Télécoms : malgré des revenus en baisse, l’investissement progresse en 2015
Le THD fixe et mobile grimpe aussi
Le 27 mai 2016 à 15h00
6 min
Internet
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Si l'année 2015 a encore vu les revenus des opérateurs baisser, cela n'a pas refroidi leurs investissements, repartis à la hausse. Côté réseaux, la part de cartes SIM en 4G double, le trafic mobile explose et le déploiement du très haut débit continue son accélération.
Hier soir, l'ARCEP a publié « les résultats provisoires » du marché des télécoms en 2015, qui permettent d'avoir une bonne idée de la vie des opérateurs sur l'année. Si le chiffre d'affaires des opérateurs continue de chuter, les investissements ont repris du poil de la bête, en étant désormais bien dirigés vers le très haut débit. Les consommateurs suivent aussi ce mouvement, avec des abonnements au très haut débit fixe et mobile en forte hausse.
Un chiffre d'affaires en légère baisse
L'an dernier, les opérateurs ont engrangé 35,9 milliards d'euros, dont 32,6 milliards d'euros HT sans revenus annexes. Sur ce dernier chiffre, le montant est en baisse de 2,6 % en 2015, contre 4 % en 2014 et 7,2 % en 2013. La dégringolade ralentit mais existe encore. Les revenus du mobile (14,2 milliards d'euros) affichent, eux, un recul de 3,2 %. « Le niveau de repli a été divisé par trois en deux ans, grâce à la progression des consommations et une moindre baisse des prix mobiles » constate tout de même l'autorité.
La baisse des prix mobiles continue mais ralentit, malgré la guerre des prix en fin d'année, en plein théatre autour du rachat (avorté) de Bouygues Telecom par Orange. Le revenu moyen par utilisateur se situe à 16,4 euros HT sur l'année, contre 17,2 euros en 2014. Pour référence, il était de 24,7 euros en 2011. « Parallèlement, le revenu tiré de la vente et de la location de terminaux mobiles (2,2 milliards d’euros HT) progresse fortement depuis 2014 (+ 12,4% en un an en 2015) » note encore le régulateur.
Sur le fixe, les revenus sont en baisse de 2 %, pour atteindre 16,9 milliards d'euros. Ils sont tirés vers le bas par une nette baisse des recettes du bas débit (3,7 milliards d'euros), qui n'est pas compensée par une très légère hausse de ceux du haut débit (+ 0,8 % contre + 3 % un an plus tôt). La facture moyenne, elle, passe à 32,4 euros par mois, contre 33,2 euros auparavant.
Un investissement en forte hausse
L'un des principaux événements du secteur sur l'année a été la mise aux enchères des fréquences mobiles en 700 MHz. Des fréquences « en or », qui portent loin, pour lesquelles le secteur a déboursé collectivement 2,8 milliards d'euros. Le total des dépenses d'investissement passent donc à 10,6 milliards d'euros, en hausse de 50,2 %. Sans les fréquences, la progression est aussi honorable. Les 7,8 milliards d'euros dépensés dans les réseaux représentent une hausse de 10 % par rapport à 2014.
Le plus intéressant est de constater que les investissements dédiés au très haut débit ont été doublés sur l'année, pour atteindre 5,2 milliards d'euros. Dans le détail, près de 80 % de ces investissements concernent le mobile. Ce sont 4 milliards d'euros qui ont été dépensés dans le THD mobile, contre 1,6 milliard en 2014, soit 148 % de mieux. Sur le fixe, les 1,1 milliard d'euros investis sont 18,6 % de mieux qu'un an plus tôt.
L'emploi, lui, continue de faire grise mine. Fin 2015, le secteur comptait 118 000 emplois directs, soit 4 000 postes de moins sur l'année. 2015 suit la tendance habituelle de 3 000 à 4 000 emplois supprimés par an, tracée depuis l'arrivée de Free Mobile en 2012. En 2011, le secteur comptait 129 000 emplois directs, contre 11 000 de moins en 2015.
Deux fois plus de lignes mobiles en 4G
Au dernier trimestre 2015, le pays comptait 72,1 millions de cartes SIM pour utilisateurs finaux (+ 0,6 % sur un an). Cela en plus de 10,6 millions de lignes MtoM, destinées aux communications entre machines, dont le nombre a explosé sur l'année (+ 2,3 millions), malgré des revenus toujours marginaux, à 96 millions d'euros sur l'année. Le volume total bénéficie de la souscription à 2,4 millions de forfaits supplémentaires (59,5 millions au total), contre 1,9 million de cartes SIM prépayées (12,6 millions) perdues.
