’un organisme officiel quelconque, ma première idée c’est de contacter ledit organisme au plus vite pour savoir ce qu’il en est. Et si ça se trouve, c’est tout simplement une erreur de l’organisme en question et cinq minutes au téléphone ou un courriel suffisent pour tout régler dans nombre de cas…
Là, ils reçoivent quatre RAR de la CNIL et ils s’en foutent au point de ne même pas aller les chercher, faut vraiment aimer être con…
Le 08/01/2014 à 08h43
Le 08/01/2014 à 08h46
Personnellement je pense que c’est le dirigeant qui devrait être inquiété. Si personne n’est capable de prendre un recommandé…
Le 08/01/2014 à 08h47
Le 08/01/2014 à 08h50
Ouuaaaaw 10K€, v’là la sanction dissuasive… ou pas." />
4 amendes en un an " />
Hadopi perd sa place d’épouvantail au profit de la CNIL " />
Le 08/01/2014 à 09h01
Le 08/01/2014 à 09h03
Le 08/01/2014 à 09h03
Le 08/01/2014 à 09h06
Pour ma part, le tribunal a oublié l’essentiel : une obligation de suivi psy, parce que foutre une caméra dans les chiottes n’est pas un acte anodin.
Le 08/01/2014 à 09h07
Le 08/01/2014 à 09h09
5 % du chiffre d’affaires HT, ce n’est pas négligeable. Si tu fais 15 % de bénéf, c’est même encore une grosse somme, je trouve. Si la boîte a des difficultés ou est peu rentable, c’est beaucoup.
Mais pourquoi chercher la merde quand on est en difficulté, me direz-vous. " />
Le 08/01/2014 à 09h09
Faith : tu réfléchis à ce que tu dit ?
Ça n’a aucun rapport. Puis à suivre ton raisonnement on peut payer les mec 1€ de l’autre et venir l’entreprise par ce qu’elle embauche ?
Faut arrêter ces raisonnements à la con.
Le 08/01/2014 à 09h12
Au lieu d’attendre et de coller une grosse amende la CNIL ne pourrait pas plutôt mettre une astreinte mensuelle avec toujours le plafond de 5% (d’ailleurs c’est débile que ce soit sur le chiffre d’affaire… mais bon)
Le 08/01/2014 à 09h12
Le 08/01/2014 à 09h13
Le 08/01/2014 à 09h22
Le 08/01/2014 à 12h42
Le 08/01/2014 à 12h45
Le 08/01/2014 à 12h46
Le 08/01/2014 à 12h48
Le 08/01/2014 à 13h28
Le 08/01/2014 à 13h47
http://actualite.portail.free.fr/monde/08-01-2014/comment-un-bureaucrate-irlandais-se-retrouve-a-proteger-les-donnees-du-monde-entier/
Çà promet " />
Le 08/01/2014 à 13h58
Le 08/01/2014 à 14h29
Le 08/01/2014 à 14h55
Le 08/01/2014 à 15h08
Le 08/01/2014 à 15h20
Le 08/01/2014 à 15h28
Le 08/01/2014 à 15h33
Le 08/01/2014 à 15h33
Le 08/01/2014 à 15h37
Le 08/01/2014 à 15h56
Le 08/01/2014 à 09h41
Le 08/01/2014 à 09h43
Sinon les mecs, la CNIL va pas s’arrêter là, y a toujours obligation de régularisation sinon ce serait trop facile. Du coup si ils font toujours rien -> paf deuxième amende voir plus si affinité. Au bout d’un moment ça va couter très cher.
Le 08/01/2014 à 09h45
Le 08/01/2014 à 09h45
Le 08/01/2014 à 09h48
Le 08/01/2014 à 09h48
Le 08/01/2014 à 09h59
Le 08/01/2014 à 10h05
Le 08/01/2014 à 10h10
Le 08/01/2014 à 10h45
Le 08/01/2014 à 11h03
Le 08/01/2014 à 11h19
Le 08/01/2014 à 11h30
Le 08/01/2014 à 11h48
@Jarodd
Mais ça a servi à quoi alors ? Calculez les frais que coûte une procédure pour le contribuable avec les salaires de la CNIL, les juges, les policiers, les avocats, etc…
On est dans le même registre que ce cher M. Mas, condamné à 4 ans de prison et 75 000 euros, et qui ose encore faire appel ! En cas de confirmation d’un jugement, on devrait systématiquement doubler les peines pour calmer ceux qui abusent du système judiciaire… L’affaire Tiberi m’avait particulièrement interpellé pas sa longévité : 16 ans (!) pour arriver à condamner deux notables ?!
Certes, la justice n’a pas à vocation d’enrichir l’état (sauf les douanes), mais face à des gens de mauvaise volonté, je trouve une fois encore ces condamnations bien trop clémentes.
A quoi sert donc un gendarme qui ne fait pas peur ?
Le 08/01/2014 à 11h51
Le 08/01/2014 à 12h38
Le 08/01/2014 à 16h00
Le 08/01/2014 à 16h01
Le 08/01/2014 à 16h46
Le 08/01/2014 à 20h21
Le 08/01/2014 à 20h33
Faudrait que le gouvernement songe à upgrader le barème des sanctions :
http://actualite.portail.free.fr/high-tech/08-01-2014/la-cnil-inflige-une-amende-record-a-google/
Le montant de l’amende est ridicule comparer au moyen de Google. " />
Le 08/01/2014 à 20h38
Le 08/01/2014 à 22h48
ce qu’il doit impérativement , éclairir , c’est ce qu’ll se trouve sur cette page
Google“Nous utilisons les cookies à diverses fins. Nous les employons, par exemple, “
Le 09/01/2014 à 06h58
Le 09/01/2014 à 07h35
Le 09/01/2014 à 08h39
Le 09/01/2014 à 23h39
Le 10/01/2014 à 08h40
Le 10/01/2014 à 23h37