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55 ans d’AMD : des clones Intel au succès de Zen

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55 ans d’AMD : des clones Intel au succès de Zen

AMD vient de fêter ses 55 ans et, comme souvent sur Next, ce genre d’anniversaire est l’occasion de vous proposer une petite rétrospective de la marque. Elle a commencé par cloner des CPU Intel avant de se lancer toute seule, avec une belle réussite depuis quelques années.

Le 03 mai à 08h30

On parlera ici principalement des CPU, car nous avons déjà consacré tout un dossier aux évolutions des GPU. Pour rappel, AMD a racheté ATI en 2006, pour 5,4 milliards de dollars. La marque ATI n’a pas été conservée, mais la dénomination des Radeon oui, et elle perdure encore aujourd’hui.

Dans les autres rachats marquants, rappelons qu’AMD s’est payé Xilinx (une société spécialisée dans les FPGA) pour 35 milliards de dollars en 2020.

Retour dans le passé des années 70

C’est en effet le 1er mai 1969 que la société Advanced Micro Devices (AMD) a été fondée, dans la Silicon Valley. Son grand rival Intel a vu le jour quelques mois auparavant, en juillet 1968. Il est d’ailleurs amusant de remarquer que plusieurs cofondateurs d’AMD et d’Intel (notamment Jerry Sanders chez AMD et Gordon Moore chez Intel) sont des anciens d’une même société : Fairchild Semiconductor.


Quoi qu’il en soit, dans la foulée de sa création, AMD propose son premier produit : l’Am9300, une puce MSI (Medium Scale Integration, c’est-à-dire un circuit comportant entre 10 et 100 portes) de 4 bits. Il faudra attendre le début des années 70 pour que la première puce développée maison arrive, avec l’Am2501.

Le 27 septembre 1972, AMD est introduite en bourse. La société émet 620 000 actions ordinaires (dont 120 000 par les actionnaires) au prix de 15,5 dollars. L’entreprise lève ainsi près de 8 millions de dollars. AMD fera son entrée à la bourse de New York (NYSE) le 15 octobre 1979, mais rejoindra finalement le Nasdaq le 2 janvier 2015.


1982 : AMD, IBM et Intel sont dans un bateau

Pour en revenir aux processeurs, AMD a commencé par produire des clones des CPU d’Intel avec, par exemple, l’AM9080ADC qui était une copie du 8080. Par la suite, un accord de licence a été signé avec Intel en 1982, sous la pression d’IBM. En effet, ce dernier utilisait des CPU Intel dans ses machines et voulait disposer d’une seconde source d’approvisionnement. Déjà partenaires pour les 8080 et 8085, AMD et Intel ont prolongé leur accord.

Jusqu’au 486, AMD est restée dans le sillage d’Intel. Tout d’abord, en étant une seconde source d’approvisionnement pour les CPU 286 et les versions précédentes, mais aussi en proposant des processeurs 100 % compatibles avec les 386 et 486 d’Intel, avec ses Am386 (1991) et Am486 (1993).

Détour par le « PR » et les CPU « Windows Compatible  »

Pour se démarquer, le Texan vend des puces légèrement plus rapides (quelques MHz d’écart) pour le même prix, voire parfois un peu moins cher. C’était la marque de fabrique d’AMD : « plus rapide, pour le même prix ».

Nous pouvons par exemple citer l’Am386DX à 40 MHz quand Intel était à 33 MHz. Un moyen de se démarquer étant donné qu’il ne faisait pour rappel que reproduire les puces Intel. L’histoire s’est répétée avec les Am486 DX-40, DX2-80 et autres DX4-100.

À l’époque, AMD affirmait que son processeur Am486 DX4-120 (120 MHz, le plus rapide de la série) « offrait des performances de cinquième génération (P54C-75) [Pentium à 75 MHz, ndlr] à un prix de quatrième génération ».

Les moins jeunes s’en souviendront sûrement, mais certains CPU Am386 et Am486 d’AMD avaient un logo « Microsoft Windows Compatible » gravé sur le dessus ; une manière de rassurer les clients. D’autres comme WinChip avaient aussi opté pour une mention du genre, avec « Design for Windows ».

En 1995, AMD lance la série des Am5x86. Contrairement à ce que son nom laisse penser, il ne s’agit pas d’une nouvelle génération, mais d’une évolution des Am486. Jamais en manque d’idées, les équipes marketing ont décidé de passer au Performance (ne serait-ce pas plutôt le P de Pentium ?) Rating pour parler de performance, plutôt que donner la fréquence en MHz comme c’était alors la norme.

