iOS 17.5 va permettre le « vrai » sideloading, mais à des conditions très strictes
Bon d'accord, mais pas trop d'accord
La première bêta d’iOS 17.5 a été distribuée hier soir aux développeurs. En plus de diverses améliorations, elle introduit une possibilité attendue : pouvoir télécharger et installer une application depuis un simple site web. Les développeurs devront cependant montrer patte blanche.
Le 03 avril à 14h00
7 min
Logiciel
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Apple a introduit avec iOS 17.4 de nombreux changements destinés aux développeurs en Europe. Sous l’impulsion du DMA, mais de mauvaise grâce, la société a consenti une longue liste de capacités, dont la possibilité pour les éditeurs de fournir des navigateurs intégrant leur propre moteur de rendu, le déblocage de la NFC ou encore l’autorisation de déployer des boutiques tierces d’applications. Les conditions financières, en revanche, incitent bien peu au changement.
Mais alors que l’on s’attendait à un vrai sideloading – la possibilité d’installer une application depuis n’importe quelle source – Apple n’a évoqué que les boutiques tierces. Le 12 mars, nouvelle communication avec deux changements : les éditeurs de boutiques alternatives pourront choisir de ne proposer que leurs propres applications, et l’arrivée d’un vrai sideloading, par téléchargement d’une application depuis une simple page web.
Ces deux possibilités sont introduites par iOS 17.5.
Tout est (presque) en place…
Avec la première bêta d’iOS 17.5 distribuée hier soir aux développeurs, l’infrastructure permettant ce type d’installation est en place. La capacité elle-même n’est pas encore accessible, car elle dépend de plusieurs API qui, elles, arriveront dans un second temps.
Ces interfaces de programmation faciliteront « la distribution des applications des développeurs à partir du web, l'intégration avec les fonctionnalités du système, la sauvegarde et la restauration des applications des utilisateurs, et bien plus encore », selon Apple.
On s’en doute, il ne sera pas possible d’installer n’importe quelle application depuis le premier site web venu. Certaines conditions seront imposées, logiques dans ce type de contexte et par rapport à ce qu’Apple a déjà annoncé. Les applications devront ainsi être notarisées. Dans les informations fournies par les éditeurs devra notamment figurer le domaine du site, permettant à iOS de contrôler la correspondance entre ce que prévoit l’application et sa source.
Le panneau introduit par iOS 17.4 sera mis à contribution. Pour rappel, il s’affiche en Europe après chaque déclenchement d’une installation pour afficher un résumé des informations fournies par l’éditeur. L’utilisateur est invité à valider cette nouvelle étape. Actuellement, il n’affiche que les informations provenant de l’App Store. Il servira également pour les boutiques tierces et, bien sûr, pour le sideloading.
… mais !
La notarisation ne sera cependant pas suffisante. Première condition, être inscrit au programme Apple Developer en tant qu’organisation ayant une présence en Europe, que ce soit principalement ou via une filiale/succursale. L’emplacement associé à l’entité juridique doit être présent dans le compte Developer.
Ensuite, comme pour les boutiques tierces, tout développeur ou éditeur doit être membre du programme depuis au moins deux ans. Autre condition identique et « sévère », avoir une application dont le nombre de premières installations dans l’Union européenne a dépassé le million. Ce qui réserve la fonctionnalité aux gros éditeurs.
Ces derniers devront en outre s’engager sur plusieurs comportements :
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- Ne proposer des applications que depuis le compte Developer enregistré
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- Répondre aux demandes techniques d’Apple, en particulier tout ce qui concerne la sécurité et donc les éventuels soucis de comportement frauduleux
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- Publier des politiques claires sur la collecte de données et fournir un contrôle sur la manière dont elle est réalisée
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- Respecter les différents cadres juridiques selon le lieu où l’entité est enregistrée. Dans le cas de la France par exemple, les lois du pays et les règlements européens. Le RGPD et le DSA sont d’ailleurs cités.
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- Se conformer aux éventuelles demandes gouvernementales sur les retraits d’applications
Précision importante, les utilisateurs qui souhaiteront installer des applications par le web devront activer une option idoine dans les Réglages de l’iPhone. Ce fonctionnement est le même sur Android.
Il faudra passer par les nouvelles conditions tarifaires
On pouvait s’en douter, mais la communication d’Apple le confirme : pour exploiter la distribution web, les développeurs et éditeurs devront obligatoirement passer par les nouvelles conditions tarifaires.
Celles-ci sont au centre d’un futur bras de fer entre Apple et l’Europe, qui a déjà annoncé qu’elle se penchait sur la question. Rappelons qu’avec iOS 17.4, les développeurs peuvent choisir entre les anciennes conditions et les nouvelles.
Dans les premières, on garde les 30 % de commission reversés à Apple sur les gains générés par les applications. Cette commission peut descendre à 15 % en fonction de certains critères comme les revenus de l’éditeur ou encore de la nature de l’achat. C’est également le cas dès la deuxième année consécutive d’un abonnement (au 13ᵉ mois).
Dans les secondes, la commission est abaissée à 20 %, ou 13 % dans la formule réduite. On peut encore enlever 3 % en passant par un autre système de paiement.
Problème, en cas de passage aux nouvelles conditions (réservées à l’Europe), la Core Technology Fee entre en piste. Celle-ci prévoit un paiement supplémentaire à Apple de 0,5 euro pour chaque nouvelle installation de l’application au-delà du premier million et en fonction des gains générés par celle-ci. La firme de Cupertino avait mis en ligne une calculatrice qui montrait l’ampleur gargantuesque des frais en cas de grand succès d’une application.
