Chiffrement : BlackBerry justifie l’aide apportée à la gendarmerie canadienne
Une question de cohérence
Le 19 avril 2016 à 09h32
5 min
Droit
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La communication de BlackBerry a beau largement être axée sur la sécurité, cela n’empêche pas l’entreprise d’avoir une philosophie claire sur la manière dont les enquêtes doivent se poursuivre. Son PDG, John Chen, a ainsi confirmé que BlackBerry avait collaboré avec la gendarmerie canadienne, ajoutant que tous devraient en faire autant.
Alors même que l’incendie créé par le choc entre Apple et le FBI n’a fait que baisser légèrement en intensité, BlackBerry ajoute son grain de sel. Une communication de l’entreprise était à prévoir, tant elle a fait parler d’elle la semaine dernière, à la faveur de documents révélés par Vice et montrant qu’une aide avait été apportée à la gendarmerie canadienne (RCMP). Et pas n’importe quelle aide : la clé globale de déchiffrement pour BlackBerry Messenger.
On ne sait pas exactement comment la RCMP s’est retrouvée en possession de cette clé, BlackBerry n’ayant jamais confirmé l’avoir librement donnée. Mais un récent billet de blog de John Chen, son PDG, permet de mieux saisir l’état d’esprit de l’entreprise. Il a dans un premier temps confirmé que BlackBerry avait collaboré avec la gendarmerie canadienne dans une affaire impliquant au moins un meurtre et ayant abouti au démantèlement d’un réseau de trafic de drogue.
« Les entreprises technologiques devraient obtempérer »
Pour John Chen, pas question d’en rougir, bien au contraire : « Notre position est claire depuis longtemps, les entreprises technologiques devraient obtempérer, en tant que bons professionnels citoyens, aux requêtes juridiques d’accès raisonnables ». Revenant sur l’affaire qui a provoqué des interrogations sur la philosophie de l’entreprise sur la vie privée de ses clients, il indique que « finalement, l’affaire s’est terminée par le démantèlement d’une vaste organisation criminelle. En ce qui concerne l’assistance de BlackBerry, je peux réaffirmer que nous avons respecté nos principes d’accès légaux ».
Si BlackBerry est obligée de réagir, c’est que les chiffres donnés par Vice suscitaient bien des interrogations. Durant la fameuse opération de la RCMP, couronnée de succès, ce sont ainsi un million de messages qui ont été déchiffrés grâce à la clé. La question de l’obtention était bien sûr au cœur des débats, la défense ayant cherché à la récupérer pour avoir la garantie que les messages incriminants étaient bien authentiques. Ce que l’accusation a refusé, bloquant la requête et expliquant que le partage de la clé mettrait en danger de futures opérations ainsi que les relations de BlackBerry avec ses clients.
L'équilibre entre « ce qui est bien » et les « abus des gouvernements »
Rappelons à ce sujet que BBM peut s’utiliser de deux manières très différentes, selon que l’on est utilisateur du grand public ou d’entreprise. Le quidam se sert de la solution classique de messagerie transitant par les serveurs de BlackBerry, qui possède une clé de déchiffrement globale. Un cas qui est loin d’être unique, des entreprises comme Apple, Google et Microsoft faisant de même avec plusieurs de leurs services. En milieu professionnel par contre, un administrateur peut mettre en place un BlackBerry Enterprise Server (BES) et définir une clé personnalisée, stockée alors localement et donc inaccessible par le Canadien.
Bien que la position de BlackBerry soit somme tout assez classique, elle mérite plusieurs éclaircissements. D’abord sur la différence qu’il existe entre l’aide fournie à la RCMP et la menace de partir du Pakistan, en fin d’année dernière. John Chen érige le cas en exemple : « Pour BlackBerry, il existe un équilibre entre faire ce qui est bien, comme aider à appréhender les criminels, et empêcher les cas d’abus par les gouvernements sur la vie privée des citoyens, incluant notre refus au Pakistan d’accéder à nos serveurs. Nous avons été capables de maintenir cet équilibre même quand les gouvernements ont fait pression pour que nous changions d’éthique. En dépit de ces pressions, notre position est restée identique et nos actions prouvent que nous nous tenons à ces principes ».
Une surprise
Ce que BlackBerry ne peut pas éviter en revanche, c’est la manière dont le grand public peut percevoir ces actions. Pour beaucoup, le fait que la RCMP ait détenu la clé de chiffrement (voire la détienne encore) sera une surprise et aurait mérité une communication claire sur le sujet. Il existe en effet une différence très nette entre une demande d’accès donnant lieu à un transfert de données, et l’utilisation directe de la clé par la gendarmerie pour se servir elle-même.
Chiffrement : BlackBerry justifie l’aide apportée à la gendarmerie canadienne
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« Les entreprises technologiques devraient obtempérer »
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L'équilibre entre « ce qui est bien » et les « abus des gouvernements »
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Une surprise
Commentaires (34)
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Abonnez-vousLe 19/04/2016 à 09h40
Nous avons été capables de maintenir cet équilibre même quand les gouvernements ont fait pression pour que nous changions d’éthique. En dépit de ces pressions, notre position est restée identique et nos actions prouvent que nous nous tenons à ces principes
Les multinationales garantes de l’éthique… Ça promet.." />
Le 19/04/2016 à 09h46
C’est bête, ils ont miné leur seul produit qui marchait encore pas trop mal
Le 19/04/2016 à 09h51
Le problème ce n’est pas aux sociétés de dire ce qui est bien ou mal dans les pays mais elles doivent respecter les lois locales. Surtout que l’éthique d’un pays A n’est pas la même qu’un pays B, donc à partir de là c’est assez compliqué de satisfaire tout le monde, c’est surtout le risque de satisfaire personne.