Le nombre d'abonnements au très haut débit mobile (4G) a doublé sur l'année, pour atteindre un tiers des lignes. L'Internet mobile (3G) concerne lui deux lignes sur trois. Au total, ce sont 560 000 To qui ont été consommés sur mobile sur l'année, soit une (belle) hausse de 83 % par rapport à 2014. Cela donne 1,2 Go par mois par utilisateur actif d'Internet mobile.
En même temps que le trafic, le volume de SMS continue aussi sa hausse. 5 milliards de messages supplémentaires ont été envoyés en 2015, pour 202,5 milliards au total. Par contre, le trafic voix affiche une baisse de 1,1 %, avec un grignotage continu du mobile sur le fixe. Deux tiers des appels voaux viennent désormais du mobile, dont le volume d'appels grimpe de 3,2 %, alors que celui des lignes fixes descend de 7,9 %. Cela donne 3h05 d'appels en moyenne par ligne mobile (+ 3 minutes par mois), contre toujours 3h20 par ligne fixe (- 25 minutes).
Côté fixe justement, sur 26,9 millions d'accès Internet, 4,3 millions de lignes étaient en très haut débit à fin 2015, dont 1,3 million ouvertes dans l'année. Le très haut débit, qu'il soit proposé sur des lignes cuivre, câble ou fibre, continue son bonhomme de chemin. Les trois technologies se partagent le marché à parts quasi-égales, même si la fibre reste encore aujourd'hui une solution utilisées essentiellement en ville.
La progression du nombre d'abonnements quadruple play, soit la liaison des forfaits fixes et mobiles, a conquis 2 millions de clients en 2015. Ils sont désormais 17,4 millions, pas moins.
Les spécificités de l'outre-mer
Dans son rapport, l'ARCEP réserve à raison une part à l'outre-mer, qui affiche quelques particularités. Les habitants de ces territoires possèdent ainsi en moyenne 1,24 carte SIM, contre 1,09 sur l'ensemble de la France. La part des cartes prépayées est aussi à noter. Alors qu'elles représentent globalement 17 % des lignes, elles comptent « pour environ 50 % aux Antilles et 60 % en Guyane, et jusqu’à 75 % à Mayotte ».
Signe de l'importance du mobile : sur 1,2 milliard d'euros de revenus en 2015, 711 millions proviennent du mobile seul. Reste que ces recettes sont en baisse de 1,5 % sur l'année, alors que les usages continuent bien de se développer. On a assisté à un bon de l'Internet mobile (3G) avec 37,5 % d'abonnés supplémentaires (pour 45 % des cartes SIM) et 38,5 % de trafic consommé en plus. La 4G pourrait d'ailleurs bientôt s'y développer, le gouvernement ayant lancé son appel à candidature pour ces fréquences en février.
Télécoms : malgré des revenus en baisse, l’investissement progresse en 2015
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Un chiffre d'affaires en légère baisse
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Un investissement en forte hausse
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Deux fois plus de lignes mobiles en 4G
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Les spécificités de l'outre-mer
Commentaires (3)
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Abonnez-vousLe 27/05/2016 à 23h45
L’emploi, lui, continue de faire grise mine. Fin 2015, le secteur comptait 118 000 emplois directs, soit 4 000 postes de moins sur l’année. 2015 suit la tendance habituelle de 3 000 à 4 000 emplois supprimés par an, tracée depuis l’arrivée de Free Mobile en 2012. En 2011, le secteur comptait 129 000 emplois directs, contre 11 000 de moins en 2015.
Faut pas non plus tout mettre sur free, le secteur detruisait deja des emplois depuis une bonne décénie lorsqu ils sont arrivés
Le 28/05/2016 à 09h33
Il ne faut pas voir ça comme une “accusation” à l’égard de Free. Personnellement, je pense que ça démontre qu’il y a plus de tension sur le chiffre d’affaire sur des grosses sociétés (en l’occurence, les 4 opérateurs principaux des télécoms), et donc :
Le 28/05/2016 à 09h49
“Côté fixe justement, sur 26,9 millions d’accès Internet, 4,3 millions de lignes étaient en très haut débit à fin 2015, (…)
La progression du nombre d’abonnements quadruple play, soit la liaison des forfaits fixes et mobiles, a conquis 2 millions de clients en 2015. Ils sont désormais 17,4 millions, pas moins.”
(article Next inpact)
Une majorité d’accès quadruple play ? Je suis impressionné par le nombre de foyers aussi prompt à devenir des clients captifs (même si l’avantage est de ne pas se poser de question et de n’avoir qu’une seule facture de communications électroniques).
Vive les MVNO !
À bas la vente liée, les packages de services !
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