Billie Eilish, Pearl Jam, Stevie Wonder… 200 artistes alertent contre l’usage de l’IA dans la musique
Symphonie en bits mineurs
Portée par l’Artists Rights Alliance, une lettre ouverte signée par 200 artistes de renom appelle à protéger le travail et la rémunération des musiciens face à l’IA générative. Un texte qui s’insère dans la bataille en cours pour la protection des industries culturelles.
Le 03 avril à 14h25
4 min
IA et algorithmes
IA
Billie Eilish, Pearl Jam, Stevie Wonder… Dans une lettre ouverte diffusée par l’Artists Rights Alliance, 200 artistes états-uniens de renoms appellent à mieux protéger les droits des « artistes humains » face à l’usage croissant d’intelligence artificielle (IA).
« Sans contrôle, l’IA va provoquer une course à la médiocrité qui dégradera la valeur de notre travail et nous empêchera d’être correctement rémunérés », s’inquiètent-ils. Ils viennent ainsi ajouter leurs voix à celles d’une série d’autres artistes – dessinateurs, auteurs, acteurs, scénaristes, etc.
« Nous demandons à tous les développeurs d’IA, les entreprises technologiques, les plateformes numériques et les services musicaux de s’engager à ne pas développer ou déployer de technologies, de contenu ou d’outils de génération de musique par l’IA qui sapent ou remplacent l’art humain des auteurs-compositeurs et des artistes, ou qui nous privent d’une juste rémunération pour notre travail », appellent Mumford & Sons, Norah Jones ou les ayants droits de Bob Marley et Frank Sinatra.
Lutter contre l’ « usage prédateur de l’IA » dans la musique
« Certaines des entreprises les plus grosses et possédant le plus de pouvoir utilisent notre travail, sans permission, pour entraîner leurs modèles d’IA », s’insurgent les signataires. « Nous devons protéger les artistes contre l’usage prédateur de l’IA pour voler leurs voix et leur ressemblance, violer leurs droits et détruire l’écosystème musical. »
Courant 2023, des copies de la voix de Drake, de Michael Jackson ou de Kendrick Lamar avaient inondé TikTok. À l’aide d’IA générative, des internautes avaient créé de fausses covers de morceaux d’autres artistes – de la voix d’Angèle pour une reprise d’un morceau d’Heuss l’enfoiré (l’artiste y avait réagi sur TikTok) à Johnny Hallyday qui chante le générique de Pokemon ou Freed from Desire de Gala, les internautes s’en sont donné à cœur joie.
Il y a un an, Universal Music Group avait rapidement réussi à faire supprimer la fausse chanson Heat On My Sleeve créée avec les voix de Drake et The Weeknd. En parallèle, des sociétés comme Suno émergent, celle-ci étant décrite par Rolling Stones comme un « ChatGPT pour la musique ».
Oppositions autour des effets de l’IA sur les domaines artistiques
L’appel des musiciens porté par l’Artists Rights Alliance résonne avec les combats menés au fil des mois passés par les scénaristes et les acteurs d’Hollywood. En septembre 2023, après quatre mois et demi de grève, les scénaristes de la Writers Guild of America ont obtenu un accord en demi-teinte au sujet de l’IA générative : les studios pourront continuer d’entraîner des modèles sur les écrits des auteurs, en l’échange de garanties de crédits et de rémunération.
Les acteurs, qui ont de leur côté fait grève de juillet à novembre, ont aussi obtenu de donner leur accord et d’obtenir des compensations en cas de création de répliques ou d’altérations numériques de leurs performances. Portées par des auteurs, des journalistes, des médias, des comédiens, ou des éditeurs de musiques (comme Concord et Universal, à l’encontre d’Anthropic), de nombreuses plaintes visent par ailleurs nommément la plupart des grandes start-ups états-uniennes d’IA et quelques géants comme Meta.
Des travaux législatifs sont aussi en cours, tant aux niveaux étatique que fédéral : l’État du Tennessee a adopté le 21 mars l’ELVIS Act, pour Ensuring Likeness, Voice, and Image Security Act, ou loi sur la sécurité de l’image, de la voix et de la ressemblance. Dans cet État crucial pour l’industrie musicale locale, avec la ville de Nashville, le texte interdit la reproduction de la voix d’un artiste par IA générative sans son consentement. Il doit entrer en vigueur le 1ᵉʳ juillet. Au Congrès américain et dans plusieurs États du pays, des textes similaires sont en cours d’examen.
