TF1 a divisé son bénéfice par deux en 2016 et compte sur la publicité ciblée pour rebondir
Temps de cerveau à louer
Le 17 février 2017 à 08h50
7 min
Économie
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Le groupe TF1 a présenté hier matin ses résultats annuels devant ses investisseurs. La chaîne y note une légère amélioration de ses revenus, mais un bénéfice divisé par deux. De quoi l'inciter à lancer un plan d'économies pour tenter d'y remédier.
Malgré la tenue d'évènements de grande ampleur (comme l'Euro de football) qui ont drainé des audiences phénoménales, le groupe TF1 n'a pas fait de miracles en 2016. C'est en tout cas ce qu'il ressort des derniers comptes publiés par la filiale de Bouygues.
La télévision gratuite décline doucement
Sur l'ensemble de l'année, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 2,062 milliards d'euros, en progression de 2,9 % sur un an. Cette hausse, l'entreprise la doit principalement à sa branche « Studios et divertissements », regroupant la production de contenus (musique, films, jeux de plateau...) et des activités tierces comme Téléshopping, qui a vu ses revenus grimper de près de 50 %. Un score que TF1 explique par « la consolidation de Newen Studios depuis le 1er janvier 2016 ».
Pendant ce temps, les revenus tirés des « antennes gratuites » (TF1, TMC, NT1, HD1 et LCI) reculent et n'ont atteint que 1,517 milliard d'euros (- 3,3 % sur un an) dont 1,455 milliard proviennent de la publicité, un chiffre en baisse de 1 % par rapport à 2015. Le tout malgré des parts de marché qui restent stables, à 32,1 % en cumulant l'ensemble des chaînes.
Si les revenus ont légèrement progressé, le résultat net dégringole vitesse grand V. Sur l'ensemble de 2016, il s'établit à seulement 41,7 millions d'euros, contre 99,9 millions en 2015, soit un recul de 58,2 %, et même 137 millions en 2013. Il faut remonter à 1990 pour retrouver trace d'un bénéfice aussi faible pour la Une. Pour justifier ce net recul, TF1 évoque plusieurs éléments exceptionnels, qui au total lui auraient coûté près de 84 millions d'euros. Le recul des revenus issus de LCI, passé sur le spectre gratuit de la TNT, a lui aussi eu un impact sensible sur les résultats.
Parmi ces éléments, on retrouve des charges de restructuration (25,3 millions d'euros), l'amortissement du rachat de Newen (24,8 millions d'euros) et l'impact d'un décret sur « les parts de coproduction dans les programmes de fictions françaises », qui a lui seul compte pour 25,4 millions d'euros.
Des programmes de plus en plus onéreux
On apprend également que les coûts des programmes diffusés sur les chaînes gratuites sont en augmentation, à l'inverse des revenus publicitaires. En 2016, hors évènements sportifs, TF1 a déboursé 960,5 millions d'euros pour remplir les grilles de ses chaînes gratuites, soit 3,3 % de plus que l'an dernier.
Le budget des films a par exemple grimpé d'environ 9 % tandis que celui des programmes d'information a enflé de presque un tiers, atteignant 140 millions d'euros avec le passage de LCI sur la TNT gratuite. Pendant ce temps, les émissions de variétés, les jeux et les magazines ont dû composer avec un budget réduit de 5,6 % tandis que le coût des fictions, téléfilms et séries s'est érodé de 1,5 %.
Le redressement, c'est maintenant
Pour remonter la barre, TF1 compte s'appuyer sur un plan sobrement baptisé « Recover », dont l'objectif est de dégager 25 à 30 millions d'euros d'économies annuelles. Trois étapes sont envisagées : une réorganisation de l'entreprise qui devrait certainement s'accompagner de quelques coupes dans les effectifs, une meilleure optimisation des achats et une accélération de la « digitalisation » (sic) des activités.
