En quête d’un modèle commercial, Bluesky réfléchit à ses abonnements
Nerd de la guerre
Bluesky est en quête d’un modèle commercial. L’attraction suscitée par le réseau social lui a fait engranger rapidement plusieurs millions de nouveaux utilisateurs au cours des dernières semaines. L’entreprise parle désormais plus clairement des options envisagées, notamment d’une offre Bluesky+.
Le 10 décembre à 11h00
6 min
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Bluesky a le vent en poupe. Porté en partie par les désertions de X suite à une série de décisions controversées du réseau racheté par Elon Musk, Bluesky atteint désormais les 25 millions d’utilisateurs. L’explosion des derniers mois a fait ressurgir diverses problématiques des grands réseaux, suscitant l’intérêt de l’Europe et une surveillance du seuil d’activation du règlement sur les services numériques (DSA). Bluesky réfléchit également à ses outils de modération, avec un quadruplement de son équipe dédiée.
Mais Bluesky songe également à la solidité de son assise financière. L’entreprise a réalisé plusieurs levées de fonds et peut continuer à investir et renforcer ses équipes. Il lui faut toutefois trouver des sources de revenus pour pérenniser sa structure. Elle n’est plus tout à fait « la petite nouvelle » dans le secteur.
Vers une formule Bluesky+ payante
On savait que Bluesky réfléchissait à un abonnement. Le propos était déjà clair en octobre, lors de la dernière levée de fonds de 15 millions de dollars. La situation se précise avec la publication sur son dépôt GitHub de divers tests en ce sens.
On peut y voir des captures d’écran de ce qui pourrait devenir la formule payante Bluesky+. Il s’agit de maquettes, destinées uniquement à faire progresser la réflexion sur le sujet, mais elles donnent un aperçu de ce qui est envisagé.
La présentation générale est très classique, avec une mise en avant des avantages à s’abonner. Dans les maquettes, les fonctions bonus comprennent un badge spécifique, la possibilité d’utiliser une icône personnalisée pour l’application mobile, une personnalisation plus poussée des profils, la possibilité de publier plus de vidéos et une meilleure qualité pour ces dernières. D’autres sont marquées en « Coming soon », comme la traduction intégrée, les statistiques des publications ou encore les dossiers pour les signets.
Le « badge spécifique » serait lié à la vérification du profil. Difficile pour l’instant d’en savoir plus, mais la maquette suggère que le processus serait réservé aux personnes payant l’abonnement. On ne sait pas non plus comment cette vérification fonctionnerait. On peut cependant déduire de l’approche générale de Bluesky qu’une coche bleue ne sera pas automatiquement attribuée aux utilisateurs ayant payé, pour se démarquer de X et sa coche controversée.
De simples pistes de réflexion
Toujours dans les maquettes, la tarification évoquée est de 8 dollars par mois ou 72 dollars par an, ce qui correspondrait à quatre mois offerts. Mais, à l’instar des autres informations présentes dans les images, il ne s’agit que de données indicatives.
Dan Abramov, ingénieur chez Bluesky et ayant travaillé précédemment sur React et Reduc chez Meta, a d’ailleurs pris la parole sur le réseau, en réponse à la publication de saeri.xyz qui avait découvert les captures. Il rappelle que les informations des maquettes sont susceptibles d’être envoyées telles quelles en production, mais qu’elles ne peuvent pas être prises pour argent comptant. Même les fonctions estampillées « Coming soon » ne sont là que pour des tests.
Il ajoute que Bluesky étant un produit open source, ce type de développement se reproduira : « toute personne extérieure à l'entreprise peut consulter les projets de fonctionnalités, les prototypes et les travaux inachevés ». Comme pour tout autre projet, une annonce officielle aura lieu quand la société aura décidé la liste finale des fonctions intégrées dans son offre payante.
L’ingénieur a tenu cependant à affirmer plusieurs points. D’abord, pas de « pay-to-play », donc pas de priorité donnée aux publications des personnes abonnées, contrairement à X. Ensuite, pas de coche de vérification payante. D’ailleurs, si une coche devait apparaître pour signaler un profil « supporter », elle pourrait être masquée. Enfin, les signets seront gratuits.
De manière générale, les réactions aux publications de Dan Abramov sont largement positives.
La question du modèle commercial
L’arrivée de ces maquettes n’est bien sûr pas un hasard : Bluesky doit mettre en place un modèle commercial pérenne. Les abonnements ne sont d’ailleurs pas la seule solution envisagée.
La semaine dernière, la CEO de Bluesky, Jay Grabber, a livré plusieurs pistes lors d’un évènement organisé par TechCrunch. Elle a notamment déclaré que la publicité était une piste explorée actuellement. « Je pense que les façons dont nous explorerions la publicité, si nous le faisions, seraient beaucoup plus axées sur l'intention de l'utilisateur », a-t-elle expliqué. « Nous voulons que nos incitations restent alignées sur les utilisateurs et nous assurer que nous ne nous transformons pas en un modèle où l'attention de l'utilisateur est le produit ».
La CEO a ajouté que Bluesky ne voulait pas reproduire les erreurs des autres réseaux. Une volonté facilitée par un flux chronologique par défaut, qui ne tient pas compte de l’engagement des publications. En outre, puisque le protocole de Bluesky est ouvert, la présence de publicités pourrait être contournée par la création de flux alternatifs, a affirmé Jay Grabber, qui se définit comme « militante des droits numériques ». Une forme de publicité envisagée serait l’insertion de réclames dans les résultats de recherche.
Le réseau se refuse cependant à tout contrat de licence d’IA, qui supposerait l’utilisation des données présentes sur Bluesky pour entrainer des modèles. Cependant, comme nous l’avons déjà signalé, les données de Bluesky sont publiques. La société réfléchit bien à un réglage pour informer les éditeurs tiers que l’on ne souhaite pas voir ses données être utilisées, mais il n’y a aucune garantie qu’il sera respecté.
En plus de la publicité et des abonnements, Bluesky pourrait vendre des noms de domaines. C’était d’ailleurs la première piste de monétisation envisagée.
En quête d’un modèle commercial, Bluesky réfléchit à ses abonnements
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Vers une formule Bluesky+ payante
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De simples pistes de réflexion
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La question du modèle commercial
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Quand ce n'est pas le cas, on se met sur le régime de faillite et on fait financer la dette par l'État, ça permet d'éviter pas mal de procès…
Le monde capitaliste, quelle réussite.
Hier à 11h12
je me permet de mettre le lien vers une discussion sur Bluesky sur ce même sujet, initiée par « Flef » (un compte très intéressant par ailleurs) et qui donne quelques compléments, sur les message épinglés par exemple : Bluesky
Hier à 11h43
Plus ça grossit, plus il faut des revenus.
Plus il faut des revenus, plus il faut des équipes en production.
Bref, le cercle infernal.