Il reste donc à voir quels seront les (gros) éditeurs qui seront intéressés par la distribution web et ce que l’Europe en pensera. Il est évident qu’Apple ne souhaite pas une situation analogue au monde Android.
Les autres apports d’iOS 17.5
Les autres nouveautés d’iOS 17.5 ne sont pas aussi importantes, même si certains sont loin d’être anecdotiques pour autant. Le système intègre par exemple un nouveau système anti-tracking pour les accessoires de type AirTag.
Comme indiqué par 9to5Mac, du code trouvé dans le système laisse penser qu’iOS sera capable de reconnaitre autour de soi l’ensemble des accessoires de ce type et pas uniquement ceux d’Apple. Il devrait surtout pouvoir signaler un accessoire semblant suivre l’utilisateur (un mouchard), avec possibilité de bloquer la transmission de la position au possesseur de cet accessoire. Une évolution importante, et probablement une conséquence du rapprochement avec Google sur la gestion de ces produits. Le blocage dépendra cependant du fabricant.
Quelques autres changements sont apparus, comme certaines icônes remaniées, un fond coloré dynamique pour le widget de Podcasts ou encore de nouvelles capacités pour la gestion de flottes (MDM), comme celle de forcer le déploiement d’une version bêta sur les appareils.
Notez qu’il existe peut-être d’autres apports dans le système, mais qu’Apple ne fournit jamais de notes de version pour les bêtas de ses systèmes. En outre, des nouveautés pourraient apparaître dans les prochaines bêtas.
La version finale d’iOS 17.5 est attendue pour le mois prochain, sans doute une semaine ou deux avant le début de la conférence WWDC 2024.
iOS 17.5 va permettre le « vrai » sideloading, mais à des conditions très strictes
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Tout est (presque) en place…
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… mais !
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Il faudra passer par les nouvelles conditions tarifaires
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Les autres apports d’iOS 17.5
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 03/04/2024 à 15h13
Blague à part, je pense qu'il ya une coquille. Mais j'espère me tromper : je suis persuadé qu'un débat organisé par Apple vaudrait le coup d'œil ! ^^
Le 03/04/2024 à 15h55
Le 03/04/2024 à 20h42
Le 03/04/2024 à 21h35
Il faut utiliser les points de suspension sous l’article, à côté des icônes de cochonneries sociales et du marque page, après avoir préalablement copié l’extrait à signaler.
Le 04/04/2024 à 08h09
Modifié le 03/04/2024 à 18h45
Ce tarif ne s'applique que quand on diffuse son appli depuis le store d'Apple, c'est donc sans objet pour le sideloading.
Ça n'a rien de gargantuesque. Je suis contre ce paiement et je pense qu'il est contraire au DMA (j'avais cité un passage du DMA qui semblait interdire un paiement).
Par contre, si l'on prend des chiffres réalistes pour les revenus engendrés par une app, payer 0,5 € par utilisateur (après le premier million) n'a rien d'exorbitant. C'est le tarif le moins cher que demande Apple, c'est 0,5 € de trop, mais ça n'a rien d'insurmontable. Pour ceux qui n'ont pas un niveau de revenu suffisant pour que ça soit rentable, autant rester sur le store aux anciennes conditions
Et les ONG et états sont exemptés de frais, mais s'ils ne font pas payer leur app ni de paiement in-app, autant qu'ils restent aux anciennes conditions.
Édit : Ça vient d'où ça ?
Je n'ai rien lu de tel et le calculateur ne fait pas apparaître un lien avec les gains si l'on n'utilise pas le store d'Apple, mais j'ai peut-être raté quelque chose.
Le 03/04/2024 à 18h00
Si c'est pour avoir un truc complètement verrouillé où le dev doit payer chaque fois que j'installe une app. C'est uniquement du financier.
Donc en prenant le problème dans son ensemble. Seuls les suffisamment gros qui arriveront à avoir leur infra qui leur coûte moins cher que les 15% de commission Apple auront intérêt à le faire.
Le 03/04/2024 à 19h19
Le 03/04/2024 à 18h06
Modifié le 03/04/2024 à 20h23
- Autre condition identique et « sévère », avoir une application dont le nombre de premières installations dans l’Union européenne a dépassé le million.
- pour exploiter la distribution web, les développeurs et éditeurs devront obligatoirement passer par les nouvelles conditions tarifaires.
- Problème, en cas de passage aux nouvelles conditions (réservées à l’Europe),la Core Technology Fee entre en piste. Celle-ci prévoit un paiement supplémentaire à Apple de 0,5 euro pour chaque nouvelle installation de l’application au-delà du premier million et en fonction des gains générés par celle-ci.
Autrement dit, de ce que je comprends, Apple vient de s'assurer que tout éditeur qui pourraient utiliser la distribution web se retrouve dans des conditions telles qu'il devra obligatoirement payer la Core Technology Fee. J'aurais presque envie d'applaudir si cela n'était tout simplement pas abject.
[edit]
Je viens de trouver un bogue. Si on met de multiples citations, il n'y en a qu'une seule qui apparait. J'ai modifié le message en conséquence.
Modifié le 03/04/2024 à 21h41
Edit : ah ouai
Le 04/04/2024 à 11h17