Concernant les achats de contenus, TF1 veut moins de séries américaines, tout en s'efforçant quand même d'obtenir des droits étendus sur plusieurs chaînes et plateformes. Le récent rachat de Newen intervient quant à lui dans un but d'économies, en internalisant autant que possible la production de fictions, assurant ainsi une plus forte indépendance du groupe.
Mettre la pression sur les FAI
Une des autres pistes évoquées par TF1 concerne la « valorisation des services en France ». Depuis plusieurs mois, TF1 fait pression sur les opérateurs afin qu'ils adoptent un nouveau pack « TF1 Premium », qui leur permettrait de profiter plusieurs options telles que les chaines en 4K, un contrôle du direct, un service de rattrapage amélioré et un enregistreur numérique. Seulement, cette offre serait bien plus chère, TF1 espérant récolter ainsi 100 millions d'euros, dix fois plus qu'avec son offre standard.
Bien évidemment les opérateurs sont vent debout contre cette nouvelle politique, à l'exception logique de Bouygues Telecom qui appartient au même groupe expliquait Le Monde il y a quelques mois. Aujourd'hui, la Une a décidé de passer la seconde comme on peut le lire dans les colonnes de BFM Business. « Nous voulons aller jusqu'au bout et si cela devenait nécessaire aller jusqu'à se passer de diffusion du signal TF1 sur certaines plateformes » y clame Régis Ravanas, le directeur général adjoint chargé de la publicité du groupe.
Les contrats en vigueur entre la chaîne et les opérateurs devaient arriver à échéance en décembre dernier mais ont depuis été prolongés jusqu'à avril, le temps de boucler les négociations en cours. Pour faire plier les FAI (et les services du type Molotov), TF1 compte sur une arme secrète : un sondage estimant que « 64% des sondés changeraient d'opérateur si TF1 n'était plus dans l'offre ». Une affirmation qui oublie peut être un peu trop vite que la plupart des box des FAI disposent d'un tuner TNT permettant de capter les chaines du groupe.
À la conquête des internets
En plus de compter sur ses chaînes de télévision, TF1 espère croquer une bonne partie du marché de la publicité « digitale ». Pour ce faire, il compte s'appuyer sur ses plateformes maison, qui intègrent notamment le site MinuteBuzz dont le modèle économique s'appuie à « 100 % sur les contenus de marque sur les réseaux sociaux » et le MCN Studio 71 qui doit permettre à TF1 « d'accélérer le recrutement de talents et la monétisation des audiences sur YouTube ».
Si Newen est largement mis en avant dans la stratégie de TF1, sa filiale dédiée au web, Neweb (Cnet, Gamekult, Les Numériques...) se fait plus discrète dans la communication de la chaîne. Elle s'inscrit toutefois dans un « nouveau métier » du groupe : « informer et accompagner en toute intégrité les consommateurs et les entreprises dans leurs décisions d'achat ». L'ensemble des sites concernés regroupe 86 collaborateurs, est visité par 8,3 millions de personnes chaque mois et publie 2 000 tests de produits par an.
Données, donnez-moi...
Le groupe veut également s'appuyer sur son offre de télévision de rattrapage MyTF1 pour « amplifier la création de valeur » de ses audiences. L'idée est de tirer parti de la quantité de données laissées par les utilisateurs sur le service par le biais de sa connexion obligatoire. Plus de 1,3 milliard de vidéos ont ainsi été visionnées par les téléspectateurs par ce bias.
TF1 espère pouvoir proposer des inventaires publicitaires beaucoup plus ciblés et partagés entre plusieurs médias aux annonceurs, tout en monnayant les données récoltées par ce biais. Le groupe dispose d'ailleurs d'une empreinte assez importante dans le paysage publicitaire, déjà par sa position forte sur le marché de la télévision, mais aussi par sa présence sur le web (MinuteBuzz, Neweb, Twitch). De quoi croiser d'importantes quantités de précieuses données.