Le 19/04/2016 à 09h55
Le 19/04/2016 à 10h11
La politique de BlackBerry en la matière à toujours été claire et assumée.
C’est plus pour des raisons boursières que tous ces articles ont fleuri à mon avis, pour qu’on parle moins du cas Apple.
Le 19/04/2016 à 10h14
BBM c’est 100 millions d’utilisateurs certes, mais les produits qui marchent bien et surtout sont rentables c’est dans le monde de l’entreprise ou des administrations qu’ils résident.
Le 19/04/2016 à 10h15
Donc si on compare BlackBerry a un fabriquant de coffres forts :
Combien de temps avant que cette clé globale se fasse dérober ? On va rigoler tiens.
Le 19/04/2016 à 10h15
c’est pas vraiment comparable, y a pas de clé magique chez Apple et consors pour déchiffrer.
Perso je serais un entreprise je serais pas tranquille pour mes secrets industriels qui transiterai par des appareils BB, pour moi coup de com de la bête mourante qui ne peut jouer qu’une seule carte, celle du ‘je me démarque”.
Les entreprises sont pas contre le fait de participer et d’aider les enqueteurs mais dans la mesure du possible, la loi peut t’elle t’imposer après avoir cassé une pierre de la restaurer dans son etat original, c’est pourtant ce qu’ils voudraient ?
Pour l instant les entreprises se plient a la loi , et si demain on leur demande une backdoor ou une masterkey par la loi , ils le feront.
Le 19/04/2016 à 10h19
En même temps, à part l’image de marque ultra-clivante de Apple, je ne vois pas pour quelle raison on devrait moins parler du cas de Black Berry.
Le 19/04/2016 à 10h21
Le Canada faisant partie de club des Five Eyes, je ne doute même pas un seul instant que, en vertu des accords de coopération entre les services de renseignements de ces 5 pays, la clé a été donnée aux USA et aux Britanniques.
Quand aujourd’hui, son seul argument de vente et de marketing c’ est la sécurité, ca le fait pas trop je trouve …
Le 19/04/2016 à 10h23
Le 19/04/2016 à 13h45
c’était son vieux Nokia
Le 19/04/2016 à 13h53
Le 19/04/2016 à 14h12
Le 19/04/2016 à 14h20
Le 19/04/2016 à 14h49
Le 19/04/2016 à 15h03
Le 19/04/2016 à 20h25
Apparemment il vaut mieux avoir un BlackBerry qu’un iPhone lol si on est flic.
Le 19/04/2016 à 10h31
De mémoire, les blackberry des membres du G20 ne sont pas les même que Mr ou Md Michou ^^
Ils sont “légèrement” tunés avec une puce dédiée au chiffrement développé par Secusmart (qui en passant appartient à Blackberry).
Plus que le terminal en lui même, c’ est la techno de Secusmart qui fait du smartphone un “coffre fort”.
Le 19/04/2016 à 10h52
Le 19/04/2016 à 10h53
Le 19/04/2016 à 11h02
Apple a pas la clé " />
non rien oubli
Le 19/04/2016 à 11h06
Oui c’est clair que RIM fait son chiffre avec les entreprises. Mais quand même ce genre de news fout le doute sur la crédibilité de Blackberry à protéger les données qui transitent sur leurs appareils.
Déjà en 2007 les blackberry avaient été bannis du gouvernementet c’est toujours le cas maintenant.
Donc au final, ça impact quand même leur business. D’où leur volonté d’ailleurs de ne pas faire fuiter l’info.
Le 19/04/2016 à 11h18
encore le cas ? recherche ce qu’a Valls et d’autres comme smartphone
Le 19/04/2016 à 11h20
sinon quand même une truc pas clair et c’est dommage, on ne sait pas si la gendarmerie canadienne a réellement eu la clé, l’a encore ou si ils ont été dans les locaux de BB voir/recup les messages
Le 19/04/2016 à 11h25
Le 19/04/2016 à 11h56
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Et puis, en admettant qu’ils ne l’aient pas " />; tout va dans icloud nan?
Apple
Le 19/04/2016 à 12h13
Pour moi, le gros souci c’est plus là où BB est (était ?) traditionnellement fort : les téléphones d’entreprise.
Considérer qu’une administration a pu demander, et obtenir la clé de décryptage, pour moi, c’est l’annonce que les téléphones ne sont plus sur pour les secrets industriels/commerciaux.
Et vu qu’on sait que la NSA exploitait les info qu’ils récoltaient pour des besoin d’espionnages industriels, je serai une entreprise, je sortirai toute ma flotte de BB pour des Apple (ou autre plus “respectueuse” de la sécurité des données)
Le 19/04/2016 à 12h18
Les smatphones sous BES, que ce soit des Blackberry ou non, disposent d’un chiffrement différent, et la clé est définie par l’entreprise.
D’ailleurs, un BES avec quelques licences ce n’est pas cher… et pas besoin d’être une entreprise pour en avoir un. Il faut par contre disposer d’un serveur, ou passer par BES Cloud qui est un chouïa plus onéreux.
Le 19/04/2016 à 12h18
Le 19/04/2016 à 12h41
Le 19/04/2016 à 12h54
Si tu as des certitudes, le dialogue ne sert à rien ;)
Le 19/04/2016 à 12h59
Le 19/04/2016 à 13h40
C’était avant.