La version à 133 MHz est ainsi vendue sous l’appellation commerciale Am5x86-P75 (133 MHz), P75 faisant directement référence au Pentium à 75 MHz d’Intel, qui était déjà disponible sur le marché. Une version à 150 MHz alias P75+ a aussi vu le jour. Cette technique marketing a également été utilisée sur les Athlon (XP) : le 1600 + est ainsi cadencé à 1,4 GHz, le 2000 +à 1,67 GHz.

Dans les deux cas, le PR est censé donner l’équivalent en termes de performances par rapport aux Pentium.

AMD passe à une architecture maison avec son K5

Après les Am5x86, le Texan lance enfin sa toute première génération de processeurs maison : les K5. Nous sommes alors en 1995. AMD affirme alors qu’il s’agit du « premier microprocesseur compatible avec l'architecture x86 et conçu de manière indépendante ». Compatibles broches à broches avec les Pentium d’Intel, les CPU prenaient place sur les sockets 5 ou 7.

AMD récidive ensuite avec les K6 (1997), puis deux évolutions : K6-2 (1998) et K6-III (1999). La même année que le K6, Intel lançait ses Pentium I (6e génération de processeur), puis le Pentium II en 1997 et le Pentium III en 1999… qui n’était qu’une petite évolution du Pentium II avec les instructions SSE (pour Streaming SIMD Extensions, un jeu d'instructions pour microprocesseurs x86).

De retour chez AMD, on passe au K7 en 1999 avec les Athlon. Ce dernier sera d’ailleurs le premier processeur à franchir la barre du GHz, au nez et à la barbe d’Intel (qui l’a rejoint quelques jours plus tard). AMD était aussi le premier à se lancer sur le 64 bits pour le grand public, avec les Athlon 64 (et FX). On parle d’architecture x86-64 ou AMD64 (puisqu’AMD était premier sur ce segment). C’était en 2003, Intel a suivi par la suite.

En 2013, AMD récidive en revendiquant la couronne du premier processeur à 5 GHz en mode Boost (4,7 GHz en fréquence de base). Cette couronne avait un prix, autre que pécunier  : le FX-9590 affichait un TDP (pour thermal design power, qui désigne l'enveloppe thermique d’un semi-conducteur) de pas moins de… 220 watts. Pour les plus nostalgiques, notre confrère Marc Prieur de Hardware.fr en avait publié un test.

Traversé du désert en attendant Zen

Suite logique, AMD passe ensuite à l’architecture K8 avec les Athlon 64 (FX), Sempron 64, Turion et autres Opteron. La neuvième génération arrive avec le K10, introduite dans le Phenom. N’arrivant pas à lutter sur le terrain des performances, AMD mise sur le tarif pour se démarquer.

C’est d’une certaine manière le début d’une longue traversée du désert pour AMD avec, par la suite, les architectures Bulldozer, Piledriver, Steamroller et Excavator… sur lesquelles nous ne nous étendrons pas.

En 2009, une scission se met en place : AMD se sépare de sa partie fonderie et lâchera définitivement ses dernières parts en 2012. GlobalFoundries est désormais détenue à 100 % par ATIC, le fonds souverain des Émirats arabes unis.

En 2017, AMD revient avec l’architecture Zen et les processeurs Ryzen, le succès fut au rendez-vous. Aujourd’hui encore, AMD continue sur sa lancée avec la dernière évolution Zen 4, tandis que Zen 5 se prépare.

On rappellera que ce retour en force d’AMD, avec la multiplication des cœurs sur les CPU Ryzen a enfin fait bouger Intel qui avait largement tendance à se reposer sur ses lauriers au fils des générations de Core. Les Core de 8e génération passaient ainsi à six cœurs, contre huit pour la 9e génération et jusqu’à dix pour la 10e (hors X-series).

Pour le lancement de ses CPU exploitant l’architecture Zen, AMD a repris une dénomination proche de celle de son concurrent avec les Ryzen 3/5/7 à mettre en face des Core i3/i5/i7. Les Ryzen 9 sont arrivés avec Zen 2. Encore aujourd’hui, AMD et Intel utilisent les chiffres 3, 5, 7 et 9 comme segmentation de leurs gammes de processeurs.

La société vaut actuellement plus de 200 milliards de dollars

Aujourd’hui, AMD est une société avec une capitalisation boursière de 230 milliards de dollars, quand Intel est à 130 milliards de dollars. AMD a dépassé Intel pour la première fois début 2022. NVIDIA met de toute façon tout le monde d’accord avec plus de… 2 000 milliards de dollars.