Billie Eilish, Pearl Jam, Stevie Wonder… 200 artistes alertent contre l’usage de l’IA dans la musique
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Lutter contre l’ « usage prédateur de l’IA » dans la musique
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Oppositions autour des effets de l’IA sur les domaines artistiques
Commentaires (13)
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Abonnez-vousLe 03/04/2024 à 16h15
Quant à Johnny Hallyday, les résultats de l'IA ne sont pas terribles, Jean-Baptiste Guégan n'a pas grand chose à craindre pour le moment à moins que l'on veuille aussi l'interdire (que ça soit une IA ou un humain, ça ne change pas grand chose si l'on veut interdire de copier la voix d'un chanteur).
Le 03/04/2024 à 16h49
Le 03/04/2024 à 17h04
Cette baisse de qualité n'est clairement pas causée par l'IA, mais plus par une envie de faire plus vite, plus simple, moins cher...
Modifié le 03/04/2024 à 19h05
Si je me réfère à ce que j'entends dans les espace publics, on vit dans les années 90 après être passées des 80. Tout ce que j'entends, c'est ce que qui passait quand j'étais au collège ou au lycée avec un peu de basses en plus.
Donc visiblement, on ne sait déjà plus créer.
Surtout qu'une partie des titres de cette période étaient déjà des reprises.
Et quand ce sont des originaux (en tous cas, de ma connaissance), j'ai l'impression d'entendre un synthétiseur en train de chanter sur des rythmes déjà entendus.
Donc bon, encore une fois, on brandit la menace de l'IA contre quelque chose que l'industrie a elle-même créée : de la médiocrité produite en masse.
Dans tous les cas, l'industrie du divertissement est saturée à en mourir. La quantité de contenus produits tout support confondu est des centaines de fois supérieures à ce qu'une personne lambda peut consommer. J'ai donc envie de dire qu'ils craignent de voir arriver de nouvelles gouttes d'eau dans un océan de bruit.
Le 05/04/2024 à 07h29
- Contre la main-mise des plus grands industriels.
- Contre l'extension débile de la taxe copie privée et spécialement l'entourloupe qui la maintient pour les pros.
- Pour une licence globale détaillée permettant de "pré-cadrer" les usages dérivés et assurer un revenu équitable y compris et surtout aux créateurs indépendants qui peuvent mettre des années à percer malgré une musique intéressante (mais parfois trop, heu, disons, "originale" pour plaire au grand nombre).
- Pour un renforcement des moyens dédiés à l'enseignement de la musique (on n'apprécie jamais autant l'effort et le génie investis dans une oeuvre que quand on s'est soi-même testé au domaine considéré, parce d'une ça fournit les clés de compréhension basiques de deux ça révèle la difficulté d'atteindre un bon niveau).
Ça fait >30 ans que la richesse musicale s'appauvrit progressivement dans les créations mainstream, que ce soit en amplitude vocale, amplitude sonore, construction harmonique ou paroles.
Dans la dynamique actuelle l'IA va simplement accélérer cette dynamique pour l'amener plus vite dans le mur (= moment où les gens n'en pourront simplement plus et recommenceront à chercher de la qualité). Et ce sera tant mieux.
CHEH.
Le 03/04/2024 à 16h56
Et si elle ne se vend pas, ben ils ont rien à craindre de l'IA, car ils font un travail de qualité ? (hum...)
Le 03/04/2024 à 19h21
Heureusement qu'on arrivera probablement toujours à conserver une petite niche de passionnés soutenus par une petite population un peu critique, sans quoi l'IA pourrait devenir un problème assez important. Elle pourrait le devenir dans des domaines qui ont besoin d'évoluer mais dans lesquels on travaille rarement par passion.
Le 03/04/2024 à 17h34
Le 03/04/2024 à 17h43
Le 03/04/2024 à 17h55
Par contre, oui, faire des musiques ressemblant à de l'existant, ça elle sait faire... Mais pas de danger, aucun artiste ne fait ça voyons.
Le 03/04/2024 à 18h09
https://unodieuxconnard.com/2022/11/09/lintelligence-artificielle-peut-elle-remplacer-les-artistes/
Le 03/04/2024 à 20h46
YouTube
Le 05/04/2024 à 07h18
Bah il faut se réveiller, l'IA n'y est pour rien, l'abus d'autot[h]une a déjà 30ans. (on cite souvent Cher-Believe de 1998 comme "fondateur")