La trésorerie fond, pas les dividendes
On notera enfin que malgré les bénéfices dégagés, TF1 a vu sa trésorerie nettement se réduire en 2016, passant de 700 millions d'euros à seulement 419 millions. Ceci notamment en raison d'importants investissements d'exploitation ou dans des acquisitions (qui ont coûté 105 millions d'euros en 2016), mais aussi à cause du versement de dividendes significatifs.
En 2016, ils ont compté pour 58,6 millions d'euros, soit 1,33 fois le bénéfice enregistré, s'enorgueillit la chaîne. Cet argent n'est toutefois pas complètement perdu, puisqu'il retombe en grande partie dans les caisses de sa maison mère, Bouygues. Cette dernière publiera d'ailleurs ses résultats le 23 février prochain.
En bourse, l'action TF1 a bondi de 6 % à la suite de ces annonces, valorisant la chaîne à 2,2 milliards d'euros environ, soit 9 % de mieux qu'il y a un an, et 12,5 % de plus qu'au 1er janvier 2017.
TF1 a divisé son bénéfice par deux en 2016 et compte sur la publicité ciblée pour rebondir
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La télévision gratuite décline doucement
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Des programmes de plus en plus onéreux
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Le redressement, c'est maintenant
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Mettre la pression sur les FAI
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À la conquête des internets
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La trésorerie fond, pas les dividendes
Commentaires (43)
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Abonnez-vousLe 17/02/2017 à 10h19
c’est le même résultat pour le QI après 1h sur cette chaine… /2.
Le 17/02/2017 à 10h29
Un concurrent sans pub prendra alors sa place " />
Le 17/02/2017 à 10h31
pas grave on reviendra sur la TNT
Le 17/02/2017 à 10h33
Le 17/02/2017 à 10h34
Et d’après toi ça sera financé comment ?
C’est une vraie question…
Le 17/02/2017 à 11h06
”…une meilleure optimisation des achats et une accélération de la « digitalisation » (sic) des activités.”
Un groupe spécialisé dans la communication qui ne connait pas la différence entre “digital” et “numérique” mérite une réponse digitale :>" />
(la réponse “digitale” la plus célèbre reste celle de Linus Torvald)
Le 17/02/2017 à 11h24
Dans du béton?" />
Le 17/02/2017 à 11h53
comme dit dans l’article… quid des box avec tuner intégré ? ;-) eux ils s’en foutent ;-)
Le 17/02/2017 à 12h16
Le 17/02/2017 à 13h29
Une offre payante ? avec un “Paywall” en nombre de vidéos par jour vues ? Les comportements changent, peut-être que ce sera là une solution qui marchera. Voir l’article de Ploum.
Le 17/02/2017 à 14h35
« 64% des sondés changeraient d’opérateur si TF1 n’était plus dans l’offre »
Je connais un sondage qui va bientôt leur donner tord " />
Le 17/02/2017 à 14h51
Tu parlais des pubs intégrées dans les vidéos, donc si YouTube le met en place, un concurrent avec des pubs en dehors des vidéos (donc blocables) lui prendra son audience " />
Le 17/02/2017 à 15h43
faut bien faire vivre la maison mère " />
Le 17/02/2017 à 16h18
Le 17/02/2017 à 16h27
Le 17/02/2017 à 17h07
Après avoir regardé ce que faisait Youtube RED. Oui par exemple.
Le 17/02/2017 à 08h57
et ils veulent aussi faire raquer les FAI pour avoir le droit de diffuser leurs programmes " />
que cette boite coule et surtout leurs dirigeants " />
Le 17/02/2017 à 09h06
Le temps de cerveau disponible ça ne rapporte plus ?…
Le 17/02/2017 à 09h08
La conquête des millenials… comme Facebook en somme. Snapchat aura-t-il la peau de TF1 aussi ? " />
Le 17/02/2017 à 09h13
le groupe TF1, le groupe Figaro, NRJ group, etc, ont de beaux jours devant eux (à moins d’une banqueroute ou d’un scandale médiatico-financier ou de l’effondrement d’une bulle du marché publicitaire, rien n’arrêtera les princes de la consommation du divertissement).