L’action est à 143 dollars, alors qu’elle était sous les 50 dollars jusqu'à début 2020. Elle a même dépassé les 200 dollars en mars de cette année. Comme bien d’autres, elle mise beaucoup sur l’intelligence artificielle, notamment avec ses GPU. La société vise aussi les datacenters et les supercalculateurs avec ses CPU.

Dans son dernier bilan financier du premier trimestre 2024, la société revendique un chiffre d’affaires de 5,473 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 123 millions de dollars. Sur l’année 2023, les revenus étaient de 22,680 milliards de dollars pour un bénéfice de 854 millions de dollars. C’était par contre meilleur en 2022 avec respectivement 23,601 milliards et 1 320 millions de dollars.

Lisa Su, une ingénieure et chef d'entreprise américaine, d'origine taïwanaise, est à la tête d’AMD depuis maintenant 10 ans (elle est arrivée en octobre 2014). Elle est régulièrement distinguée dans la presse. La société tient un petit bilan de ses prix et distinctions.

Commentaires (14)

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Oubli majeur : "Suite logique, AMD passe ensuite à l’architecture K8 avec les Athlon 64 (FX), Sempron 64, Turion et autres Opteron. "
Tout de même.... AMD a surtout introduit le 64 bits sur les processeurs x86 ! Ils ont imposé à Intel de faire des processeurs 64 bits pour le grand public, alors que leur projet était de faire de l'Itanium le processeur 64 bits réservé aux professionnels, le grand public pouvant se contenter de 32 bits.
Sans l'AMD64, difficile d'imaginer ce que serait le marché du processeur grand public aujourd'hui. Aurions-nous des processeurs Itanium bridés ? Du POWER ? De l'ARM ?
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C’est vrai, je voulais le préciser et… c’est passé à la trappe. J’ajoute un mot :)
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Au passage, l'architecture Itanium s'est avérée être un four complet (et très vorace en énergie pour l'époque).
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J'ai l'impression que je n'arrive plus à poster dans "Quelque chose à dire", ça n'apparaît plus. J'ai dû créer pas mal de doublons à supprimer aujourd'hui :(
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Hello,

Il s'agissait d'un problème de gestion de cache. Normalement nous avons corrigé le problème.
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Il manque un détails croustillant, avant la sortie de zen, en 2015, l'action de l'entreprise valait moins de 3 dollars.
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Autre remarque, la partie « L’entreprise est désormais détenue à 100 % par ATIC, le fonds souverain des Émirats Arabes Unis. » ne devrait-elle pas s’appliquer à Global Foundries plutôt qu’AMD en soi ? D’autant que le paragraphe suivant parle de la valeur en bourse d’AMD, chose difficilement compatible avec une entreprise détenue à 100% par un fond souverain.
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c’est bien pour GF (et pas AMD), je ne sais pas pourquoi la phrase est pas au bon endroit… c’est fixed, merci !
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Merci Sébastien pour le lien vers HFR, dans un article InpactHardware . J'ai pris 20 ans là :devil:
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Très bon article, merci.
La phrase d'accueil m'interpelle:
"AMD vient de fêter ses 55 ans et, comme souvent sur Next, ce genre d’anniversaire est l’occasion de vous proposer une petite rétrospective de la marque."
OK. Mais l'an prochain, AMD fêtera ses 56 ans, etc...
Si ça avait été 50 ans, j'aurais compris. Mais 55? Aura-t-on droit à une rétrospective de chaque entreprise techno à chacun de leurs anniversaires ?
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Non, c’est qu’on profite généralement d’un anniversaire pour une rétrospective, mais on ne va pas refaire la même chose chaque année ^^.
Par contre dans 5, 10, 15… ans pourquoi pas si cela mérite :)
Et 55 pourquoi pas je dirais (on n’avait pas encore fait pour AMD).
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Je ne sais pas trop - cette rétrospective est uniquement sur le plan CPU ... Il y a d'autres choses AMD: le rachat d'ATI, l'équipement des consoles de jeu, la difficile reconnaissance dans le monde du serveur...
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Il y avait quand même de bons processeurs.
Le K6-233 valait bien son homologue Intel pour moins cher.
L'Athlon "Thunberbird" à 1400 MHz ...

Sans compter les capacités d'oclock de certains. Un switch et le DX4-100 passait à DX4-120 sans broncher. A 150 MHz, le PC tenait 3 minutes avant l'écran noir.

55 ans d’AMD : des clones Intel au succès de Zen

  • Retour dans le passé des années 70

  • 1982 : AMD, IBM et Intel sont dans un bateau

  • Détour par le « PR » et les CPU « Windows Compatible  »

  • AMD passe à une architecture maison avec son K5

  • Traversé du désert en attendant Zen

  • La société vaut actuellement plus de 200 milliards de dollars

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