Le 17/02/2017 à 09h16
Qu’ils fassent un bouquet TF1 (payant) avec toutes les chaines du groupe. Ensuite plusieurs solutions :
-Ceux qui ne regardaient déjà pas s’en foutent royalement
-Ceux qui regardent, pourront payer pour le bouquet ou rebrancher l’antenne
Le 17/02/2017 à 09h16
Ok, donc les recettes augmentent beaucoup mais le bénéfice diminue… Pas touche aux dividendes des actionnaires mais le public de la chaine ne doit pas donner que du temps de cerveau disponible ?
Ça serait bien de voir la réaction des opérateurs en en particulier Bouygues " />
Le 17/02/2017 à 09h17
J’aime cette solution…
Le 17/02/2017 à 09h18
Les povres bichounet, je les plaint sincèrement !!
Pour la publicité, je vois mal comment ils comptent faire : la seule solution de d’augmenter le prix par minute car au niveau temps, il dépassent les maximums imposé par la loi " />
(Sur youtube, quelqu’un a passé une journée devant TF1 pour compter … ca a du être une expérience traumatisante !!!!!)
Le 17/02/2017 à 09h21
bonne solution, sauf que depuis peu les FAI augmentent le tarif de leurs offres en incluant de plus en plus de chaînes (exemple récent des offres triplay avec TV by Canal chez Orange et Free et les offres SFR Play).
Le 17/02/2017 à 09h22
Je n’ai pas vu cette vidéo mais sinon il pouvait aussi enregistrer toute une journée et faire des avances rapides " /> A moins que ce ne soit une vidéo drôle où on le voit dépérir au fur et à mesure ?
Le 17/02/2017 à 09h35
C’est la faute à Christian " />
“le million, le million” " />
YouTube
Le 17/02/2017 à 09h41
Le 17/02/2017 à 09h43
Le 17/02/2017 à 09h43
Le 17/02/2017 à 09h48
Si on parle du point de vue opérateur y’a deux possibles problèmes :
Après est-ce que ce sont de menaces suffisantes et réels, j’ai pas fait d’étude de marché pour le savoir " />
Le 17/02/2017 à 10h01
Très bonne idée.
J’irai plus loin en faisant la même chose avec le groupe France Télévisions.
Le 17/02/2017 à 10h02
En même temps, depuis le temps que ça pendait au nez du groupe…
Parce que la trouzemillième rediffusion de films, séries, émissions sans intérêts et j’en passe, ça suffit.
Et le replay à la TF1, j’ai fais une fois et ça sera la dernière.
Une pub au début du programme et une pub au milieu du programme (!!!!!!!) !!!
Le 17/02/2017 à 10h05
Le 17/02/2017 à 10h14
Le 17/02/2017 à 17h16
Pour regarder quoi? Les feux de l’amour?
TF1 comme FTV se sont tous reposé sur leurs lauriers, a trop vouloir fidéliser une clientèle vieillissante, au bout d’un moment ils finissent par crever, et les jeunes eux sont deja habituer a regarde autre chose (internet, TNT, torrent :Kappa:)
Bref, del a 1 a la 6 c’est du has been
Le 17/02/2017 à 19h01
Le 17/02/2017 à 21h20
A combien s’élève les revenus totaux de TF1 ? Et quelle en est la part provenant de la publicité ?
Le 18/02/2017 à 06h40
Le 18/02/2017 à 08h28
Le 18/02/2017 à 09h07
Le 20/02/2017 à 09h05
J’pense aussi que l’avenir (lointain) est au dé-linéarisé, excepté pour quelques émissions type sport , informations, …
Du coup pour de nombreuses émissions, il faudra soit une box spécifique (ex : Cube-S) soit des applications directement au sein de la TV / Box /… D’où l’intérêt grandissant des box sous Android, qui permet aux développeurs de faire une appli qui marchera partout de manière identique, et dans un écosystème dont Google garanti que les utilisateur se boufferont de la pub.
Le 20/02/2017 à 09h14